Macron président, et comment va la santé ?

Publié par jfl-seronet le 15.05.2017
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Politiquesanté

Elu, le 7 mai dernier, président de la République avec 66,1 % des suffrages, Emmanuel Macron avait, comme l’ensemble des candidat-e-s à la présidentielle, fait des propositions en matière de santé. Il avait même répondu au questionnaire, "#10questionsPourUneFranceSansSida", des Elus locaux contre le sida. Rappel des propositions et des propos de celui qui était alors le candidat du mouvement En Marche !

Emmanuel Macron… en campagne

Le candidat du mouvement En Marche ! explique durant la campagne qu’il entend lutter contre les déserts médicaux et propose de multiplier pour cela par deux le nombre de maisons de santé d’ici 2022. Il fixe aussi à la fin de sa mandature l’objectif d’un remboursement à 100 % par la Sécurité sociale des lunettes, des prothèses dentaires et des appareils auditifs. Comment ? Grâce à une "clarification de la relation entre Sécu, mutuelles et professionnels", a-t-il expliqué lors du débat de second tour, comme le rappelle le "Quotidien du Médecin".

Emmanuel Macron annonce qu’"aucun soin utile ne sera déremboursé". Il expliquait le 1er janvier 2016 qu’il faudrait, en matière de santé, "construire une stratégie pluriannuelle qui permette d’intégrer les investissements massifs nécessaires, les innovations technologiques et organisationnelles". "Je pense en tout cas qu’il faut refonder l’Ondam" (1), expliquait-t-il alors.

Il entend améliorer la gestion et l’organisation des hôpitaux, "pilier de notre système de santé". Un investissement de cinq milliards d’euros sur cinq ans y sera consacré. Il veut la mise en place d’un plafonnement à 50 % de la tarification à l’activité (T2A) (2). Il défend une régulation des prix grâce à la mise en concurrence des professionnels. Il réfute l’idée d’un transfert de la prise en charge vers les complémentaires santé et d’une augmentation parallèle de leurs tarifs, au détriment des ménages. Il veut instaurer la vente des médicaments à l’unité.

Investir dans la prévention

Dans plusieurs discours et dans de nombreuses interviews, l'ex-ministre de l'Economie de François Hollande a indiqué qu’en matière de médecine libérale, ses principaux choix s'inscrivaient dans le sillage du quinquennat précédent, mais avec quelques lignes de force supplémentaires. Le "Quotidien du Médecin" note ainsi qu’Emmanuel Macron promet une "révolution" de la prévention, notamment en jouant sur la rémunération des praticiens. Il explique ainsi dans les colonnes du quotidien médical qu’il "vaut mieux investir un euro aujourd'hui dans le préventif que cinq euros demain dans le curatif". Comme on le sait, Emmanuel Macron entend "déverrouiller" de nombreux secteurs de la société. Ce devrait être le cas de la télémédecine.

"Dans le domaine de l'organisation des soins de premier recours, son projet santé ne prévoit pas de solutions uniformes même s'il veut doubler le nombre de maisons de santé en cinq ans (soit 1 000 structures supplémentaires). Il met plutôt l'accent sur l'évaluation et l'expérimentation territoriale, au risque de cultiver l'ambiguïté sur ses arbitrages", note le "Quotidien du Médecin". Il souhaite également mieux articuler médecine libérale et hôpital.

Il devrait se lancer dans la création d'un service sanitaire de trois mois pour 40 000 étudiants en santé dans les écoles et les entreprises pour y faire de la prévention, du dépistage et de la sensibilisation. Lors de la campagne, il avait expliqué que le tiers payant doit être "généralisable", mais pas généralisé, pas plus de précisions alors. Pour le "Quotidien du Médecin", il s’agit d’une "façon de ne pas braquer la profession, sans renoncer à l'objectif politique". "Nous prendrons le temps d’évaluer ses bénéfices et les contraintes qu’il pourrait induire", peut-on lire dans son programme.

VIH : ce qu’Emmanuel Macron a dit aux Elus locaux contre le sida

A l’occasion de la campagne présidentielle, le président des Elus locaux contre le sida (ELCS), Jean-Luc Romero-Michel, a adressé à des candidates et candidats un questionnaire intitulé "#10questionsPourUneFranceSansSida". Sur la Prep, ELCS demande au candidat Macron s’il s’engage à développer et à soutenir toute initiative destinée à renforcer le rôle du traitement dans une politique globale de prévention en France, ainsi qu’à poursuivre le remboursement intégral de la Prep ?" La prophylaxie pré-exposition (PreP) a montré son efficacité et il n’est pas question de revenir sur cet acquis (…) Le choix de mettre à disposition des traitements préventifs innovants, permettant de réduire l’incidence du VIH, ne se discute pas. La réduction des risques — et la PreP en fait partie — est un choix sanitaire, éthique et économique".

Interrogé sur l’accès aux soins en prison et notamment les programmes d’échanges de seringues, Emmanuel Macron explique : "L’incarcération ne doit pas être synonyme de rupture dans l’accès aux soins. La circulation de drogues en milieu carcéral est connue. Il ne faut pas le nier, sauf à renoncer à prendre les mesures de prévention en conséquence. La condamnation pénale ne doit pas entrainer une condamnation sanitaire. L’accès aux mêmes dispositifs de réduction des risques qu’à l’extérieur, ainsi que l’amélioration de l’accès aux soins, par exemple par le développement de la télémédecine, sont indispensables". Enfin, ELCS lui pose une question sur les financements internationaux en matière de lutte contre le sida. "Que comptez-vous mettre en place dans ce domaine, notamment pour arriver à l’objectif de l’Onusida au 90-90-90 en 2020 et d’un monde sans VIH/Sida en 2030 ?" "La mise en place de financements innovants est une clé pour faire disparaître l’épidémie de VIH/sida, répond Emmanuel Macron. Cependant, penser que la seule taxation sur les billets d’avion suffit, est utopique. C’est un outil parmi d’autres. Concernant les pays en développement, la diminution du coût des ARV, associée au développement des assurances est nécessaire. L’objectif de couverture santé universelle de l’OMS doit être associé à l’objectif du "zéro VIH-sida" en 2030. Le questionnaire d’ELCS est bien plus complet et ouvre sur de nombreux sujets que vous pouvez découvrir en ligne.

(1) : L'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) est le montant prévisionnel établi annuellement pour les dépenses de l'assurance maladie.
(2) : La tarification à l’activité (T2A) est le mode de financement unique des établissements de santé, publics et privés. Lancée en 2004 dans le cadre du plan "Hôpital 2007", elle repose sur une logique de mesure de la nature et du volume des activités et non plus sur une autorisation de dépenses.