La France au G8 : la honte !

Publié par Costa le 10.07.2008
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G8
Évidemment lorsqu'on se rend à un rendez-vous important en traînant les pieds, il n'est pas étonnant qu'on n'obtienne pas de résultats. C'est, hélas, ce qui s'est produit lors du dernier G8 au Japon dont un des objectifs était rien moins que la mise en place d'échéances fermes permettant d'assurer l'accès universel aux traitements contre le sida en 2010. Un enjeu majeur pour bien des personnes et bien des pays, notamment en Afrique.

Il faut dire que tout avait mal commencé avec l'annulation de la rencontre entre le président de la République et les associations de lutte contre le sida, le 4 juillet. La raison ? La libération d'Ingrid Betancourt. Au Japon, la situation ne s'est pas améliorée puisque Nicolas Sarkozy a refusé de rencontrer les associations françaises présentes à Toyako où se déroulait le G8. Cet entretien était très attendu par Aides qui souhaitait interpeller Nicolas Sarkozy sur les manquements de la France à ses engagements sur le financement de la lutte contre le sida dans le monde.
"À la tête de l’Union européenne et contributeur important au financement mondial de la lutte contre le sida, la France avait un rôle primordial à jouer lors de ce G8 pour la mise en place d’échéances fermes et d’objectifs précis afin d’assurer l’accès universel", rappelle notamment l'association. Elle ne l'a pas tenu. Ce manquement est d'autant plus honteux que la France accuse un retard de 170 millions d’euros pour le financement de la lutte contre le VIH/sida, un domaine où elle avait fixé sa contribution à hauteur de 4,7% des dépenses des pays riches. À ce jour, elle n'en a déboursé que 3%.
Autre sujet de mécontentement pour les associations et de honte pour la France, l'absence d'engagement du G8 sur une déclaration commune claire abolissant les restrictions à la circulation des personnes séropositives. Les associations estimaient qu'un tel accord était "objectivement réalisable" et ce, d'autant que la mesure ne coûte quasiment rien alors qu'elle est primordiale pour les 33 millions de personnes séropositives dans le monde. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait d'ailleurs demandé dès le 10 juin la "fin des restrictions de voyages et de séjours pour les personnes touchées par le VIH."
Sur le sujet, la position du G8 est même contreproductive. "Il s’agit plutôt d’un non-engagement, dénonce Emmanuel Trenado, directeur des programmes internationaux de Aides. La déclaration du G8, trop floue, fournit une excuse aux États-Unis et à la Russie pour continuer à violer les droits des personnes séropositives."
C'est l'évidence, la France a plus que déçu sur la question de la lutte contre le sida au G8. Reste à espérer qu'elle saura, au minimum, profiter du prochain 1er décembre pour rattraper le coup. Un rendez-vous d'autant plus emblématique qu'à cette date la France présidera toujours, et pour un mois encore, l'Union européenne.


Les "bad boys" du G8
Militant de l'aide à l'Afrique, l'ancien chanteur Bob Geldof a dénoncé à l'occasion du G8 la France et l'Italie, les "bad boys" qu'il accuse de ne pas tenir leurs promesses de doubler le montant de l'aide annuelle accordée à ce continent d'ici 2010.
Alors que l'Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l'Italie, le Japon, le Royaume-Uni et la Russie se sont engagés à apporter 60 milliards de dollars à l'Afrique pour lutter contre les pandémies que sont le paludisme, la tuberculose et le sida, Bob Geldof se demande si Nicolas Sarkozy "va honorer ses engagements dans son budget". Un doute partagé par les plus importantes associations de lutte contre le sida en France.