Nono, la protéine qui détecte le VIH

Publié par jfl-seronet le 02.11.2018
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ThérapeutiqueNono

« Il n’existe pas un, mais plusieurs VIH. Et si le VIH-1, majoritaire, fait des ravages dans les populations infectées, ce n’est pas le cas du VIH-2 qui déclenche beaucoup plus difficilement la maladie du sida », explique l’Inserm (Institut national scientifique et de recherche médicale) dans un communiqué (4 octobre). Mais pourquoi le système immunitaire combat-il mieux cette version du virus ? C’est sur cette question que se sont penchés des chercheurs-euses de l’Inserm et de l’Institut Curie.

Des chercheurs-seuses de l’Inserm et de l’Institut Curie ont identifié la protéine Nono, un détecteur plus sensible au VIH-2 et responsable de la reconnaissance directe du virus par le système immunitaire. Ces travaux, soutenus par l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales, ont été publiés dans la revue scientifique Cell. Ils permettent une « meilleure compréhension du contrôle naturel du VIH et ouvrent la voie à de nouvelles étapes dans la recherche vaccinale contre ce virus ».

Le sida se développe lorsque le système immunitaire d’une personne séropositive (infectée par le virus du VIH) devient incapable de lutter contre l’infection et s’affaiblit très fortement. La majorité des personnes vivant avec le VIH et non traitées développent alors le sida. Il arrive cependant que le sida ne se développe pas chez certaines personnes séropositives non traitées. Cela s’explique par l’existence de plusieurs formes de VIH, rappelle l’Inserm.

Et l’institut de recherche d’expliquer : « Ainsi, en l’absence de traitement, si le VIH-1 qui touche 25 millions de personnes cause le sida dans 99 % des cas, ce n’est pas le cas du VIH-2. Cette forme particulière de VIH est très proche du VIH-1, mais différente au niveau génétique. Elle est retrouvée majoritairement en Afrique de l’Ouest et touche un million de personnes. Le VIH-2 entraîne le développement du sida dans moins de 25 % des cas, est sans incidence sur la durée de vie de la majorité des personnes infectées et s’avère faiblement transmissible. De plus, les personnes séropositives pour le VIH-2 et qui seraient contaminées également par le VIH-1 présentent une meilleure résistance face à ce dernier ».

Des chercheurs-seuses de l’Inserm et de l’Institut Curie se sont penchés sur les raisons de ce meilleur contrôle naturel du VIH-2 par le système immunitaire. « En 2010, la même équipe de recherche avait déjà montré que les cellules dendritiques – des cellules « sentinelles » du système immunitaire – étaient capables de détecter le VIH-2 bien plus efficacement que le VIH-1. Or, pour qu’il y ait une bonne réponse immunitaire il est nécessaire d’avoir d’abord une bonne reconnaissance immunitaire », rappelle le communiqué de l’Inserm. Partant de cette donnée, les chercheurs-seuses ont cherché à « comprendre les mécanismes moléculaires de reconnaissance du VIH-2 par les cellules dendritiques et les raisons de l’efficacité de cette reconnaissance comparativement à celle du VIH-1 ».

Ils ont ainsi découvert que la « protéine Nono, située au sein des cellules dendritiques, agissait comme un détecteur capable de reconnaître l’enveloppe interne (ou capside) du VIH-2 bien mieux que celle du VIH-1 et de déclencher en conséquence une réaction immunitaire pour lutter contre le virus. « La capside, qui entoure le matériel génétique des virus, est, en effet, composée de protéines et Nono serait capable de reconnaître un motif protéique spécifique de la capside du VIH-2 », indique l’Inserm.

Ces travaux permettent une meilleure compréhension des mécanismes naturels du contrôle de l’infection par le VIH. Selon Nicolas Manel, chercheur à l’Inserm, responsable de l’étude soutenue par l’ANRS : « La prochaine étape de ce projet de recherche est de comprendre à la fois le fonctionnement de ce système de détection au niveau moléculaire et comment cette détection déclenche la réponse immunitaire. Nous développons des stratégies vaccinales innovantes au laboratoire, et cette découverte ouvre la voie à de nouvelles études nécessaires pour le développement d’une nouvelle génération de vaccin capable de « mimer » la capside du VIH-2 et de déclencher par conséquent une réponse immunitaire chez les personnes atteintes du VIH-1. »