ALD : l’Etat limite les transports !

Publié par jfl-seronet le 09.06.2011
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transport sanitaire
[Im]Patients, Chroniques et Associés s’oppose fermement à un récent décret qui vient de limiter considérablement le remboursement des transports sanitaires. D’ailleurs, certaines associations membres de ce collectif viennent de déposer un recours auprès du Conseil d’Etat pour obtenir l’annulation de ce décret. De quoi s’agit-il et qu’est ce qui est en jeu ? Seronet vous dit tout.
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Il suffit parfois d’une formule ironique… pour montrer la cruauté et l’absurdité d’une mesure. Celle retenue par [Im]Patients, Chroniques et Associés remplit parfaitement son office : "Pour vous soigner… Maintenant faites du stop !" Rien de mieux que ce raccourci frappant pour critiquer le nouveau décret pris par le gouvernement contre les personnes malades. Pour [Im]Patients, Chroniques et Associés et ses adhérents, ce décret est bel et bien un "frein à l’accès aux soins pour les personnes malades !"
"Jusqu’à présent, dès lors qu’une personne était reconnue en ALD (Affection longue durée), elle pouvait rejoindre un centre de soins quelle que soit la distance ou la fréquence des rendez-vous imposés par son traitement, rappelle [Im]Patients, Chroniques et Associés. La priorité était de mettre tout en œuvre pour soutenir la personne dans sa démarche de soin". Tout a changé avec un nouveau décret (n°2011-258) du 10 mars 2011. Désormais, les personnes malades, mais sans "déficience ou incapacité jugée sévère", n’auront plus leurs transports remboursés lorsqu’elles se rendront chez leur médecin ou centre de soins de proximité. L’association cite l’exemple d’une personne en ALD résidant à moins de 50 km de son centre de soins, qui s’y rend quatre fois par semaine et qui travaille à temps plein à 40 km de là…. Cette personne devra désormais mettre la main à son porte monnaie pour supporter tous les frais de transports. Un sacré progrès !
"Les personnes malades, des 'profiteuses' ?" s’interroge [Im]Patients, Chroniques et Associés. Evidemment l’association n’est pas de cet avis, mais dénonce ce qui semble manifestement une arrière-pensée des décideurs qui ont concocté cette savante mesure. "La lecture de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2011 nous permet d’apprécier le peu de considération que le gouvernement porte aux personnes malades, estime l’association. Une des fiches spécialement consacrées aux personnes en ALD indique les mesures qui permettront "d’éviter les dépenses injustifiées" parmi lesquelles celle "de ne plus prendre en charge systématiquement les dépenses de transports pour les patients en ALD lorsque leur état de santé ne le justifie pas. Il s’agit, avec cette mesure, de mettre fin aux nombreuses dépenses injustifiées constatées par les caisses d’Assurance maladie en matière de consommation de transports sanitaires". Sous entendu, les personnes malades en ALD seraient donc des mauvais "consommateurs" qui "abuseraient".
Bien évidemment, [Im]Patients, Chroniques et Associés conteste cette vision, surtout l’association note que les personnes en ALD "subissent dans leur vie quotidienne et professionnelle les conséquences de leur affection évolutive, la lourdeur des traitements, les effets secondaires, etc.". A cela s’ajoute une pression financière plus forte et un reste à charge plus élevé. "Depuis que le gouvernement a lancé son dispositif  "2011, année des patients et de leurs droits", les mesures prises ne font qu’augmenter nos frais médicaux : baisse de remboursement des médicaments à vignette bleue et des dispositifs médicaux, augmentation du forfait hospitalier à 18 euros par jour, limitation de la prise en charge des actes lourds et des transports sanitaires, etc. Le tout venant s’ajouter aux mesures des années précédentes : franchises médicales, participations forfaitaires, etc. Se soigner devient un luxe ! Serions-nous revenus au temps où la saignée soignait les maux ?", interroge [Im]Patients, Chroniques et Associés. L’association indique dans un communiqué (6 juin 2011) qu’elle soutient les associations, dont Amalyste, la FNATH, la FNAIR et le CISS, qui viennent de déposer un recours auprès du Conseil d'État pour demander l’annulation de ce décret. Pour l’association le message est clair : "Notre porte-monnaie est vide, pouvoir travailler et se soigner est un parcours du combattant, disposer de suffisamment de ressources pour se soigner devient un luxe… Face à toutes ces attaques, nous voulons maintenir le combat pour un accès aux soins pour tous et lutter contre l’exclusion des personnes fragilisées par la maladie".

Commentaires

Portrait de lounaa

la mort de la sécu et des assurances privés , d'ailleurs ils prennent toujours l'exemple des autres pays ( royaume uni, , allemagne , etc ...) un député voulais meme remettre en cause les ald ! à suivre ...
Portrait de lounaa

en remplacement bien sur ils veulent que l'on prenne des assurances priver ...sarko na pas dit son dernier mot , hélas, et il fait le contraire de obama
Portrait de communard2011

La solution ne réside-t-elle pas dans une implication plus forte des médecins généralistes traitants de proximité (par définition) dans notre prise en charge ? Médecins que les spécialistes vih, sauf exceptions - notamment à travers les quelques réseaux ville-hôpital réussis - ont toujours maintenu à la marge de notre prise en charge ?

