Conférence de Vienne (EASL) : l’ANRS a présenté de nouveaux résultats

Publié par jfl-seronet le 26.05.2015
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Thérapeutiquehépatite Cvhc

Outre les premières données d’efficacité en vie réelle des nouveaux traitements contre l’hépatite C, l’ANRS (agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales) a présenté à la conférence scientifique européenne EASL (1) qui s’est déroulée à Vienne, fin avril, d’autres résultats d’études. Passage en revue des principales annonces de l’ANRS.

Essai ANRS-Hepather : nouvelles données

VHC de génotype 4 : deux bithérapies efficaces
Chez les personnes infectées par le VHC de génotype 4 les nouveaux antiviraux présentent une très bonne efficacité. C’est le résultat indiqué par l’analyse des données de 82 personnes sous traitements dont 64 avaient un foie au stade de cirrhose. Ces personnes de la cohorte ANRS-Hepather ont été traitées par les bithérapies sofosbuvir + daclastavir ou sofosbuvir + simeprevir, combinées ou non à la ribavirine. En l’absence de cirrhose, une guérison a été obtenue chez toutes les personnes après trois mois de l’une ou l’autre des bithérapies. La combinaison de celles-ci avec la ribavirine a également permis de guérir toutes les personnes présentant une cirrhose après trois mois de traitement. Même s’ils demandent à être confirmés sur une population plus large de personnes atteintes du VHC, ces résultats sont très encourageants pour les personnes infectées par le VHC de génotype 4.

VHC de génotype 3 : premiers résultats d’efficacité
Jusqu’à présent, les options thérapeutiques étaient limitées pour les personnes infectées par le VHC de génotype 3. Des résultats préliminaires, en partie de la cohorte ANRS-Hepather, portant sur 106 personnes montrent un taux élevé de guérison avec la bithérapie sofosbuvir + daclatasvir, combinée ou non avec la ribavirine. Chez les personnes n’ayant pas de cirrhose, un traitement de trois mois apparaît suffisant. Une durée de traitement prolongée à six mois semble plus bénéfique chez les personnes présentant une cirrhose.

Des taux de guérison élevés avec le sofosbuvir
Le sofosbuvir (Sovaldi) est l’un des antiviraux à action directe (AAD) anti-VHC les plus prescrits chez les personnes incluses dans la cohorte ANRS-Hepather. Une analyse a été réalisée à partir des données de 619 personnes ayant commencé un traitement associant le sofosbuvir à un ou deux autres médicaments (PegInterferon, daclatasvir, simeprevir ou ribavirine). Il s’agissait de personnes traitées en priorité compte tenu de la gravité de leur hépatite. Les résultats confirment la bonne efficacité des associations à base de sofosbuvir, avec des taux de guérison compris entre 77 % et 100 %. 8,5 % seulement des personnes ont présenté des effets indésirables sérieux et uniquement 3 % ont interrompu prématurément leur traitement.

Patients inclus dans Hepather : des différences selon les génotypes
Les personnes porteuses d’une hépatite C chronique de génotype 3 présentent plus souvent une fibrose sévère ou une cirrhose que celles infectées par un VHC d’un autre génotype. C’est ce que confirme l’analyse comparée en fonction du génotype viral de 4 403 personnes incluses dans la cohorte ANRS-Hepather. Cette analyse indique également que les personnes infectées par les génotypes 3 et 4 sont plus jeunes et sont plus souvent des hommes. Enfin, la proportion de personnes encore jamais traitées pour leur hépatite est plus élevée parmi celles porteuses d’un génotype 2 ou 5.

Co-infections B et C : priorité à l’hépatite C
Chez les personnes infectées à la fois par les virus de l’hépatite B et de l’hépatite C, la priorité est de traiter l’hépatite C. La co-infection par le VHC a, en effet, un impact défavorable sur l’évolution de la fibrose tout en réduisant la réplication virale du VHB. A contrario, la co-infection par le VHB n’apparaît pas avoir d’influence sur la sévérité de l’hépatite C. Ces constatations sont issues de la comparaison, au sein de la cohorte ANRS-Hepather, des caractéristiques de 92 personnes co-infectées par le VHC et le VHB à celles de personnes mono-infectées.

Essai ANRS-Cupilt : nouvelles données

Premières données d’efficacité chez les personnes co-infectées VIH/VHC
Pour la première fois, des données sur l’efficacité des traitements à base de sofosbuvir chez des personnes transplantées du foie co-infectées par le VIH et le VHC sont présentées. Les analyses ont porté sur 16 personnes de la cohorte ANRS-Cupilt répondant à ces critères. Il s’agissait de personnes difficiles à soigner car elles avaient une récidive de leur hépatite C et dans certains cas une hépatite fibrosante cholestatique (1). Les résultats montrent une réelle efficacité ainsi qu’une bonne tolérance de ces traitements à base de sofosbuvir. 14 (87 %) personnes sont maintenant guéries avec une charge virale indétectable trois mois après l’arrêt du traitement, une seule personne a connu une reprise du virus à la fin du traitement.

(1) : La réinfection du greffon par le VHC survient très fréquemment chez les personnes ayant bénéficié d’une transplantation du foie du fait d’une hépatite C chronique. Cette réinfection est liée à la persistance de la réplication du VHC dans l’organisme. Dans de rares cas (2 % à 10 % des personnes transplantées), elle se traduit par la survenue d’une hépatite fibrosante cholestatique. Cette complication est associée à une détérioration rapide de la fonction hépatique mettant systématiquement en jeu le pronostic vital. Jusqu’à présent, les options thérapeutiques étaient limitées en dehors d’une nouvelle transplantation de foie.