Lebel, l’insulte et le néant !

Publié par jfl-seronet le 15.10.2012
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LGBTmariage pour tous
Le maire UMP du 8e arrondissement de Paris François Lebel estime dans l'éditorial du numéro d'octobre du journal d'information municipale que la légalisation du mariage homosexuel pourrait ouvrir la porte à la polygamie, l'inceste et la pédophilie. Rien que ça !
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Lebel : ses mots pour haïr !
"Si le tabou immémorial du mariage hétérosexuel vient à sauter, qui et quoi s'opposera désormais à ce que d'autres tabous le concernant, bien moins anciens, bien moins universels, ne tombent à leur tour ?", demande François Lebel, maire UMP du 8e arrondissement de Paris. Bien entendu, l’édile annonce que lui-même ne procédera "personnellement, à aucun mariage de cette nature"."Par exemple : comment s'opposer demain à la polygamie en France, principe qui n'est tabou que dans la civilisation occidentale ? Pourquoi l'âge légal des mariés serait-il maintenu ? Et pourquoi interdire plus avant les mariages consanguins, la pédophilie, l'inceste qui sont encore monnaie courante dans le monde ?", poursuit l'élu, décidément très en verve. "La porte est désormais ouverte au spectacle mortel pour la civilisation du mariage légal de tout le monde avec n'importe qui pour faire n'importe quoi !", conclut ce maire. Le cardinal Barbarin avait récemment, fait une sortie du même tonneau qui avait suscité des réactions. Celle de François lebel fait donc un sacré tabac.

François Fillon s’empêtre
Le maire étant un élu UMP, il était difficile pour les deux concurrents à la tête du parti, François Fillon et Jean-François Copé, de ne pas réagir à l’édito de François Lebel. Interrogé , tôt le matin, sur France Inter (3 octobre), l'ancien Premier ministre UMP François Fillon n'a d’abord pas condamné ces propos. Le coup de fusil est venu l’après-midi lorsqu’il a enfin compris qu’il lui serait difficile de ne rien dire sur le sujet. La condamnation tombe, par tweet. "Je condamne les propos de François Lebel sur le mariage homosexuel qui n'ont pas leur place dans ce débat. Il faut un débat respectueux", écrit le candidat à la présidence de l'UMP. Evidemment, cela tranche de la position affichée le matin même sur les ondes, François Fillon demandait alors au gouvernement, sans condamner les propos de François Lebel, "de réfléchir à deux fois avant d'ouvrir ce débat". "Dans le climat politique, social et économique qui est le nôtre, on va assister à la multiplication de ce genre d'arguments (...) des deux côtés. On va voir les Français se diviser très profondément et s'insulter. On va voir l'homophobie remonter", avait expliqué François Fillon. Point de vue assez curieux qui consiste à dire qu’il ne faut pas aller vers l’égalité des droits, parce que cela renforcerait l’homophobie. Aussi intelligent que de dire qu’il ne faudrait pas aller vers l’égalité entre hommes et femmes, au motif que cela développerait la misogynie.

Jean-François Copé en rajoute
Interrogé le 3 octobre, Jean-François Copé, l’actuel patron de l’UMP, a rappelé qu'il était "très engagé" (!) contre toute homophobie. "En ce qui me concerne, ma position est très claire. Je suis, comme je crois tous les membres de notre famille politique, très engagé contre tous les comportements et les propos à caractère homophobe. C'est pour moi quelque chose qui doit être combattu avec la même force que le racisme sous toutes ses formes", a insisté le député-maire de Meaux. A titre personnel, "je suis opposé au mariage homosexuel", comme "une très grande majorité de nos militants", a-t-il rappelé. Mais "il existe une minorité (à l'UMP) qui y est favorable (...) J'ai à cœur, en tant que responsable de l'UMP, que cela ne déchire pas notre famille politique", d'autant que "les vrais sujets aujourd'hui", ce n'est pas le mariage homosexuel mais "les réformes économiques et sociales", a poursuivi Jean-François Copé.

