IVG et VIH : le dérapage du ministère français de la Santé

Publié par jfl-seronet le 25.09.2008
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Les autorités sanitaires françaises sèment la panique en lançant une alerte concernant un médecin espagnol séropositif qui pratiquait des interruptions volontaires de grossesse. Ce dérapage suscite une polémique. AIDES réagit à cette dérive alarmante.

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"Il pratiquait des IVG avec le VIH", titrait, il y a peu, le Journal du Dimanche sur son site Internet. Un titre choc construit comme celui d'un fait divers : "Il pratiquait des IVG ivre
mort !" Une belle connerie et une belle saloperie qui font, hélas, logiquement suite au lancement, le 23 septembre, par la Direction générale de la Santé, et l'accord du ministère de la Santé, d'une "alerte à l'adresse de plusieurs centaines de patientes ayant subi des avortements dans quatre cliniques de Barcelone jusqu'au mois de novembre 2007, où aurait exercé un médecin porteur du virus du sida." Les autorités sanitaires françaises recommandent alors aux personnes ayant eu recours à des actes médico-chirurgicaux dans ces cliniques de consulter leur médecin traitant, qui pourra le cas échéant leur prescrire un test de dépistage. Panique donc et un message clair : faites un test en vitesse !
Le ministère français rappelle néanmoins que "d'après les données scientifiques disponibles, le risque de transmission du VIH du professionnel de santé au patient peut être considéré comme faible". Ce n'est pas l'avis des autorités sanitaires catalanes (région de Barcelone) qui, informées de la situation de ce médecin, estiment qu'il n'y a "pas de risque de contamination" pour ses patientes.


Rappelons que le médecin utilise pour les avortements une technique qui, selon les autorités espagnoles, "n'expose pas à un contact de sang à sang" entre le médecin et la patiente. Bref, les autorités françaises ont déconné ferme. "Un médecin séropositif pourra-t-il encore exercer sa profession en France ?" demande AIDES, dans un communiqué de presse du 25 septembre. Une bonne question au moment où le dérapage des autorités françaises laisse entendre, assez clairement, que la séropositivité serait incompatible avec l'exercice de professions médicales.


Est-ce à dire qu'un médecin séropositif ou qu'une infirmière séropositive doivent obligatoirement le déclarer ? Qu'ils doivent changer de métier ? Est- ce message là que la DGS veut faire passer ?


Dans son communiqué, AIDES se dit "très choquée par la prise de position du ministère de la Santé français car, au nom d'un soi-disant principe de précaution, elle ne respecte pas le secret du statut sérologique, remettant ainsi en cause ce droit fondamental.". De plus, comme le souligne l'association, cette "alerte représente une grave désinformation sur les risques de contamination entre médecin et patient" qui sont nuls lorsque les protocoles sanitaires, le port des gants par exemple, sont respectés. "Outre la diffusion de mauvaises informations sur la transmission du virus, cette annonce encourage la discrimination des personnes séropositives : Un médecin séropositif pourra-t-il encore exercer sa profession en France ? La prochaine étape serait-elle des restrictions sur toutes les autres catégories professionnelles ?", conclut AIDES.
On attend la réponse du ministère de la Santé ?
Crédit photo "Fire alert": Lioil

Commentaires

Portrait de micheltlse

Merci pour ce commentaire explicite et la position très clairement retranscrite. Il faut redoubler de vigilence pour lutter contre l'ignorance qu'une telle alerte, par ailleurs stigmatisante pour les personnes supposément concernées, peut encore alimenter auprès du plus grand nombre sans compter les eaux troulbes où peuvent entrainer la proxiomité "sanguinaire" de l'IVG et du SIDA .. merci aussi de relancer sans cesse le ministère qui se doit en effet de s'expliquer...