Pauvreté : c’est du réel pour de nombreux Français !

Publié par jfl-seronet le 25.09.2014
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Chaque année, le baromètre IPSOS/Secours Populaire de la pauvreté permet de faire le point sur la question de la précarité en France, et notamment la manière dont elle est vécue et si elle est crainte par les Français. La huitième vague du baromètre, réalisée du 4 au 5 juillet auprès de 1 006 Français âgés de 15 ans et plus et interrogés par téléphone, révèle l’importance des difficultés rencontrées par nombre de Français pour qui la pauvreté n’est plus seulement une crainte, mais une réalité. Voici les infos clefs d’IPSOS.

La pauvreté est familière pour un nombre croissant de Français

En 2014, deux Français sur trois (66 %) déclarent connaître, parmi leur famille et/ou leurs connaissances, au moins une personne en situation de pauvreté, explique le baromètre IPSOS/Secours Populaire. C’est dix points de plus qu’en 2007, avant que la France ne soit touchée par la crise économique. Ils sont désormais 29 % à compter au sein de leur famille au moins une personne qui connait une situation de pauvreté (+2 points par rapport à 2007) et 46 % (+11) parmi leurs connaissances. La pauvreté semble devenue une réalité familière pour un nombre croissant de Français, quelle que soit leur situation sociale personnelle.

Pauvreté : de plus en plus de Français la craignent

Selon le baromètre, 55 % des Français déclarent désormais qu’ils se sont déjà dit à un moment de leur vie qu’ils étaient eux-mêmes sur le point de connaître une situation de pauvreté, ce qui représente une hausse de 10 points par rapport à 2007. Cette proportion est néanmoins légèrement en baisse par rapport à l’année dernière (-4 points). "Il sera intéressant de suivre l’évolution de cet indicateur dans le temps, pour voir si la baisse se confirme et constitue l’indice d’un début de reprise de la confiance", note l’IPSOS. "La crainte de basculer dans la pauvreté reste plus particulièrement mentionnée par les femmes (61 % contre 48 % des hommes), les Français sans diplôme (69 %) ou encore issus de catégories socioprofessionnelles modestes (66 %).

Qui craint la bascule vers la pauvreté ?

Dans le détail, sur ces 55 % de Français qui ont craint à un moment de basculer dans la précarité, 35 % ont vu leurs craintes se matérialiser, une proportion en baisse par rapport à 2013 (-6 points), mais qui reste significativement supérieure à l’avant-crise : 30 % en 2007.

Certaines catégories de population ont été particulièrement impactées par la crise économique : les jeunes (33 % des moins de 35 ans ont déjà effectivement connu une situation de pauvreté soit +14 points par rapport à 2007), les femmes (39 % ; +6 points), les Français habitant dans des zones rurales ou des communes de taille modeste (37 % des habitants de communes de moins de 20 000 habitants ; +10 points), les employés et ouvriers (44 % ; +9 points) ou encore les Français possédant les revenus les plus faibles (68 % des personnes dont le revenu mensuel net du foyer est actuellement inférieur à 1 200 € ; +9 points).

Economies : ce n’est plus possible !

L’impossibilité de mettre de l’argent de côté est "une réalité pour une majorité de Français et un facteur de vulnérabilité", note le baromètre. "A l’heure actuelle, seuls 43 % des Français parviennent, à la fin du mois, à mettre de l’argent de côté (40 % "un peu" et 3 % "beaucoup"). Les Français qui y parviennent le mieux sont, sans surprise, ceux qui ont les revenus les plus élevés, mais aussi les plus jeunes, qui ont, pour certains, encore peu de charges. Pour une majorité de Français, mettre de l’argent de côté est donc chose impossible, ce qui renforce leur vulnérabilité face aux aléas de la vie. Pour 37 %, leurs revenus leur permettent juste de boucler leur budget. Plus préoccupant encore, 11 % ne peuvent pas le boucler sans être à découvert et 8 % s’en sortent de plus en plus difficilement et craignent de basculer dans la précarité. Cette proportion de Français en grande difficulté est particulièrement élevée au sein des catégories socioprofessionnelles modestes (29 % des employés/ouvriers disent aujourd’hui vivre à découvert ou même craindre de basculer dans la précarité), les personnes sans diplôme (39 %) et surtout, assez logiquement mais inquiétant néanmoins, les personnes dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1 200 € (47 %).