La gauche réagit
Chef de file du Front de gauche au Conseil de Paris, Ian Brossat a dénoncé dans un communiqué (3 octobre) des propos "monstrueux" et "clairement homophobes" publiés "aux frais du contribuable". Le maire PS du IVe arrondissement Christophe Girard a jugé dans un tweet M. Lebel "pathétique et insultant pour des millions d'hommes et de femmes qui s'aiment comme tout le monde". Première adjointe au maire de Paris, Anne Hidalgo, candidate déclarée à la succession de Bertrand Delanoë, a fustigé des "propos consternants (...) à l'image de la droite parisienne : archaïques, déconnectés des attentes et de la vie des Parisiens". "C'est absolument scandaleux de la part d'un élu de la République. Un élu de la République doit se tenir", explique, de son côté, Bruno Le Roux, président des députés PS.

Lyne Cohen-Solal, adjointe au maire de Paris et conseillère de Paris du 5è arrondissement, a également publié son communiqué. "C’est avec dégoût que j’ai pris connaissance de  l’éditorial signé par François Lebel dans le journal du 8ème arrondissement. Ces propos sont indignes d’un élu de notre République, 1er officier d’état civil d’un des vingt arrondissements de la Capitale de la patrie des droits de l'Homme, qui doit appliquer les lois votées. Ce texte est aussi scandaleux sur le fond par ses jugements brutalement et agressivement homophobes".

L’UMP parisienne entre gêne et condamnation
Le président de la fédération UMP de Paris, Philippe Goujon, a nettement pris ses distances avec le maire du 8e : "Je considère que M. Lebel s'exprime à titre personnel et qu'il n'engage en rien l'UMP dans ses déclarations excessives et caricaturales, qu'il aurait mieux fait de ne pas tenir". De son côté, le chef de file de l'opposition UMP au Conseil de Paris, Jean-François Legaret, a aussi marqué sa désapprobation : "Ce sont des propos que je ne partage évidemment pas", a commenté le maire du 1er arrondissement. Pour Pierre Lellouche, député UMP de Paris : "On ne peut pas approuver ce genre de propos", même s'ils reflètent ce que pense "une partie de l'électorat du VIIIe qui est traditionaliste, a les valeurs de la famille, ne comprend pas qu'il puisse exister une autre famille que celle entre un homme et une femme. Ces sentiments méritent aussi d'être acceptés (…) Je n'aime pas ce genre de propos. Le gouvernement en ouvrant ce débat un mois et demi avant le dépôt d'une loi cherche à diviser les Français et à ouvrir des fronts de diversion par rapport à la situation économique".

Christine Boutin en amalgame
Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien-Démocrate, est certes guidée par Dieu… mais ne trouve pas toujours la lumière. Elle a ainsi jugé (4 octobre) possible un lien entre mariage homosexuel et polygamie. Interrogé par Europe 1 sur l’édito homophobe de François Lebel, l'ex-ministre a certes nié un lien possible entre mariage homosexuel, pédophilie ou inceste. En revanche, pour la polygamie, "il peut y en avoir. Il est vraisemblable que si on accepte le mariage homosexuel, on serait amenés dans les années à venir à accepter la polygamie en France", a assuré Christine Boutin.

Bernard Debré dans la surenchère
"Il faut le faire expertiser !", s'est exclamé (3 octobre) le député UMP Bernard Debré, après les propos de François Lebel. "C'est une honte absolue. C'était inimaginable. Il faudrait le faire expertiser ce maire !", a lancé le député de Paris à l’AFP dans les couloirs de l'Assemblée nationale. "J'ai été humilié parce que je me dis : "Quand même, il est UMP !", a-t-il ajouté. "Dire ce qu'il a dit, cela m'a laissé pantois", a insisté Bernard Debré.

