Et les femmes, dans tout ça ?

Publié par olivier-seronet le 29.08.2008
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Et si la circoncision était un pari risqué pour les femmes ? Les militantes en ont débattu lors de la conférence internationale sur le sida de Mexico.
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La circoncision comme outil de réduction des risques a été, une nouvelle fois, discutée lors de la Conférence internationale sur le sida de Mexico. Des chercheurs et militants ont d'ailleurs réclamé aux financeurs comme aux gouvernements la mise en place de programmes de circoncision. Depuis 2007, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'ONUSIDA ont approuvé l'utilisation de la circoncision en tant que stratégie de prévention du VIH, après des études menées au Kenya et en Afrique du Sud qui montraient que la circoncision pouvait réduire de façon très importante le risque d'infection. Pour autant, les deux agences officielles indiquaient qu'elles n'avaient pas suffisamment d'informations sur la capacité de la circoncision à réduire la transmission sexuelle du VIH des hommes aux femmes. En effet, si la circoncision diminue le risque pour l'homme, quelle va être son impact sur les femmes ? "Du point de vue de la santé publique, on nous dit qu'une protection à 60 pour cent [pour les hommes circoncis] est bien mieux que rien. Mais est-ce que la circoncision est assez bonne pour les femmes ?", se demande Marge Berer, journaliste à la revue londonienne Reproductive Health Matters, interrogée par le site Irin/New Plus.

Lors de la conférence de Mexico, plusieurs études ont été présentées. Elles indiquent, entre autres, que les hommes circoncis ont davantage de plaisir dans les rapports ou qu'ils mettent plus facilement des préservatifs. Bref, un ensemble de communications qui a fait sortir de ses gonds une militante, citée par le site Irin/Plus News : "Tout ce que j'entends, ce sont les avantages pour les hommes, la satisfaction sexuelle des hommes (...) Et les femmes, dans tout ça ? En quoi sont-elles concernées ?"

A cette question, un chercheur de l'ONUSIDA, Nicolai Lohse, réponds que les modèles mathématiques montrent un bénéfice de la circoncision pour les femmes, parce que, par exemple, il y aurait alors moins d'hommes séropositifs au sein de la population. Ainsi si la moitié des hommes d'une population étaient circoncis, le risque de transmission du VIH aux femmes diminuerait de 20 pour cent. Un taux de circoncision plus faible de la population masculine a par contre moins d'impact sur la transmission homme-femme. Et si en même temps le préservatif est beaucoup moins utilisé (diminution de son usage de 2/3), l'avantage de la circoncision serait annulé.

Les avantages potentiels de la circoncision constituent donc "un pari bien trop risqué" pour les femmes, avance Marge Berer. "Nous devons soutenir ces programmes. Je ne pense pas que nous ayons le choix. Mais on pourrait très bien soutenir que ces programmes ont une responsabilité envers les femmes", a-t-elle déclaré en appelant à élargir "le champ d'action des campagnes pour y inclure les couples, et pas uniquement les hommes." "Personne ne va dérouler le tapis rouge aux femmes pour les faire intervenir sur la question de la circoncision (...) c'est aux femmes de cesser d'être des victimes », a ajouté Marge Berer. Et donc de se mobiliser sur la question.
Plus d'infos sur http://www.irinnews.org/fr

C'rédit photo : oskay