Est-il vraiment toujours utile, pour un grand nombre d'entre nous, de nous rendre dans un service spécialisé lointain, tous les trois, quatre ou six mois pour nous entendre dire que "tout va bien" ?

Ne faut-il pas que les spécialistes vih consacrent leur temps précieux à ceux d'entre nous qui en ont le plus besoin plutôt que de n'accorder, sous la pression de l'acte, que dix minutes à tous ?

A moins que tout cela ne soit mû par des considérations liées notamment aux gains complémentaires que peuvent représenter les essais en tous genres dans lesquels nous sommes inclus, même sans le savoir...

Portrait de guppy

Où trouver des médecins généralistes compétents capables de suivre un patient vih ?
Portrait de Doume29

Pour la prescription de nos médocs, notre généraliste n'est pas habilité à le faire et je pense qu'il doit surement y avoir d'autres raisons.
Portrait de lounaa

pour qu'ils dident que tout va bien ou mal il faut bien faire des bilans , et les labos en ville ne font pas certains bilans souvent prescripts par le smit (service inféctieux et maladies tropicales , qui ont en principe notre prise en charge ...et puis c'est vrai que les généralistes hiv ? moi j'en ai jamais trouver ..;déja les infectiologues spécialiste sont parfois dépasser , alors les généralistes !? à moins que le gars soit vraiment brancher sur le vih et tout ce qui va avec ...autres pathologies liées au vih et au traitement ...
Portrait de frabro

Doume29 wrote:
Pour la prescription de nos médocs, notre généraliste n'est pas habilité à le faire et je pense qu'il doit surement y avoir d'autres raisons.

Seule la prescription initiale des anti rétroviraux doit être faite à l'hôpital, le renouvellement peut etre fait par le généraliste.

Le pb est plutôt qu'ils n'ont pas la formation nécessaire. 

La question des frais de transport est bien sur un frein pour ceux qui habitent loin du service hospitalier qu'il faut conserver même si l'on dipose d'un généraliste informé et compétent. 

Portrait de siddharta

Bonjour, Juste un mot pour dire que ce décret ne me choque pas.Je suis suivi à Paris pour le vih et le vhc et j'habite en Eure-et-Loir à 150km.Depuis 1990 je me suis toujours débrouillé pour aller à mes rendez-vous par mes propres moyens.C'est une histoire d'amour propre. La sécu nous paye déjà nos soins,nos traitements,et certains touchent en plus un salaire. Car l'aah plus les allocations logement équivalent à un salaire. Je pense que pour sauver notre formidable système de santé TOUT LE MONDE doit faire un effort.
Portrait de guppy

tous des efforts pour sauver notre système de santé, il y a peut être des abus mais ce n'est quand même pas une majorité.!
Portrait de aurore

Histoire d'amour propre. Suivie à 150 km de chez moi,Je me suis aussi toujours débrouillée par mes propres moyens - voiture perso- pendant 10 ans. Mais quand on a plus de voiture, pour x raisons, cela veut dire bus pour aller jusqu'à la gare, puis le train, puis le métro, puis le bus et vice versa pour le retour . C'est à dire partir à 7h pour rentrer à 20h environ. Euh cela fait beaucoup non? surtout quand la grande forme n'est pas là. Cela pour le vih, mais quand il faut reproduire cela pour d'autres pathologies, cela devient juste impossible. AAh plus Caf, équivaut à un salaire? Et bien à ce compte là pouquoi parler de précarité? Tout va bien dans le meilleur du monde. Bien amicalement
Portrait de communard2011

frabro wrote:

Seule la prescription initiale des anti rétroviraux doit être faite à l'hôpital, le renouvellement peut etre fait par le généraliste.

Le pb est plutôt qu'ils (les médecins généralistes) n'ont pas la formation nécessaire. 

C'est justement le coeur du problème. Or la plupart des services des maladies infectieuses sont  universitaires et ont donc aussi pour mission la formation des professionnels de santé et donc des généralistes volontaires. Cela existe déjà dans le cadre des réseaux Ville-hôpital. Il faut élargir le panel des généralistes impliqués dans la prise en charge des séropos. C'est de toute façon inéluctable compte tenu du fait que la file d'attente des patients grossit d'année en année et que dans le cadre de la RGPP et de la loi Hôpital, patients, santé et territoires, les moyens humains dans les services hospitaliers sont au mieux constants mais le plus souvent en diminution.

Portrait de jarrod

Il n'est pas nécessaire de faire la prescription initiale à l'hopital , mon médecin de ville comme d'autres peut faire cette prescription sans problème, donc inutile de se rendre dans un hopital..... et toutes les analyses peuvent etre faites dans des labos en ville......