Bertrand Delanoë sonne la charge
"C’est avec consternation que je découvre ce matin la contribution scandaleuse que François Lebel a cru bon d’apporter au débat sur l’ouverture du mariage aux personnes du même sexe dans le journal de l'arrondissement", explique le maire de Paris dans un communiqué (3 octobre). "L’assimilation d’une union librement consentie à des crimes tels que l’inceste ou la pédophilie excède très largement le cadre du débat républicain. Elle constitue à la fois une faute morale et répréhensible sur le plan pénal. Loin de nourrir la discussion, elle l’interdit. Ce pseudo point de vue politique est en réalité un discours d'exclusion et d'injures vis-à-vis d’un groupe de personnes, au seul motif de leur orientation sexuelle, ce que le Code pénal réprime sévèrement (…). En choisissant d’épancher ses idées troubles dans le journal de son arrondissement, François Lebel démontre en outre le peu de cas qu’il fait des outils de la démocratie locale qui ont vocation à informer la population de la vie de leur quartier et n'ont nullement à être des tribunes porteuses d'idées discriminatoires".

Najat Vallaud Belkacem monte au front
La ministre des Droits des Femmes et porte-parole du gouvernement n’allait certainement pas laisser l’occasion de se saisir de la perche tendue par François Lebel. Réplique via un communiqué de presse (3 octobre) qui énonce : "Ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe : faute d'argument, l'opposition tombe dans l'insulte et la diabolisation" et cite un extrait du texte : "Le mariage pour tous c'est ouvrir la porte au mariage de n'importe qui avec n'importe qui pour faire n'importe quoi". "Loin d'être "n'importe qui", les Français, quelle que soit leur orientation sexuelle, sont des citoyens, et à ce titre prétendent légitimement au bonheur d'un projet de couple reconnu par le mariage et d'un projet de famille juridiquement sécurisé et protégé, tonne la ministre. Les propos irresponsables alimentent le rejet, les stigmatisations et les violences dont sont victimes les homosexuels et leurs familles aujourd’hui. Le débat public mérite mieux que les tentatives désespérées de diabolisation".

Ça gronde chez les LGBT
"François Lebel, vous avez oublié la zoophilie !" s'exclame l'Association des familles homoparentales (ADFH) dans un communiqué."C'est en sapant continuellement l'identité et la vie des familles que certains individus comme François Lebel contribuent à attiser l'homophobie", dénonce l’association, cette fois, dans un registre plus sombre. Président d'Homosexualités et Socialisme (HES), Denis Quinqueton n’apprécie que très moyennement la prose de l’édile. "Le débat sur l'ouverture du mariage et de la parentalité à tous les couples, autour de la mise en œuvre de l'engagement 31 de François Hollande, tient ses "promesses" en termes  d'injures, de clichés et de caricatures (…) Les opposants à l'égalité des droits, celles et ceux qui ne conçoivent une société qu'avec une indépassable hiérarchie des couples et des familles, masquent leur manque criant d'argument avec d'injurieux amalgames et d'apocalyptiques prédictions", écrit HES. L’association "déplore les dérives des élus conservateurs qui semblent vouloir se lancer, comme il y 13 ans au moment du PaCS, dans un funeste concours du débat public le plus vulgaire, le plus indigne, le plus stupide". La présidente de SOS homophobie, Elisabeth Ronzier, se dit "désespérée" par les propos de François Lebel. "Depuis des années, nous travaillons pour expliquer qu'il ne faut pas faire d'amalgame entre homosexualité et pédérastie (sic), et il y a toujours des gens qui ne comprennent pas", déclare-t-elle à l'AFP. De son côté, la présidente de Gaylib (UMP), Catherine Michaud, juge ces propos "honteux, indignes, insultants". "[François lebel] fait des amalgames idiots, le débat sur le mariage ouvert à tous doit vivre, être clair. S'il ne veut pas célébrer des mariages entre homosexuels, des adjoints s'en chargeront", dit-elle.