Hépatite C : Feu vert européen pour le siméprévir (Olysio)

Publié par Renaud Persiaux le 21.03.2014
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ThérapeutiquesiméprévirOlysiovhchépatite C

Le panel de nouveaux traitements contre le virus de l’hépatite C s’élargit. L’Agence européenne du médicament vient de donner (20 mars) un avis positif pour l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du siméprévir (nom de marque Olysio), dans le traitement de l’hépatite C, en combinaison avec d’autres agents. Cette AMM devrait être accordée en mai prochain.

Un médicament efficace contre les génotypes 1 et 4

Le siméprévir (Olysio) est un agent anti-viral direct (AVD), c’est-à-dire qu’il agit directement sur le VHC, en bloquant une étape de son cycle de réplication. Plus précisément, il inhibe une enzyme, la protéase. Il s’agit d’une anti-protéase de 2e génération, par opposition aux antiprotéases de 1ère génération déjà commercialisées, le télaprévir (Incivo) et le bocéprévir (Victrelis).

Il n’est pas actif sur tous les génotypes de VHC, mais uniquement sur les génotypes 1 et 4.

Développé par le laboratoire Janssen, il se prend en 1 comprimé par jour (150 mg/j) avec de la nourriture.

Comment s’utilise-t-il ?

Olysio est indiqué dans le traitement de l’hépatite C, combiné avec d’autres médicaments anti-VHC. Les schémas de traitement dépendent de la situation de chaque personne et de son génotype.

Olysio peut être utilisé en trithérapie avec de l’interféron et de la ribavirine.

Mais, surtout, il peut permettre de concevoir des traitements sans interféron, notamment en le combinant avec Sovaldi (sofosbuvir) pendant 12 semaines, évidemment beaucoup mieux tolérés que les traitements avec interféron.

Quelles sont les interactions et les effets indésirables ?

On peut noter :

- Médicaments anti-VIH : seuls sont autorisés les nucléosides (dont Truvada, Kivexa, Combivir), la rilpivirine (Edurant ou Eviplera), le raltégravir (Isentress, une anti-intégrase) et le maraviroc (Celsentri, un anti-CCR5).
- Traitements de substitution aux opiacées : naloxone, buprénorphine (Subutex) et méthadone sont autorisés.
- Immunosuppresseurs : autorisés avec des précautions pour la ciclosporine.
-  Produits à base de millepertuis (dépressions modérées et troubles de l'humeur) : contrindiqués.

Si Olysio est bien mieux toléré que les antiprotéases de 1ère génération, il n’est pas dénué d’effets indésirables. Les effets indésirables les plus fréquents (plus de 5 % des personnes) relevés à ce jour par l’Agence européenne du médicaments sont la nausée, les rash (éruptions cutanées), le prurit (sensation de picotement irritant qui donne envie de se gratter), les dyspnées (difficultés respiratoires), des augmentations du taux de bilirubine dans le sang et des réactions de photosensibilité.

On doit évidemment en discuter avec son médecin, et pour connaître les autres interactions et effets indésirables, on peut se référer au RCP (résumé des caractéristiques du produit).

Le médicament est-il déjà disponible ?

Oui, uniquement dans le cadre des autorisations temporaires d’utilisation (ATU).

Peuvent bénéficier d’Olysio dans ce cadre les personnes sans alternative thérapeutique, co-infectées par le VIH ou pas, présentant un VHC de génotype 1 ou de génotype 4, et avec :

- une maladie hépatique avancée : fibrose F3 ou F4 ;
- ou au moins une manifestation extra-hépatique sévère (problème de santé associé au VHC se manifestant ailleurs qu’au foie) ;

Précision sur le génotype 1a : l’utilisation du siméprévir dans le cadre de l’ATU est possible mais conditionnée à l’absence documentée de certaines résistances.

Plus de détails sur l’ATU (dont la mise en œuvre est en cours).

Que va-t-il se passer après l’AMM ?

Normalement, un médicament n’est disponible qu’après la fixation du prix de remboursement par l’Assurance maladie (entre 7 et 12 mois après l’AMM). Pour Olysio, la situation est un peu particulière - et complexe - car le médicament aura déjà été disponible en ATU. Elle est aussi sensible en raison du prix élevé de ce traitement.

Peu après que l’AMM aura été accordée (courant mai), l’ATU sera close, mais la fourniture du médicament perdurera pour toutes les personnes rentrant dans les critères des ATU, avec prise en charge par l’Assurance maladie. Le médicament sera disponible en pharmacie hospitalière.

En juin, un avis de la Haute autorité de santé (HAS) permettra de déterminer si d’autres groupes de personnes justifient d’un accès au médicament et de son remboursement : il s’agira des personnes qui n’ont pas d’alternatives thérapeutiques remboursées ou qui sont en échec ou qui ont une contre-indication à ces alternatives.

En clair, toute personne qui aura déjà tenté, sans succès, un traitement avec interféron + ribavirine (ou avec interféron + ribavirine + Victrelis ou Incivo), ou présentant une contrindication à un de ces traitements, devrait pouvoir bénéficier de la prise en charge par l’Assurance maladie, quel que soit le degré d’évolution de sa maladie (et si, évidemment son médecin juge que le démarrage d’un traitement est nécessaire).

Ce n’est, en théorie, qu’après la fixation du prix de remboursement par l’Assurance maladie, qui ne devrait pas avoir lieu avant la fin 2014-début 2015, après négociations avec le comité économique des produits de santé, que la prise en charge deviendra possible pour les autres personnes.

Quel est le prix ?

Actuellement, le prix ATU exigé par le laboratoire Janssen est de 11 666 euros pour 4 semaines (soit 35 000 euros pour un traitement de 12 semaines). Ce prix restera valable jusqu’à la fixation du prix définitif du médicament. Selon la loi, le laboratoire devra reverser aux pouvoirs publics le trop perçu correspondant à la différence entre le prix ATU et le prix définitif.