Droit de réponse

Publié par le 06.04.2012
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Stéphane Minouflet, président de l’ASIGP-VIH répond à Jean-Marie Le Gall de l’association AIDES et co-investigateur de l’essai Ipergay.

A la suite de la publication de IPERGAY : AIDES répond aux détracteurs, une interview de Jean-Marie Le Gall de AIDES, le 29 mars, le président de l’ASIGP-VIH Stéphane Minouflet a dressé un droit de réponse. Le voici :

"En premier lieu et pour éviter toute confusion, contrairement à ce que prétend M. Le Gall, je ne suis pas gérant d’un établissement de sexe toulousain, mais simple employé dans un sauna gay toulousain et responsable de la prévention dans cet établissement. C’est d’ailleurs à ce titre que j’étais en contact avec les représentants régionaux de l’association AIDES concernant leur intervention dans l’établissement pour mettre en place le TROD (Test Rapide d’ Orientation au Diagnostic).
J’ai demandé, avec l’accord de ma direction, un engagement officiel de votre association à ne pas utiliser le TROD pour recruter des volontaires concernant l’essai Ipergay.
Cette demande a été faite début janvier et vos représentants dans notre région ne semblant pas être au courant devaient me tenir informé de la position nationale.
Nous devions également mettre en place des actions de prévention au sein de l’établissement. Depuis cette demande, qui pourtant me semble simple et ne requière pas 3 mois de réflexion, vos représentants ne sont jamais revenus, ne serait-ce que pour mettre en place les actions de prévention.
La politique de l’autruche est loin d’être adaptée pour la prévention. Quant à mon poste de Président de l’association, il n’est aucunement lié à mon poste de salarié dans cet établissement.   
Il semble M. Le Gall que vous ayez besoin que l’on vous rafraichisse la mémoire. Je suis allé dans un premier temps à la consultation qui était organisée par le TRT-5 à Toulouse en juin 2010. En guise de consultation, nous avons assisté à une publicité grandeur nature pour le Truvada® et pour le futur essai Ipergay.
Fort de cette expérience plutôt inédite, j’ai alors effectué différentes recherches sur les essais de Prep en cours ou les essais dont les résultats sont parus, résultats Prevagay et projet Ipergay.
J’ai ouvert le débat en mettant ces éléments à disposition des clients de l’établissement, recueillant leurs sentiments et leurs remarques.
Comme vous devez vous en souvenir j’ai remis un exemplaire du compte rendu de ses débats à Dr Jean-Michel Molina, Dr Gilles Pialoux et M. Delfraissy Directeur de l’ANRS. Vous osez dire que j’ai eu le temps de m’exprimer ! Le temps de s’exprimer doit être bien court dans votre association.
Alors que je commençais à transmettre à l’assemblée présente constituée du corps associatif et médical, le ressenti de cette fameuse communauté dont vous vous targuez défendre les intérêts, j’ai été interrompu par les huées de vos soutiens.
Je n’ai donc pas pu m’exprimer comme vous le dites si bien car semble t-il, vous n’avez pas souhaité entendre l’avis des personnes de la communauté. J’ai donc fini mon intervention par la phrase suivante « puisque ça vous emmerde je vais directement à la conclusion : personne ne veut de votre essai ».
Preuve en est puisque les volontaires ne se bousculent pas. Ce n’est ni vos attaques ni vos pressions constantes qui nous ferons changer de route. Ce n’est pas moi que vous touchez le plus  par vos attaques mais la majorité de la communauté qui est opposée a l’essai et que vous refusez d’entendre.
L’ASIGP-VIH a été créée parce que vous refusiez d’entendre des personnes à titre individuel. C’est dans cet objectif uniquement que des personnes de la communauté se sont rassemblées.  En faisant ainsi de l’attaque et du dénigrement vous ne faites que décrédibiliser votre association qui pourtant a joué et joue un rôle important dans la lutte contre le sida.
Pour en venir au fond du problème qui nous oppose, vous devriez savoir, mieux que quiconque, que la PrEP est une utopie et surtout un faire valoir pour une minorité de la communauté qui pratique le sexe sans préservatif. Vous savez comme moi que la PrEP sauvage existe déjà dans le milieu des barebakers (1) et ce type d’essai ne fait que légitimer cette pratique. Pour le reste de la communauté,  même dans la folle hypothèse ou les résultats de l’essai Ipergay seraient nettement supérieurs aux essais précédents comme Iprex (2), comment imaginer la mise en application de ce type de prévention ?
Alors que le laboratoire Gilead, propriétaire des brevets concernant le Truvada®, fait partie des laboratoires incriminés sur le sujet du « Patent Pool » pour l’accès à moindre coût aux traitements dans les pays du sud, un accès égalitaire à cette prévention n’est pas envisageable. Cela ne ferait qu’augmenter les différences sociales au sein d’une même communauté et au delà.
La boite de 30 cachets de Truvada® étant à 520,90€, ni l’assurance maladie et encore moins le laboratoire ne prendrait en charge le coût, jusqu’à preuve du contraire le préservatif n’est pas encore remboursé par la sécurité sociale.
La prévention renforcée a déjà fait ses preuves dans les essais précédents, vous le dites vous-même et vous confirmez que suite à un TPE le port du préservatif augmente, dans ce cas ne serait-il pas plus judicieux de mettre déjà en application ce qui marche avec certitude plutôt que d’attendre une énième confirmation. Le budget annoncé de 12 million d’euros aurait été un très bon début que votre association et d’autres très actives sur le terrain auraient largement pu utiliser en lançant cette stratégie de prévention renforcée.  
Enfin M. Le Gall, s’il y a bien une chose ou je partage votre avis, c’est sur les 5 dernières lignes de votre interviewe, et je serais ravis d’échanger avec vous sur d’autre possibilités pour relancer la prévention. Mais, de grâce, arrêtez de stigmatiser les gays en parlant de « ravage de l’épidémie ». Donnons au moins un peu d’espoir en disant que le nombre de contaminations annuelles chez les gays est stabilisé ces dernières années et qu’il faut continuer nos efforts pour faire comme les autres populations et diminuer ce nombre.
(1) Personne ayant majoritairement des rapports sexuels non protégés.
(2)  Iprex : moyenne de 44% de protection constatée avec le truvada
Vaccination des volontaire Hépatite A et B, malgré cela 13 cas confirmé Hépatite B et 48 indéterminés source : The new england journal of medecine    http://www.nejm.org/doi/pdf/10.1056/NEJMoa1011205".