Mesurer l’homophobie pour améliorer la vie de tous

Publié par Rédacteur-seronet le 28.03.2018
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Initiativehomophobie

Un nouvel indice destiné à mesurer les niveaux d’homophobie a été élaboré, afin d’illustrer l’impact que l’homophobie exerce sur les pays, explique l’Onusida (8 mars). L’institution onusienne y voit un outil indispensable dans le succès de la lutte contre le sida au profit de toutes et tous.

L’homophobie est reconnue depuis longtemps comme un problème qui nuit à la santé publique. Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes confrontés à la stigmatisation sont davantage exposés à un risque d’infection par le VIH, moins enclins à suivre un traitement antirétroviral, et leur taux de dépistage du VIH est plus faible. La connaissance du niveau d’homophobie, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, reste pourtant rare, elle est pourtant indispensable. Ce nouvel indice d’homophobie a été publié dans la revue "European Journal of Public Health". Il combine à la fois des données sur l’homophobie institutionnelle, reflétée dans les lois par exemple, et l’homophobie sociale, qui concerne les relations entre les individus et des groupes de personnes, précise l’Onusida. Les données qui alimentent l’indice proviennent d’une large variété de sources, notamment des Nations Unies, du Fonds monétaire international et de l’Ilga (Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes). Plus de 460 000 personnes ont été interrogées sur leurs réactions à l’homosexualité dans le cadre d’enquêtes menées à l’échelon régional, qui ont également servi de sources pour l’indice. L’Indice de "climat homophobe" donne des estimations pour 158 pays. Il révèle que l’Europe occidentale est la région la plus inclusive, suivie de l’Amérique latine. L’Afrique et le Moyen-Orient sont les régions qui comptent les pays les plus homophobes, à l’exception de l’Afrique du Sud et du Cap-Vert, qui figurent parmi le top dix des pays à revenu faible et intermédiaire les plus inclusifs, note l’Onusida. Parmi les pays à revenu faible et intermédiaire, la Colombie est la plus inclusive, tandis que la Suède occupe le premier rang mondial en étant le pays le plus inclusif de tous.

L’homophobie : un critère qui en dit long

En comparant les résultats de l’indice avec d’autres données, les chercheuses et chercheurs ont découvert que les pays dont les niveaux d’homophobie sont plus élevés sont les mêmes que ceux qui présentent de hauts niveaux d’inégalité entre les sexes, des violations des droits de l’homme, une faiblesse des dépenses de santé et un faible niveau de satisfaction de la vie. Il apparaît que les hausses de l’indice de climat homophobe dans un pays sont associées à une baisse de l’espérance de vie masculine et à une plus faible production économique. L’indice montre ainsi les effets préjudiciables de l’homophobie sur la vie et le bien-être de chaque individu dans un pays, et pas seulement les gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, avance l’Onusida. "Cet indice propose aux communautés des données intéressantes capables de les aider dans leur action de sensibilisation en faveur de sociétés plus inclusives", explique Erik Lamontagne, conseiller économique principal à l’Onusida, cité dans le communiqué. En connaissant les effets néfastes de l’homophobie, les pays seront en bien meilleure capacité pour y répondre et améliorer la vie de tous.