Corruption : le Fonds mondial arrête les frais en Zambie

Cette décision (rendue publique le 16 juin) a été prise lors d'une réunion du Fonds mondial en avril dernier à Genève. Un rapport de l'organisme indique que ses enquêteurs n'ont pas pu garantir un bon usage de nouveaux versements car "les autorités nationales n'ont pas réussi pour l'instant à fournir des assurances sur une action adéquate contre la fraude sur des programmes du Fonds mondial", rapporte l'AFP. Le gouvernement zambien affirme ne pas avoir été informé de cette décision qui n'est pas une première. Les Philippines et la Mauritanie ont déjà été sanctionnées pour des raison identiques. Le Fonds est le principal donateur au secteur de la santé de la Zambie et la suspension de son aide devrait se faire sentir dans un pays où près de 230 000 personnes bénéficient de traitements contre le sida de sa part. Il est important de préciser que ces suspensions d'aide sont organisées de façon à ce que les personnes malades ne soient pas privées de traitements. Des mécanismes sont ainsi mis en place pour que l'aide médicale passe par des canaux différents ne permettant pas aux autorités mises en cause de se sucrer au passage en détournant de l'argent.
C'est ce qui a été proposé récemment à la République centrafricaine comme l'expliquait Jon Linden, un des responsables du Fonds mondial le 12 juin dernier dans le journal Le Monde.

"Après de nombreuses demandes de clarification de notre part restées sans effet, et après avoir alerté le Conseil national de lutte contre le sida et l'instance de coordination nationale [sur le problème de détournements], le Fonds mondial a décidé un gel des fonds en octobre 2009. Le pays a été informé qu'en cas de besoins urgents concernant les médicaments le Fonds mondial pouvait cependant procéder directement à des paiements aux différents fournisseurs afin d'éviter toute rupture dans les traitements (…) En janvier 2010, le Fonds mondial a été informé de ruptures de stock de médicaments. Une commande d'urgence devant couvrir au moins quatre mois de traitements a alors été immédiatement approuvée. Les médicaments étaient acheminés dans le pays une semaine plus tard (…) Le Fonds mondial rappelle avec la plus grande fermeté qu'il applique une tolérance zéro pour tout détournement de fonds, toute corruption ou mauvaise utilisation des fonds mis à sa disposition par les pays donateurs (…) Lorsque de telles pratiques sont révélées, les fonds alloués à un pays sont immédiatement suspendus et, s'il s'avère qu'il y a bien corruption, malversation, le remboursement de ces fonds est exigé".

Ce n'est pas la première fois que la Zambie est épinglée pour de telles dérives. Ainsi, l'an dernier, les Pays-Bas avaient suspendu une aide de 13 millions d'euros à la Zambie pour cause de corruption présumée.