Et Dieu dans tout ça ?

Publié par Costa le 28.08.2008
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La religion constitue-t-elle un obstacle à la prévention du VIH ? Oui, mais les choses évoluent à en croire une session consacrée au sujet lors de la Conférence internationale de Mexico.
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Selon l'Onusida, 70% des populations dans le monde s'identifient actuellement à une communauté religieuse, ce qui leur confère une position privilégiée pour influencer les comportements et les attitudes de ces mêmes populations. Des religions qui, d'après l'agence onusienne, jouent un rôle important dans la prise en charge des personnes atteintes. En effet, les organisation confessionnelles assuraient en 2007 jusqu'à 40% de l'ensemble des services de soins et de traitement en Zambie ou au Lesotho et prenaient en charge 30 à 70% de toutes les infrastructures sanitaires à travers le continent africain.

La fin des temps
Mais comme l'a fait remarqué l'universitaire australien Richard Eves, "lorsque l'on en vient à la prévention, de nombreux leaders religieux continuent à prêcher que le sida est une conséquence de la sexualité et du partenariat multiple. D'autres parlent du sida avec des mots apocalyptiques - ils le voient comme un signe de la fin des temps." Des leaders religieux qui ont également contribué à la stigmatisation des personnes atteintes ou des minorités sexuelles comme l'a pour sa part expliqué Gabriela Rodriguez du Conseil national mexicain de la population. "L'Église, et en particulier l'Église catholique, a développé des normes sexuelles qui considèrent le corps comme un objet sacré et voient la sexualité comme étant impure", a-t-elle ainsi déclaré en soulignant que l'Église avait également tendance à ignorer la réalité de la sexualité des adolescents malgré leur risque élevé de contracter le virus dans de nombreuses parties du monde.

Religion et raison d'État
Outre leur influence directe sur les personnes, les idéaux religieux sont par ailleurs souvent détournés par des leaders politiques soucieux de conforter leur influence au détriment de la lutte contre le sida. À l'image du gouvernement américain et du Pepfar (President's Emergency Plan for AIDS Relief), son plan d'aide d'urgence à la lutte contre le sida à l'étranger, qui préfère financer des programmes faisant la promotion de l'abstinence et de la fidélité plutôt que celle de l'utilisation du préservatif. Dans de nombreux pays, la religion a de même influencé la politique à l'égard de l'homosexualité comme, par exemple, en Inde où elle a finalement été criminalisée sous Mughal et les Britanniques alors que les Hindouistes prônaient jusque-là l'ouverture sexuelle. Résulat, selon Ashok Row Kavi, un activiste gay indien : "Des groupes tels que les hommes ayant des relations avec des hommes ont été écartés de la lutte contre le sida." Pour Gabriela Rodriguez, il doit donc y avoir "une séparation entre l'église et l'État" et "l'État ne devrait pas se mêler de questions religieuses".

Garder la foi
Mais tout n'est - heureusement - pas figé et un peu partout dans le monde, des autorités religieuses participent désormais activement à la lutte contre le sida. Comme en Inde où les leaders hindous évoquent le VIH dans leurs discours, rites et festivals, au Pakistan, en Somalie ou au Soudan où les érudits musulmans en parlent dans leurs sermons, tandis que certains responsables chrétiens abordent plus ouvertement les questions liées à la sexualité. Quant au Congrès américain, il a récemment reconduit le Pepfar en retirant l'obligation de consacrer au moins un tiers des fonds destinés aux programmes de prévention à la promotion de l'abstinence.
Reste donc à garder la foi...

source : IrinNews

Crédit photos : Peter John Chen  et Jacek.NL