Les Français favorables à la PMA pour les couples lesbiens

Publié par jfl-seronet le 15.01.2018
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Droit et socialbioéthiquePMAprocréation médicalement assistée

Le 18 janvier, s’ouvrent les Etats généraux de la loi bioéthique. Ceux-ci sont organisés par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et vont donner lieu à la rédaction d’un rapport. Sur cette base, la loi bioéthique sera révisée. Les débats doivent normalement porter sur la PMA (procréation médicalement assistée) pour les couples de femmes. Le quotidien catholique "La Croix" a commandé à l’institut IFOP un sondage (publié le 3 janvier) qui montre une évolution de la perception de la population française à ce sujet.

Six Français sur dix sont favorables à la PMA pour les couples de femmes, selon ce sondage Ifop publié dans "La Croix" (3 janvier). Ils étaient un peu moins d'un quart (24 %) à y être favorable en 1990, souligne le quotidien alors que s'ouvriront le 18 janvier les états généraux de la bioéthique. Autrement dit, l’approbation de cette mesure a fait un bond de presque 40 % depuis 1990. Selon ce sondage : 57 % pensent que les femmes célibataires devraient aussi pouvoir recourir à la PMA (insémination artificielle), un chiffre qui a, lui, peu évolué sur cette période. Par ailleurs, 64 % se disent également favorables à ce que l'on autorise en France le recours à une mère porteuse ou GPA (gestation pour autrui) dont 18 % "dans tous les cas" et 46 % "pour des raisons médicales seulement", indique l’AFP.

Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'Ifop, ne relève dans cette enquête "aucun clivage majeur, ni entre les générations, ni selon les préférences politiques", selon un communiqué du quotidien. "Cela confirme qu'il s'agit d'une vague de fond", ajoute le sondeur. Ces nouveaux chiffres confortent une précédente enquête Ifop parue en septembre 2017. Elle montrait qu'au moins 64 % des Français étaient favorables à l'ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples lesbiens. La PMA pour toutes, célibataires ou en couple, est une promesse d’Emmanuel Macron faite lors de la campagne présidentielle. Le président de la République a depuis souhaité qu'un "débat apaisé" puisse avoir lieu "durant l'année 2018", mais en prenant le risque d’ouvrir la polémique dans le cadre des Etats généraux où les opposant-e-s dont l’Eglise catholique comptent bien s’exprimer. Concernant la PMA, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’est déjà prononcé en juin 2017 en faveur de cette mesure. On pouvait espérer que cela suffirait pour passer au dépôt d’un texte de loi… mais le gouvernement a fait le choix de prolonger les débats… au risque d’un enlisement du même type que celui qu’a connu le mariage pour tous.

Dans ce même sondage, les Français-e-s estiment que la gratuité (90 %) et l'anonymat (85 %) du don de gamète (ovocytes ou spermatozoïdes) doivent être conservés. Par ailleurs, la grande majorité (80 %) d'entre eux se prononce en faveur de la modification génétique des embryons humains, mais "pour guérir les maladies les plus graves avant la naissance". En revanche, ils sont tout aussi nombreux (78 %) à rejeter le recours aux manipulations génétiques "pour améliorer certaines caractéristiques des enfants à naître (obésité, couleurs des yeux, etc.)". Une grande partie de la société (89 % des personnes interrogées) se prononce aussi pour une évolution de la loi sur la fin de vie, note le quotidien : pour 47 %, il faut légaliser l'euthanasie, pour 24 %, il faut légaliser l'euthanasie et le suicide assisté et pour 18 %, le suicide assisté. En revanche, 11 % estiment qu'il ne faut pas changer la législation actuelle.

Les chiffres étonnent par leur ampleur. Le sondage mené par l’Ifop pour La Croix et le Forum européen de bioéthique confirme le consentement d’une grande partie de la société à des sujets comme l’élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes (60 %) et aux femmes seules (57 %), à une évolution de la loi sur la fin de vie (89 %), ou, plus surprenant encore, à la levée de l’interdiction de la gestation pour autrui (GPA) (64 %). Des chiffres qui dessinent l’image d’une société libérale sur des questions "importantes", comme 89 % des Français le reconnaissent par ailleurs, avance un communiqué de presse du journal "La Croix". "La vieille matrice structurante de la société qui était très clairement d’inspiration chrétienne et catholique est en train de s’effriter à vitesse grand V", estime Jérôme Fourquet de l’Ifop. Les résultats de l’enquête révèlent selon lui "l’ancrage d’un basculement anthropologique dans la société française, à la faveur de la déchristianisation de la société et de la poussée de l’individualisme". Le sondeur avoue aussi être étonné du rythme auquel l’opinion a évolué au cours des dernières années sur ces sujets (voir, par exemple, les données relatives à la PMA). Au-delà de son rythme rapide, l’évolution est marquée par un effet domino, indique le journal : "Même si les évolutions sont très rapides, la société ne change pas d’un seul coup, mais par étapes. L’opinion a adhéré au mariage pour les couples homosexuels deux ou trois ans après avoir accepté le Pacs. De même, les Français se sont dits en faveur de l’adoption par les couples homosexuels quelque temps après l’inscription du "mariage pour tous" dans la loi."

Ce sondage Ifop pour "La Croix" et le Forum européen de bioéthique a été réalisé auprès d'un échantillon représentatif de 1 010 personnes de 18 ans et plus (questionnaire auto-administré en ligne du 8 au 11 décembre 2017).