OMS : de nouvelles lignes directrices pour les couples séro-différents

Publié par jfl-seronet le 19.05.2012
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Elles sont en anglais, publiées dans un document de 54 pages à la couverture particulièrement austère ! Il s’agit de nouvelles directives qui encouragent les couples à passer des tests de dépistage ensemble. Les lignes directrices, diffusées par l’OMS, recommandent également que chez les couples séro-différents la thérapie antirétrovirale soit offerte à la personne vivant avec le VIH afin d’empêcher que son ou sa partenaire ne soit infecté(e) par le virus.
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Elles étaient attendues. Les voici. C’est l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui les a publiées (19 avril 2012). Elles sont très importantes. L’ONUSIDA s’est d’ailleurs vivement félicité de ces nouvelles directives et appelle tous les pays à les mettre en œuvre pour atteindre les objectifs énoncés dans la Déclaration politique des Nations Unies sur le sida de 2011. "Les couples peuvent tirer parti de la thérapie antirétrovirale pour améliorer leur propre santé et protéger leurs proches", a expliqué le directeur exécutif de l’ONUSIDA Michel Sidibé. "En encourageant les couples à passer le test de dépistage ensemble, nous pouvons offrir des options complètes pour la prévention et le traitement du VIH – qu’ils peuvent discuter et gérer en commun".


De nouvelles preuves indiquent désormais que la thérapie antirétrovirale diminue le risque de transmission du VIH d’une personne vivant avec le VIH à ses partenaires sexuels. L’OMS recommande que la thérapie antirétrovirale soit offerte aux personnes séropositives au VIH au sein de relations séro-différentes même lorsqu’elles n’en ont pas besoin pour leur propre santé. Les directives soulignent également qu’il est possible pour les couples de rester indéfiniment séro-différents pour le VIH s’ils pratiquent constamment des rapports sexuels à moindre risque en utilisant des préservatifs. "Je suis enthousiasmé par le fait qu’avec le lancement de ces nouvelles directives, des millions d’hommes et de femmes aient à leur disposition une option supplémentaire pour stopper les nouvelles infections à VIH", a déclaré Michel Sidibé. "Ce développement ouvre une nouvelle ère de dialogue en matière de prévention du VIH et d’espoir parmi les couples".

Que disent les nouvelles directives ? "Les couples qui passent le test ensemble et se dévoilent mutuellement leur sérologie VIH sont plus susceptibles d’adopter des comportements destinés à protéger leur partenaire que lorsqu’ils le font seuls. Un autre bénéfice potentiel du dépistage et de la divulgation des résultats en couple est que les couples peuvent se soutenir mutuellement, si l’un des partenaires ou les deux sont séropositifs au VIH, pour accéder au traitement et l’observer, ainsi que pour empêcher la transmission du VIH à leurs enfants", indique l’OMS. "On estime que la moitié des personnes vivant avec le VIH et dans une relation de couple stable, sont avec un partenaire séronégatif", explique l’organisation. "Des données récentes suggèrent, par ailleurs, qu’une bonne part des nouvelles infections survient chez ces couples séro-différents dans le contexte d’une épidémie généralisée. Selon la nouvelle stratégie préconisée (CHTC ou Couples HIV testing and counselling), un traitement antirétroviral doit être proposé au partenaire séropositif quel que soit le taux de CD4). Les recommandations actuelles préconisent de commencer le traitement antirétroviral à partir d’un taux de CD4 inférieur à 350 cellules/mm3", explique le "Quotidien du Médecin" (20 avril).


L’ONUSIDA recommande que le test et le conseil VIH soient toujours confidentiels et que le début du traitement soit toujours volontaire et ne soit jamais obligatoire ou coercitif. "Les couples devront avoir accès à toute la gamme des options disponibles pour la prévention du VIH, notamment l’usage des préservatifs masculins et féminins et la circoncision médicale masculine. On leur offrira également l’accès aux services de santé tels que le dépistage de la tuberculose et les services de santé reproductive y compris la planification familiale avec un accès à des contraceptifs efficaces et au conseil en matière de conception à l’intention des couples séro-différents", détaille l’organisme. Selon les estimations de l’ONUSIDA, près de 14 millions de personnes sont éligibles pour le traitement antirétroviral. A la fin de 2011, seules 6,6 millions de personnes bénéficiaient des médicaments. Les directives recommandent que dans les situations où les ressources sont limitées ou inadéquates, il faudra toujours donner la priorité aux personnes qui nécessitent une thérapie antirétrovirale pour leur propre santé. Une façon de dire que le TasP a bel et bien un intérêt, qu’il est bien un moyen d’enrayer l’épidémie, mais que dans un contexte contraint financièrement, le traitement doit être réservé aux personnes ayant moins de 350 CD4. Un choix qui se fait donc uniquement pour des raisons financières alors qu’il faudrait conduire de front deux politiques : une politique d’accès aux traitements pour soigner les personnes qui en ont besoin, une politique d’accès aux traitements pour éviter les nouvelles contaminations.