Mariage pour tous : campagnes, phrases et coups d’éclats !

Il reste encore quelques jours avant le vote (mardi 12 février) du projet de loi sur le mariage des couples de même sexe en première lecture. Les débats sont longs et pas toujours passionnants, mais parfois intéressants. Dans ce contexte d’un débat épuisant, l’UMP a joué la montre et le PS rongé son frein. Le parti majoritaire a néanmoins lancé des initiatives en marge des discussions dans l’hémicycle. Ainsi le PS a récemment publié un Best of réac des sorties les plus pénibles des députés UMP lors de l’examen de ce texte. Ce Best of est aussi accessible sur le site de certains députés PS.

Best of réac !

Voici quelques-unes des sorties (ce n’est hélas pas exhaustif… il y en a de nouvelles chaque jour de débat) pointées par le PS.
Jacques  Alain Bénisti (UMP) : "Méditons ensemble, puisque c’est le jour du Seigneur, monsieur le président, sur les conséquences des décisions que nous allons prendre aujourd’hui. Nous ne souhaitons pas plus créer des "femmes-objet" que des "enfants-Playmobil !""

Marion Maréchal-Le  Pen (FN) : "Si l’orientation sexuelle devient un critère de droit, pourquoi l’orientation culturelle n’en serait-il pas un ? Pourquoi à terme, refuser la polygamie, pratiquée dans plusieurs pays, parce que selon vous, c’est un argument valable ?"

Xavier Breton (UMP) : "Pourquoi se  limiter à deux personnes dans un mariage, quand on nie l’altérité sexuelle ? Vous n’avez jamais répondu, et je vous le demande donc de nouveau : si vous ne fondez pas le mariage sur l’altérité sexuelle, qu’est-ce qui empêche trois personnes qui s’aiment, trois hommes, deux hommes et une femme, deux femmes et un homme ou bien trois femmes, de se marier ?"

Nicolas Dhuicq (UMP) : "Quand  on considère le parcours de certains garçons, on peut s’interroger et essayer de comprendre pourquoi ils n’ont pas eu la chance, lorsqu’ils étaient enfants, de voir leurs parents s’occuper d’eux, comme la majorité de vos enfants, mesdames et messieurs, mes chers collègues. Vous faites preuve d’intolérance vis-à-vis des collègues qui s’expriment à la tribune et qui ont le droit de réfléchir et de s’interroger sur ce qui pousse des enfants de ce pays à le rejeter et à commettre le meurtre et l’assassinat."

"Vous  ne pensez en rien à ces collègues qui travaillent auprès d’enfants sans repères identificatoires, sans cadre parental, comme je l’ai fait pendant plusieurs années, et qui ont des vies déjà suffisamment compliquées. Par conséquent, ayez l’obligeance - la décence - de laisser aux élus de la République la possibilité de préserver leur conscience, de garder leur éthique, et de refuser le vent de psychose que vous faites souffler sur la France".

Marie-Christine Dalloz (UMP) : "Je  vous demande donc instamment, mesdames les ministres - et c’est une femme députée qui vous parle -, de respecter le principe de précaution pour ces enfants. Pour assurer aux enfants adoptés un développement harmonieux, je vous demande que le principe de précaution puisse s’appliquer et qu’il ne soit pas en France une exception réservée aux espèces animales, que les enfants des hommes y aient également droit !"

Philippe Meunier (UMP) : "Avec ce projet de loi, vous répondez à une attente, celle de tous les bobos, et surtout à leurs caprices. Pour satisfaire les demandes d’une minorité agissante, vous avez fait le choix de casser le code civil de tous les Français".

Le PS fait campagne… contre la droite

Bon, le PS ne s’est pas contenté de pointer les dérapages de l’opposition. Il vient (6 février) de lancer une campagne contre la droite intitulée : "Pourquoi l'UMP  refuse-t-elle...?" Elle se décline en six affichettes sur différents thèmes (contrat génération, mariage pour tous...) avec une même accroche : "Pourquoi l'UMP refuse-t-elle...?" Le PS lance cette campagne "afin de montrer le contraste entre une gauche au travail pour les Français et une droite qui a choisi l'opposition systématique et stérile", explique le Parti socialiste dans un communiqué. "La droite est dans l'obstruction permanente aux grandes réformes voulues par les Français lors de l'élection présidentielle et mises en œuvres depuis 8 mois", ajoute le document. Cette campagne sera diffusée sur internet et au moyen de 2,5 millions de cartes postales distribuées partout en France.

Couple gay… y’a comme un malaise !

A l’occasion des débats, des sondages sont lancés sur l’homosexualité. Le plus récent indique que 43 % des Français se disent "mal à l'aise" devant un couple gay. Même sentiment chez 41 % des sondés lorsqu’il s’agit d’un couple de femmes, indique un sondage IFOP pour "Femme Actuelle" (6 février). A la question "chacun des types de couples suivants vous met-il mal à l'aise ?", 57%  des sondés répondent à l'inverse "non" pour un "couple avec deux hommes" et 59 % pour "un couple avec deux femmes". Les hommes sont plus souvent que les femmes "mal à l'aise" avec l'homosexualité masculine : 48 % d'entre eux répondant "oui" contre 38 % des femmes. Mais ils sont aussi plus nombreux que les femmes (43 % contre 40 %) à être rendus "mal à l'aise" par un couple de lesbiennes.
Sondage réalisé par internet du 12 au 15 janvier auprès d'un échantillon de 1 215 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas).

18 mars : le Sénat ouvre le bal

Ces résultats sont-ils une des clefs des tensions actuelles concernant l’homosexualité ? Chacun pourra se faire une opinion. Bon, on connaît désormais la date des débats concernant le mariage pour tous au Sénat, ce sera à partir du 18 mars. Les travaux des différentes commissions ayant à plancher sur le sujet ont cependant commencé depuis le 5 février. Président PS du Sénat, Jean-Pierre Bel a estimé jeudi 7 février "possible" d'y adopter un texte conforme à celui de l'Assemblée, ce qui éviterait une deuxième lecture. "Je crois que c'est possible", même s'il "faut que je sois très prudent", a-t-il expliqué sur RTL. "C'est possible à condition de bien travailler ce dossier en amont. Il faut prendre un certain nombre de garanties. Au Sénat, il peut se dégager une majorité sur le mariage pour tous, qui pourrait déboucher sur un vote positif, conforme", selon lui. Une telle hypothèse raccourcirait considérablement l'ensemble du débat parlementaire sur cette réforme, ce qui ne déplairait pas au gouvernement ni à la majorité.