Parcours de vie et de santé des migrants : une enquête de l'ANRS

Publié par jfl-seronet le 26.05.2014
13 349 lectures
Notez l'article : 
0
 
Initiativeparcourts de viemigrantshépatite B

Financée par l’ANRS, l’enquête Parcours s’intéresse au "Parcours de vie, VIH et hépatite B chez les migrants africains en Ile-de-France". Elle a démarré en 2012. Directrice de recherche à l’IRD (Institut de recherche pour le développement), Annabel Desgrées du Loû, a présenté les premiers résultats de cette enquête lors de la conférence AFRAVIH à Montpellier. Le site de l’ANRS a interviewé la chercheure. Extraits.

Interrogée sur l'originalité et l'objectif de cette enquête, Annabel Desgrées du Loû rappelle d’abord que les personnes migrantes d’origine subsaharienne vivant en France sont particulièrement touchées par le VIH et l’hépatite B. "Cela est dû aux situations épidémiques des pays dont ils sont originaires, mais des données virologiques ont montré pour le VIH qu’une partie des infections survient en France", indique-t-elle. "L’étude Parcours portée par des chercheures de l’IRD, de l’INSERM et de l’INPES a pour objectifs de comprendre chez les migrants subsahariens vivant en France ce qui peut augmenter les risques d’infection par le VIH/sida et le virus de l’hépatite B, ce qui peut retarder l’arrivée dans le système de soins, et ce qui peut compliquer la vie avec l’infection". Une des spécificités de cette enquête est de prendre en compte "l’ensemble du parcours de vie de la personne dans ses différentes dimensions". Autrement dit, la vie sociale et professionnelle, le parcours migratoire, la santé… tout est abordé dans l’enquête.

Quelques résultats ?

Des premiers résultats de l’enquête Parcours, il a été tiré une présentation sur la précarité des migrants originaires d’Afrique Subsaharienne après l’arrivée en France. "Nous observons que, quelle que soit la pathologie et le groupe d’étude, les expériences de précarité sont fréquentes chez les hommes comme chez les femmes et signent une vulnérabilité spécifique des "arrivants" qui dure plusieurs années. Nous caractérisons dans la communication cette précarité selon différents indicateurs (absence de papiers, de logement stable, de ressources), le moment où elle survient et combien de temps elle dure", indique Annabel Desgrées du Loû dans son interview au site de l’ANRS. Une seconde communication a permis de comparer entre les deux pathologies VIH et Hépatite B le niveau de secret maintenu sur l’infection. Et Annabel Desgrées du Loû d’expliquer : "Nous observons que si le VIH est plus gardé secret que l’hépatite B, il y a une proportion non négligeable de personnes qui ont l’hépatite B qui n’en n’ont parlé à personne, surtout chez les hommes (un quart). En outre pour le VIH comme pour l’hépatite B, le secret s’inscrit dans des logiques genrées, les femmes en parlent plus que les hommes et les personnes à qui l’on se confie sont plus souvent des femmes".

Quelles sont les prochaines étapes ?

"Notre hypothèse est que la précarité est propice aux risques sexuels, car dans les situations de précarité se mettent en place des stratégies de survie où la préservation de la santé et la protection des rapports sexuels ne sont pas prioritaires", explique la chercheure. "Une prochaine étape de l’analyse consistera à vérifier cette hypothèse en analysant le lien entre précarité et risques sexuels, ainsi que le lien entre précarité et accès au soin".