Les fonds dédiés au sida pénaliseraient les systèmes de santé

Publié par Costa le 14.09.2008
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Selon une étude présentée à Mexico, l’argent consacré à la prise en charge du sida dans les pays africains affaiblirait les systèmes de santé pourtant essentiels dans la lutte contre l’épidémie.
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Quel est l’impact de l’aide internationale consacrée à la lutte contre le sida dans des pays où ces financements dépassent largement les fonds dédiés à d’autres maladies, voire les budgets nationaux de la santé ? Alors que les 3 principaux bailleurs internationaux – Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ; Pepfar du président George Bush ; et Banque mondiale – ont dépensé 20 milliards de dollars pour combattre l’épidémie depuis 2000, un rapport du Centre for global development présenté lors de la Conférence de Mexico suggère que cet argent aurait en fait affaibli les systèmes de santé pourtant essentiels dans la lutte contre l’épidémie.

Après avoir étudié différentes composantes des systèmes de santé de 3 pays africains (Mozambique, Ouganda et Zambie), les chercheurs estiment, en effet, que le développement de mécanismes spécifiques au VIH a souvent nui à l'ensemble des systèmes de santé des pays concernés.

En fixant leurs propres exigences pour le recueil des données, les 3 bailleurs ont, par exemple, accablé des personnels de santé déjà submergés par les tâches administratives. Un effort supplémentaire qui aurait pu, selon les auteurs, “être consacré à aider les personnes atteintes ou à fournir d’autres services de santé”.

Afin de distribuer les antirétroviraux de manière plus efficace, ils ont de même développé des mécanismes parallèles de distribution, créant ainsi deux systèmes distincts d'approvisionnement en médicaments dont la gestion pourrait devenir à terme de plus en plus complexe.

Enfin, alors que les 3 pays étudiés sont confrontés à de sérieuses pénuries de personnels de santé qualifiés, les 3 organismes ont financé des formations spécifiques parfois récompensées par des primes pour la charge de travail supplémentaire. Mais comme le soulignent encore les auteurs de l’étude, “de telles primes concentrent l’attention du personnel sur le VIH/sida”, réduisant dans certains cas le temps qu’il pourrait consacrer à d’autres pathologies. Sans parler du Pepfar qui finance également le recrutement de très nombreux travailleurs sanitaires d’Organisations non gouvernementales bien mieux payés que leurs collègues du secteur public. Selon l’étude, un employé de bureau travaillant pour un programme financé par le Pepfar en Zambie gagnerait ainsi 2 fois plus qu’une infirmière diplômée du secteur public. Une flambée des salaires qui ne fait qu’aggraver le nombre de départs du secteur public.

Conclusion : “Les gros bailleurs de fonds créent des systèmes spécifiques qui sont en compétition avec les systèmes de santé.” Pour les auteurs, il importe donc de réadapter leur réponse et de passer de l’urgence initiale à la mise en place de systèmes qui permettraient d’obtenir de meilleurs résultats.

Source : www.irinnews.org - Crédit photo : Shyald (Fickr.com)