HALDE : ça sent le sapin ?

Publié par jfl-seronet le 25.11.2010
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Critiquée pour son train de vie dispendieux, régulièrement étrillée par les députés de droite, menacée de disparition par l'extrême droite, fragilisée par le départ de sa récente présidente attirée par un poste ministériel, le moins que l'on puisse dire, c'est que la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'Egalité vit des jours difficiles. Et ce d'autant plus, qu'il est acquis, que cette autorité indépendante sera placée dans le gigantesque fourre-tout du futur Défenseur des droits. Explications.

Un petit tour et puis s'en va
L'ancienne présidente de la Halde Jeannette Bougrab ne sera restée que quelques mois. Elle a préféré faire carrière ailleurs (devenir secrétaire d'Etat à la Jeunesse et la vie associative) que de rester à un poste certes moins gratifiant, mais pourtant plus intéressant, a fortiori pour une juriste comme elle. C'est sans doute le passage de la Halde sous l'autorité du futur Défenseur des droits (on parle de Bernard Kouchner pour le poste) qui a douché son enthousiasme. Quoi qu'il en soit cette décision qui intervient dans un contexte guère favorable à la Halde affaiblit l'institution.

Les cordons de la bourse

La Hale est très critiquée pour son train de vue (loyer ruineux de ses locaux par exemple) et ne s'est engagée dans aucune mesure permettant de mieux employer ses fonds. Du coup, après des menaces de restriction financière (principalement de la part de députés à droite), la menace a été mise à exécution. Le gel du budget de la Halde a été adopté à l'Assemblée Nationale en séance publique dans le cadre du projet de budget pour 2011. "La Halde devra donc faire un peu mieux avec autant", s'est félicité dans un communiqué, cité par l'AFP, le député UMP Richard Maillé, grand pourfendeur de l'institution et auteur de l'amendement prévoyant ce gel. "Comme l'année dernière, la Halde nous demande pour 2011 une nouvelle augmentation de 344 000 euros, ce qui ferait passer son budget au-dessus de la barre des 13 millions d'euros, soit plus que celui du Médiateur de la République", avait déploré Richard Mallié lors des débats, évoquant "le train de vie de la Halde toujours exceptionnel". "L'année dernière, nous nous étions penchés sur ces dépenses exorbitantes, mais depuis rien n'a changé", avait-il dit. Cette fois, la Halde n'aura pas le choix et devra sans doute limiter son implantation régionale ou se résoudre à quitter le 7ème arrondissement et ses locaux cossus.

La boîte noire de l'extrême droite
Toute en nuances comme à son habitude, Marine Le Pen, vice-présidente du Front national (FN), qualifié (16 novembre) la Halde de "structure politique et totalitaire". Elle a même fait un parallèle avec la Chine et la Corée du nord, dans un "chat" destiné aux sympathisants du FN. A propos de la Halde, l'élue d'extrême droite écrit : "Quant à la Halde, il faut que ça disparaisse (...) Cette structure dans sa nature même est une structure politique et totalitaire". Elle y va même de sa petite anecdote en affirmant avoir "eu un témoignage d'un chef d'entreprise qui, bien que la plainte contre lui pour discrimination ait été classée sans suite par le parquet, a été entendu sept heures par la Halde, sans boire ni manger". "C'est pas la peine de donner des grandes leçons sur la Chine, sur la Corée du Nord ou sur feu l'Union soviétique pour voir ce genre de choses se dérouler dans notre pays : c'est un véritable scandale", a-t-elle conclu.  C'est un grand au dessus des attaques de l'UMP par exemple celles du député Christian Vanneste, mais cela contribue à faire de la Halde une structure illégitime, ce qu'elle n'est pourtant pas. En témoignent les nombreuses et réelles avancées obtenues depuis la création de cette institution par Jacques Chirac.

SOS Halde
Dans ce contexte qui commence à être aussi enjoué qu'un requiem, on peut noter l'initiative de la Coordination SOS La Halde. Cette Coordination a lancé un appel pour que la Halde "reste une institution indépendante, identifiée par le public, administrativement et budgétairement autonome et gérée comme telle." Cet appel critique le placement de la Halde "sous l'autorité tutélaire du Défenseur des droits. "Au moment même où les pratiques discriminantes apparaissent au grand jour contre les "voyageurs" et les Roms qu'ils soient de nationalité française ou ressortissants de l'Union européenne (.) Au moment où à l'occasion du débat sur les retraites l'inégalité de traitement que subissent massivement les femmes (.) est révélée à toutes les personnes de bonne foi. Ce projet (.) ne peut que rencontrer l'opposition résolue des signataires [de cet appel]". On compte parmi eux : la Cimade, la FNATH,  OUTrans, SOS Racisme, l'Inter-LGBT, la FSU, l'UNSA, le Syndicat de la Magistrature, celui des Avocats de France, etc.
Plus d'infos sur http://www.halde.fr/