La France sans hépatite C, c’est maintenant !

Publié par jfl-seronet le 18.04.2018
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ConférencesVHChépatite CEASL 2018

Le 12 avril, SOS Hépatites a lancé un "appel à la mobilisation générale" contre l’hépatite C. Cette initiative a été prise à l’occasion du congrès européen de l’EASL (congrès scientifique sur les maladies du foie). Dans son communiqué, l’association rappelle que le gouvernement français a annoncé le 26 mars qu’il souhaitait "éliminer le virus de l’hépatite C (VHC) en France à l’horizon 2025" (1). Evidemment SOS Hépatites approuve cette décision qui rejoint l’ambition qu’elle-même a de "faire de la France un laboratoire mondial de l’éradication du virus de l’hépatite C". Pour l’association, c’est dès 2018 qu’il faut engager la dernière bataille contre le VHC.

La stratégie nationale de santé comporte dans son chapitre Prévention, la mesure 15. Elle demande d’"intensifier les actions de prévention et de dépistage à destination des publics les plus exposés pour contribuer à l’élimination du virus de l’hépatite C en France à l’horizon 2025". SOS Hépatites estime qu’il faut "y aller" maintenant pour être sûr d’atteindre cet objectif. Elle a donc lancé le 12 avril à Paris une grande campagne d’actions de terrain et de communication visant à "déminer la France" du VHC, selon la façon la formule de Pascal Mélin, président de SOS Hépatites. L’association entend faire une grande campagne participative réunissant les quelque 12 000 personnes déjà guéries de leur infection grâce aux agents antiviraux directs (AAD), des soignants-es, les pouvoirs publics, les acteurs-trices économiques et sociaux et l’ensemble des citoyens-nes.

Le premier axe de cette campagne est de "repenser le dépistage". Depuis 2017, les agents antiviraux directs sont, au terme d’un long combat de la société civile et des soignant-e-s, devenus accessibles en France à tous les personnes infectées par le VHC, quel que soit le degré de sévérité de leur maladie. Ces traitements sont efficaces dans plus de 95 % des cas et, l’an dernier, 18 000 personnes ont pu accéder à la guérison de leur infection, rappelait récemment le professeur Victor de Lédinghen (Afef). Les experts-es estiment qu’il resterait environ 110 000 personnes susceptibles d’être traitées dans l’Hexagone. Reste un problème : parmi elles, 75 000 restent à dépister. Tout l’enjeu est donc de trouver ces 75 000 personnes vivant avec le VHC et qui l’ignorent en proposant une stratégie de dépistage adaptée. "Le gouvernement propose d’intensifier le dépistage ciblé auprès des publics les plus exposés, notamment à travers les actions dites "d’aller vers" [on parle aussi d’outreach, ndlr] pour aller au-devant des populations les plus éloignées du système de santé". "C’est bien de le faire", mais, pour SOS Hépatites, "cela ne suffira pas !"

"Il est indispensable aujourd’hui de repenser le dépistage, et de ne pas le réserver aux seuls "publics exposés". "Pour trouver les 75 000 porteurs chroniques du virus non identifiés, SOS Hépatites prône une approche innovante : que les citoyens-nes eux-mêmes s’approprient le dépistage à travers différents espaces sociaux". Pour SOS Hépatites, cette "appropriation par les citoyens-nes d’une démarche de santé publique est la clé de la réussite du dépistage : on ne dépistera pas l’hépatite C parce que l’on fait partie de telle ou telle population à risques, mais parce qu’on fait partie d’un groupe qui a décidé de le faire. Ce faisant, on passe de la stigmatisation à l’engagement".

Autre axe : "ralentir les contaminations, accélérer les guérisons". Toutes les 20 secondes, une nouvelle personne est infectée par le virus de l’hépatite C quelque part dans le monde, pointe l’association. "Eradiquer l’hépatite C, cette maladie chronique dont on peut guérir et qui demeure pourtant responsable de 400 000 décès annuels sur la planète, c’est ralentir le compteur des contaminations et accélérer le compteur des guérisons", avance l’association. Pour suivre l’évolution des actions contre l’hépatite C, le docteur Pascal Mélin a participé, aux côtés du docteur Françoise Roudot-Thoraval (hépatologue au CHU Mondor), du professeur Victor De Ledinghen (hépatologue au CHU de Bordeaux, Afef) et du docteur Marc Bourlière (hépatologue à l’hôpital Saint-Joseph de Marseille), à la création du "Baromètre de l’éradication de l’hépatite C". Cet outil permet de suivre, mois après mois, l’évolution de l’éradication de l’hépatite C sur le territoire français et a permis d’évaluer à 18 236 le nombre de personnes guéries de l’hépatite C en France en 2017. Comme l’indique SOS hépatites, entre le 1er janvier 2018 et le 1er avril 2018, 3 812 personnes supplémentaires auraient débuté un traitement, ce qui correspond à 3 698 personnes guéries de leur infection. On peut donc évaluer à 21 934 le nombre de personnes guéries de l’hépatite C en France depuis le début de l’année 2017. Il resterait 112 416 personnes à traiter (2).

(1) : Mesure n° 15 du volet "Prévention" de la Stratégie nationale de santé : "Intensifier les actions de prévention et de dépistage à destination des publics les plus exposés pour contribuer à l’élimination du virus de l’hépatite C en France à l’horizon 2025".
(2) : Ces chiffres sont provisoires, car les dernières semaines de mars reposent sur une estimation qu’il faudra réévaluer quand les chiffres seront consolidés.