Le seuil de pauvreté : nouveau palier

Le seuil de pauvreté aux yeux des Français est désormais de 1 070 €, un montant légèrement inférieur au SMIC mensuel net. En 2014, les Français considèrent qu’une personne seule est pauvre dans un pays comme la France quand elle dispose d’un revenu mensuel net de moins de 1 070 € en moyenne. Ce seuil moyen est en léger recul par rapport à 2013 (-34 €) et retrouve un niveau proche de celui cité en 2012. Il est légèrement inférieur au SMIC mensuel net (1 112,94 € depuis le 1er janvier 2014).Ce montant reste par ailleurs légèrement supérieur au seuil de pauvreté officiel calculé sur la base de 60 % du revenu médian national (977 € en 2011 selon l’INSEE) et qui sert de base au calcul par la CAF du plafond de revenus jusqu’auquel un individu peut prétendre au Revenu de Solidarité Active (RSA).

Etre pauvre en France : une réalité multidimensionnelle

Pour les Français, le fait de peiner à satisfaire des besoins primaires (se nourrir, se loger, sesoigner) demeure l’indicateur majeur d’une situation de pauvreté, mais d’autres critères ont désormais une place prépondérante dans l’évaluation d’une situation de pauvreté, note l’IPSOS. Parmi les principaux marqueurs de la pauvreté, les Français citent le fait d’éprouver régulièrement d’importantes difficultés pour payer ses dépenses d’énergie (électricité, chauffage, etc.). 91 % des Français considèrent que l’on est en situation de pauvreté lorsque l’on éprouve régulièrement d’importantes difficultés pour se procurer une alimentation saine et équilibrée. Enfin, 91% placent l’accès aux soins médicaux mal remboursés par la Sécurité Sociale parmi les principaux critères de définition de la pauvreté, soit une légère augmentation (+2 points) par rapport à 2007.

Des difficultés d’accès aux soins médicaux encore trop courantes

En 2014, entre 9 % et 32 % des Français (selon les soins considérés) déclarent avoir en raison de leur coût reporté de plusieurs mois un acte médical ou même renoncé à se faire soigner. L’accès aux soins dentaires est le point le plus problématique, et les difficultés vont plutôt en s’aggravant : 28 % des Français ont déjà en raison de son coût renoncé à une consultation chez le dentiste ou l’ont retardée de plusieurs mois (+5 points par rapport à 2007) et 32 % (+1) à l’achat de prothèses dentaires. Les soins ophtalmologiques et l’optique sont le deuxième point noir : 28 % des Français ont renoncé/retardé l’achat de lunettes ou lentilles de contact, et 19 % une consultation chez l’ophtalmologiste. Par ailleurs, consulter un médecin spécialiste a également posé problème pour plus d’un Français sur quatre : 26 % (+2 points par rapport à 2007) l’ont retardé ou y ont renoncé. Les soins les plus essentiels connaissent eux aussi un taux de renoncement alarmant : 18 % des Français déclarent avoir déjà renoncé ou retardé l’achat de médicaments, et 14 % une consultation chez un médecin généraliste.

Les plus modestes sont en toute logique les plus touchés par ce phénomène, notamment concernant les soins les plus essentiels, au risque de voir leur pathologie s’aggraver et les coûts associés augmenter : 31 % des Français dont le revenu est inférieur à 1 200 € ont ainsi déjà été conduit, en raison de son coût, à renoncer totalement à une consultation chez un médecin généraliste ou encore 41 % à s’abstenir de consulter un dentiste.

Baromètre IPSOS/Secours Populaire de la pauvreté. La huitième vague du baromètre, a été réalisée du 4 au 5 juillet auprès de 1 006 Français âgés de 15 ans et plus et interrogés par téléphone. Plus d’infos.

Commentaires

Portrait de Isa

Ne croyez surtout pas qu'elle n'exise pas en Suisse. Malheureusement les gens n'en parlent pas.