les Français ont confiance dans les médicaments mais pas dans les labos

Publié par Sophie-seronet le 23.11.2018
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Thérapeutiquemédicamentslaboratoires

Chaque année, l’industrie pharmaceutique française cherche à savoir ce que les Français-es pensent du médicament… et des professionnels qui les fabriquent. Pour ce faire, un Observatoire sociétal du médicament est conduit par l’Ipsos et le Leem (Les entreprises du médicament, le lobby des laboratoires pharmaceutiques). Le 14 novembre, le Leem a révélé les résultats de la 8e vague de l’Observatoire sociétal du médicament. L’enquête dresse un « bilan contrasté » entre, d’un côté un « regain de confiance dans le médicament et dans la place qu’occupent les entreprises du médicament au sein du système de santé », et d’un autre côté une « détérioration des items d’éthique et de transparence ». Voici les principaux résultats.

Labos pharmaceutiques : leur rôle reconnu mais…

Selon les données de la 8e vague de l’Observatoire sociétal du médicament : près de huit Français-es sur dix considèrent que les firmes pharmaceutiques « sont des acteurs essentiels du système de santé », en particulier « dans la recherche contre la maladie et la découverte de nouveaux traitements ». Elles sont perçues comme utiles (85 %), à la pointe du progrès (78 %) et à la pointe de la recherche de nouveaux traitements (77 %). Les personnes interrogées estiment également (66 %) qu’elles contribuent à l’allongement de la durée de vie, qu’elles proposent de plus en plus de médicaments innovants (65 %) et qu’elles ont un impact positif sur l’emploi en France (61 %). Du coup, les Français-es reconnaissent aux acteurs-trices de ce secteur une « légitimité » pour intervenir dans différents domaines de la santé : investir en recherche et développement (88 %), informer les professionnels-les de santé sur les médicaments (82 %), soutenir la recherche publique au travers de partenariats publics/privés (79 %), mais aussi informer les patients-es sur les traitements pour soigner leurs maladies (74 %), participer aux débats d’idées sur les enjeux du système de santé (66 %) et soutenir les associations de patients-es (65 %).

Médicaments : une confiance qui se stabilise

Après une baisse continue depuis 2015 (huit points sur la période 2015 - 2017), le niveau de confiance dans les médicaments se stabilise, constate le Leem. Huit Français-es sur dix ont confiance dans les médicaments en général (77 %) et d’autant plus dans les médicaments qu’ils prennent (83 %). Les dernières données indiquent une augmentation des Français-es ayant « tout à fait confiance » dans les médicaments (+9 points, à 15 %), et ce quel que soit l’âge ou la profession. Ce niveau de confiance atteint même 84 % chez les atteintes de maladies chroniques. Il n’en demeure pas moins que « le niveau de confiance dans les médicaments remboursés, les médicaments sur ordonnance et les médicaments de marque baisse ces deux dernières années ». Pour autant, ceux-ci bénéficient toujours d’un niveau de confiance plus élevé (respectivement 84 %, 83 % et 79 %) que les médicaments non remboursés (66 %), les médicaments sans ordonnance (65 %) ou les médicaments génériques (69 %).

En matière d’information sur les médicaments, les soignants bénéficient cette année encore des niveaux de confiance les plus élevés : médecins traitants 92 %, infirmières 91 %, médecins spécialistes 90 %, chercheurs 88 %, pharmaciens 84 %. Les sources d’information hors sphère scientifique : associations de patients (78 %) et entourage (76 %)… s’affirment comme le deuxième canal d’information, détaille le Leem.

Éthique, transparence : les labos n’ont pas la côte

Le secteur pourrait se satisfaire des « bons résultats sur les items liés au médicament lui-même », mais ces derniers ne doivent pas faire oublier que « l’image des entreprises du médicament reste mitigée » selon l’euphémisme du communiqué de presse du Leem. En effet, si les médicaments sont globalement salués voire plébiscités, c’est loin d’être le cas des laboratoires pharmaceutiques. En effet, « seule une petite majorité de Français (51 %) considère aujourd’hui qu’elles sont crédibles ». « L’attention portée aux patients à travers la prise en compte des risques d’effets secondaires des traitements, l’accompagnement tout au long de leur maladie et l’écoute sont des éléments sur lesquels les entreprises du médicament sont questionnées par une majorité des Français avec respectivement seulement 37 %, 36 % et 36 % d’opinions favorables sur ces sujets ». « L’éthique et la transparence sont aussi des domaines sur lesquels les entreprises du médicament sont toujours très mal évaluées : 34 % seulement des Français pensent que les entreprises du médicament sont éthiques et 16 % qu’elles sont transparentes », c’est singulièrement bas, même si, selon les données récentes, on assiste à une « légère remontée du niveau de confiance des Français-es dans les entreprises du médicament (+ deux points) à 49 % (55 % chez les patients-es chroniques) ». Niveau confiance, le secteur fait mieux que le « nucléaire (37 %), la grande distribution (36 %) ou la banque/assurance (34 %) ».

L’accès aux innovations préoccupe les Français

Ce n’est pas une surprise. Le niveau de notoriété des Français-es concernant les innovations en matière de médicaments reste très faible : les médicaments d’immunothérapie et de thérapie génique ne sont connus précisément que par un Français sur dix. Les Françaises s’interrogent aussi sur l’accès aux innovations. Celui-ci est considéré comme facile aujourd’hui par une courte majorité de Français (53 %) mais ils anticipent davantage de difficultés pour y accéder dans cinq ans : seuls 51 % considèrent en effet qu’il sera plus facile d’avoir accès aux médicaments les plus innovants.

Par ailleurs, aujourd’hui, près de sept Français sur dix aimeraient connaître le niveau de risque qu’ils ont de développer des maladies par l’analyse de leur profil génétique.