EDVIGE : c'est pas fini !

Publié par olivier-seronet le 12.09.2008
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Paroles, paroles… le Collectif "Non à EDVIGE" ne croit pas les promesses du gouvernement et les annonces contradictoires. Il exige le "retrait du décret" qui a créé ce fichier en juillet dernier. Il en fait même un préalable "à l'ouverture d'un débat parlementaire sur le respect des libertés publiques". Explications.
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Le gouvernement rêvait sans doute d'une rentrée plus calme. C'est raté avec la polémique sur le fichier EDVIGE qui tourne désormais au cauchemar. Rarement l'opposition à une mesure sécuritaire aura été aussi large dans l'opinion publique. Aujourd'hui, EDVIGE n'est plus vendable. Qui peut en effet comprendre qu'il soit nécessaire de collecter des informations personnelles sur l'orientation sexuelle ou l'état de santé des personnes pour assurer le maintien de l'ordre dans le pays ?


Nicolas Sarkozy l'a bien compris d'où son annonce d'une vaste concertation avec "des personnes qualifiées" pour prendre  des "décisions pour protéger les libertés». Une loi est même envisagée. Le problème, c'est que tout cela ne va pas être simple. Par exemple, le ministère de l'Intérieur veut bien parler avec des opposants à EDVIGE, mais il entend le faire avec ceux qu'il juge fréquentables. Michèle Alliot-Maire, la ministre de l'Intérieur veut bien discuter avec la patronne du Medef Laurence Parisot ou François Chérèque de la CFDT, mais pas avec les "ultras". En gros, la plupart des organisations qui ont déposé un recours devant le Conseil d'Etat contre EDVIGE. Ça risque de coincer.

Autre exemple, le gouvernement serait prêt à lâcher du lest (c'est l'objet même de la "concertation"), mais n'entend pas abandonner son projet, ni son idée de ficher les mineurs. L'UMP y tient, en effet, beaucoup. C'est du moins ce que laisse entendre Frédéric Lefebvre, porte-parole du parti majoritaire : "Que ceux qui espèrent en profiter (...) pour remettre en cause le fichage des mineurs ayant troublé l'ordre public et donc affaiblir les moyens de lutte contre les nouvelles formes de délinquance, n'aient pas de doute sur la détermination de la majorité à maintenir les avancées d'EDVIGE".  En revanche, des concessions pourraient être faites sur d'autres points. "Il faut clarifier deux points sur la santé et l'orientation sexuelle [des personnes fichées] (…) qui n'ont rien à faire dans un tel fichier", indique t-il.

De leur côté, les opposants à EDVIGE sont sur une autre ligne. Ils réclament, non pas un aménagement du décret, mais son "retrait" définitif. "Le retrait du décret est un préalable à l'ouverture d'un débat parlementaire sur le respect des libertés publiques (....). Il est plus que temps que les citoyens, par l'intermédiaire de leurs représentants, reprennent leur place dans une discussion qui n'aurait jamais dû leur échapper". Si le décret n'est pas retiré d'ici là, les organisations appellent les citoyens à fêter la Sainte Edvige le 16 octobre "en se rassemblant à Paris et en régions pour faciliter le travail de la police et déposer leur propre fiche individuelle de renseignement auprès des services concernés, afin de démontrer que l'absurdité sécuritaire aboutit, peu ou prou, à ficher toute la population", poursuit le texte avant d'appeler à "amplifier la mobilisation".

Dans l'attente d'une décision du Conseil d'Etat (où une trentaine de recours contre le fichier ont été déposés), la mobilisation reste d'actualité.


L'appel "Non à Edvige" a recueilli plus de 142 000 signatures, dont 833 d'organisations, syndicats, collectifs et partis politiques. On peut encore la signer sur : http://nonaedvige.ras.eu.org/