Grèce : les travailleuses du sexe victimes de la crise
"Depuis le début de l'année 2011, la Grèce connaît une propagation sans précédent du VIH parmi les personnes qui consomment des drogues par voie intraveineuse. Dans le centre d'Athènes, l'incidence du sida a augmenté de 1 500 % au terme de 2011. Lors des années précédentes, le taux d'infection par le VIH à Athènes a été très faible, de 10 à 15 cas par an", peut-on lire dans un communiqué de presse diffusé par le ministère de la santé cité par le site d’infos Rianovosti (5 mai 2012). Le ministère reconnaît aujourd’hui que cette situation est la conséquence de la politique sanitaire conduite ces dernières années. Par exemple, les restrictions financières qui ont conduit à distribuer en trop faible nombre des seringues stériles aux consommateurs de produits par injection. Autre décision, la fermeture, là encore pour raison budgétaire, des centres médicaux spécialisés destinés à accueillir les personnes consommatrices. Ces dernières, précise le site, sont désormais prises en charge par les hôpitaux publics… qui, eux-mêmes, sont victimes de réductions budgétaires drastiques.
Mais le ministère ne se contente pas de cette forme de mea culpa, il met en avant le fait que certains groupes seraient susceptibles de transmettre le virus à de nombreuses personnes. Dans la ligne de mire surtout les travailleuses du sexe séropositives et, parfois, consommatrices de produits. De son côté, la police grecque a procédé à de nombreuses arrestations de travailleuses du sexe. Le 4 mai, 16 d’entre elles sont mises en détention provisoire et, selon l’AFP, inculpées en tant que porteuses du virus du sida et de tentatives de lésions corporelles graves. Ces travailleuses du sexe grecques et étrangères qui sont séropositives ont fait l’objet de "contrôles sanitaires inopinés" dans les maisons closes et lieux de prostitution de la capitale grecque où elles travaillaient. Cette inspection, rappelle l’AFP, a été lancée après la découverte, fin avril 2012, du cas d'une jeune prostituée russe séropositive de 22 ans, également écrouée début mai. Au mépris des droits, la police a jugé bon de faire publier leurs portraits. Ces travailleuses du sexe ont reçu le "soutien de plusieurs dizaines de militants d'organisations de soutien aux séropositifs", indique "Le Monde" (4 mai). "Elles doivent être traitées comme des malades, pas comme des criminelles", ont notamment crié ces manifestants. De son côté, la police grecque a placé (5 mai) en garde à vue six nouvelles travailleuses du sexe dépistées séropositives. Les six femmes, des Grecques, ont été déférées en flagrant délit devant un juge d'instruction pour "tentatives de lésions corporelles graves". Du côté du ministère de la Santé, on a justifié la publication des photos et les contrôles sanitaires au nom de la santé publique. Les services sanitaires grecs ont d’ailleurs mis à la disposition des clients potentiels, des centres d'appel auxquels plus de deux mille hommes se sont déjà adressés, indique l’AFP. Ah oui, le ministre de la Santé, Andréas Loverdos, s’est tout de même rappelé qu’il existait des clients. Il s’en est "pris aux clients qui refusent d'utiliser un préservatif".
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Commentaires
Merci pour ce temoignage
on peut signer une pétition si on veut
mince pas sûre du lien
vous ne pensez rien?
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