Conférence de Kuala Lumpur : Appel pour une réforme sur les politiques globales des drogues

Publié par jfl-seronet le 12.11.2015
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La 24ème conférence internationale de réduction des risques (Harm reduction international conference), à Kuala Lumpur, en Malaisie s’est déroulée du 18 au 21 octobre dernier. Son thème ? Un appel au leadership, à la fois aux bailleurs, aux gouvernements, ou aux communautés. Nathalie Rose, plaideuse décentralisée à Coalition PLUS et chargée de plaidoyer à l’association Pils (Ile Maurice) a participé à cette conférence.

Des militants de Coalition PLUS et de certaines associations membres (AIDES, l’ALCS, Pils) ont participé à cette conférence. Il s’agissait notamment pour Coalition PLUS de profiter de cet événement pour échanger et mettre au point la stratégie de plaidoyer que la Coalition entend défendre à l’occasion de l’Ungass (United nation general assembly special session) sur les drogues en avril 2016. L’Ungass est la plus haute instance des Nations Unies, qui se réunit de manière ponctuelle, à la demande des Etats membres, si ces derniers identifient le besoin de discuter d’un enjeu global. Ainsi, les 193 Etats membres se réuniront en avril de 2016 à New York pour ce haut sommet consacré aux drogues. La dernière réunion de ce genre s’est déroulée il y a dix-huit ans et son slogan était alors : "Un monde sans drogues : Nous pouvons le faire".

Aujourd’hui, de plus en plus d’Etats membres et d’instances de l’Onu remettent en doute cette approche, et demandent une révision des politiques globales des drogues afin qu’elles soient plus centrées sur une approche de santé publique et de droits humains. Ce combat, la société civile le mène dans de très nombreux pays. Même si on ne doit pas sous estimer les réticences des Etats sur cette question, ni escompter des changements majeurs dans ce domaine à très court terme, cet événement en avril 2016 offrira un espace de dialogue au plus haut sommet de l’Onu sur ce sujet. Certains Etats membres devraient y remettre en question, de manière forte, le discours idéologique d’un "monde sans drogues", contester l’approche répressive autour des drogues, dénoncer ses conséquences sur la santé publique et les droits humains, et pousser pour des politiques plus humaines.

Coalition PLUS se propose de développer et faire adopter une déclaration non-unanime par un des Etats membres. Nous ne pensons pas pouvoir gagner des choses intéressantes dans la déclaration unanime qui sortira de la réunion de l’Onu en avril prochain. Elle sera sans doute une déclaration diplomatique faible, objet de trop de compromis, à cause de la présence d’Etats conservateurs, voire ultra conservateurs sur cette question. Ainsi, Coalition PLUS propose une stratégie différente bien connue des associations agissant au niveau de l’Onu : obtenir un texte plus fort, mais signé par un groupe de pays — ce qu’on appelle une "déclaration non-unanime". Ce genre de déclaration permet de marquer des points, de gagner du terrain dans la bataille idéologique au sein de l’Onu, de susciter un débat dans l’opinion.

La conférence internationale sur la RdR de Kuala Lumpur a donc permis aux représentants de Coalition PLUS de travailler à cette stratégie, de la présenter à quelques partenaires clés, afin d’avoir le maximum de soutien à cette démarche.

Avec cette échéance de l’Ungass sur les drogues l’année prochaine, plusieurs ateliers de la conférence de Kuala Lumpur ont été axés sur les politiques des drogues. Le thème principal de la plénière de la dernière journée était donc : "Le leadership dans la réforme des politiques des drogues". Cette session a vu la participation de Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Suisse, et membre de la Commission Globale sur la Politique des Drogues, ou encore celle du Dr. Carl Hart, neuropsychopharmacologiste et chercheur de l’Université de Columbia. Tous s’accordent à dire qu’il est primordial que nos politiques globales sur les drogues évoluent, afin de répondre aux problèmes créés justement par des politiques inadaptées qui conduisent à des atteintes aux droits humains, qui vont dans le sens contraire de la santé publique, qui produisent des injustices, qui entretiennent des discriminations notamment ethniques que subissent les personnes consommatrices. Le message était donc consistant et en lien avec l’approche de Coalition PLUS : La guerre anti-drogue a échoué. Il est temps pour tout le monde de le reconnaitre et de passer à quelque chose de plus juste et plus humain.