Prix du médicament : campagne "sauvage" pour MdM

Publié par jfl-seronet le 17.06.2016
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Thérapeutiqueprix des médicaments

Dans le prolongement de ce qu’elle a déjà entrepris sur la question du prix des médicaments (par exemple, le dépôt, le 10 février 2015, d’une opposition au brevet  sur le sofosbuvir de Gilead auprès de l’Office Européen des brevets), Médecins du Monde (MdM) a souhaité lancer, mi juin, une nouvelle campagne contre les médicaments trop chers. Cette dernière a fait l’objet d’un boycott.

Lundi 13 juin, la toute nouvelle campagne de Médecins du Monde contre les médicaments trop chers devait débuter. Elle ne sera finalement pas diffusée sur les panneaux légaux ou dans le métro puisque les grands réseaux publicitaires ont refusé de les diffuser. Conçue par l’agence DDB Paris, cette campagne se décline en 12 visuels prenant pour angle la rentabilité des maladies : "Une leucémie c’est en moyenne 20 000 % de marge brute", "Bien placé, un cancer peut rapporter jusqu’à 120 000 euros", "Le mélanome c’est quoi exactement ? C’est 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires". Le public est ainsi invité à se rendre sur le site leprixdelavie.com afin de signer une pétition, adressée à la ministre de la Santé Marisol Touraine pour faire baisser le prix des médicaments. Ces prix "exorbitants mettent en danger le système de santé et on a déjà assisté au rationnement du traitement efficace de l'hépatite C pour la première fois de notre histoire", souligne Olivier Maguet, administrateur de MdM et responsable pour l’association de cette campagne, cité par l’AFP (13 juin).

De nouveau, l’association appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités afin de permettre l'accès de tous aux traitements. "Malheureusement cette tendance à l'inflation des prix ne fait qu'augmenter et la Sécurité sociale peut de moins en moins payer", explique Olivier Maguet. Pour l’organisation non gouvernementale, ces "prix qui ne sont pas justifiés" et les marges des laboratoires pharmaceutiques sont "colossales et révoltantes". Dans une interview au quotidien "L’Humanité" (13 juin), le docteur Jean-François Corty, directeur des opérations internationales de Médecins du Monde, revient sur les raisons pour lesquelles MdM (avec d’autres d’ailleurs) s’est engagée dans ce combat. "Notre réflexion a démarré avec l’arrivée des nouveaux traitements contre l’hépatite C, les antiviraux à action directe, il y a deux ans. Ces médicaments révolutionnaires (…) avaient le potentiel de casser la dynamique de l’épidémie, en France comme dans le monde. Sauf que la première molécule mise sur le marché, le sofosbuvir (vendu sous le nom de Sovaldi, par Gilead) était facturée en France 41 000 euros la cure de 12 semaines, alors que son coût de production était estimé à 100 euros. Un écart inacceptable que les autorités françaises n’ont pas suffisamment combattu, préférant limiter l’accès des malades au traitement. Cette stratégie du tri menace aujourd’hui de s’étendre à d’autres traitements, contre le cancer par exemple, et va donc concerner des populations de plus en plus importantes. Nous vivons ce qu’ont vécu des pays comme le Brésil ou l’Inde avec les premiers antirétroviraux contre le sida : l’impossibilité de soigner tout le monde à cause des tarifs".

Faute de pouvoir bénéficier d’un affichage classique, des bénévoles de l’association ont procédé àun "affichage sauvage" de la campagne. Elle est, par ailleurs, diffusée via le web et les réseaux sociaux et dans les grands quotidiens nationaux.

Face à cette campagne, le Leem (Les entreprises du médicament) a piqué une colère. Il considère que cette campagne est de la "propagande mensongère". "Imaginer que Les entreprises du médicament spéculent sur l’aggravation de certaines maladies comme le cancer du sein n’est pas seulement injurieux pour les industriels, il est également particulièrement choquant et irrespectueux pour les millions de personnes qui se battent quotidiennement contre la maladie. L’arrivée d’innovations thérapeutiques majeures dans le domaine des maladies infectieuses ou en oncologie est avant tout une bonne nouvelle pour les patients. Ces innovations ouvrent des perspectives de guérison ou d’allongement de l’espérance de vie pour de très nombreux malades", note le syndicat des labos. "La question du prix des médicaments innovants ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt", ose même le Leem. Dans son communiqué, le Leem explique, entre autres, que "le chiffre d’affaires des entreprises du médicament a diminué sur les cinq dernières années et que en 2016 — comme d’ailleurs en 2015 — le taux d’évolution des dépenses de médicaments votées par le Parlement s’établit à -1 %. La France est aujourd’hui le dernier des grands marchés européens à être en récession alors que, du fait de l’innovation, les autres marchés européens ont renoué avec la croissance". Il explique aussi que "la plupart des médicaments ont aujourd’hui des prix particulièrement bas". S’agissant du prix des médicaments innovants, le Leem rappelle ses arguments habituels que les prix sont fixés par le Comité économique des produits de santé à l’issue de négociations avec les industriels, que le prix est fonction de l’évaluation des produits par la Has (Haute autorité de santé), que les recherches ont coûté cher aux laboratoires, que les laboratoires prennent des risques financiers, etc. Et le Leem de conclure : "Loin de servir l’intérêt des patients, les campagnes outrancières de stigmatisation ne contribuent qu’à entretenir des clivages artificiels et idéologiques. Les entreprises du médicament et leurs 100 000 collaborateurs appellent Médecins du Monde à ne pas se tromper de combat".

Du grand classique. Cela dit, les personnes qui n’ont pas encore accès aux traitements anti-VHC du fait du rationnement actuel consécutif aux exigences tarifaires des laboratoires ne pensent certainement pas que MdM et les autres associations ou collectifs mobilisés sur le prix des médicaments se trompent de combat.

Commentaires

Portrait de IMIM

Ce qui est  IRRESPECTUEUX et INJURIEUX se sont les marges de bénéfices que s'octroient les labos sur le dos des + faibles

S'ils ne spéculaient en bourse, ils ne seraient pas coté !

Le seul blem c que leur matière première est l"'humain", malade de surcroit....

Et comme" l'argent appelle l'argent", ils trainent des casseroles au Panama !!!mdr

Ce qui est CHOQUANT se sont les "pressions" de tt sortes, que peut excercer ce lobby  !?!?

Rappelons également qu'il existe des traitements curables contre le paludisme ou la tuberculose qui ne sont pas distribués ds certains pays, y compris européens, faute de moyen des états

Et la santé publique dans tout ça !?!?

Portrait de fil

HEPATITE C : LES TRAITEMENTS SONT AUSSI RENTABLES QUE LE COMMERCE ILLÉGAL DE L’OPIUM EN AFGHANISTAN 


Médecins du monde vient de lancer une campagne choc pour dénoncer le prix exorbitant des médicaments et le scandale sanitaire que cela provoque en France. Refusée par les annonceurs, qualifiée de « propagande mensongère » par le Leem (qui représente l’industrie pharmaceutique), elle a finalement été mise en ligne le 13 juin dernier. La pétition a déjà recueilli plus de 150.000 signatures. Olivier Maguet, responsable de cette campagne, s’explique. 

Capital : Vous venez de lancer une campagne choc pour dénoncer le coût très élevé de certains médicaments en France. Pourquoi maintenant ? 

Olivier Maguet : Parce que nous voulons pousser le gouvernement à renégocier certains tarifs avec les fabricants. Le problème n’est pas nouveau, mais il y a une dérive incroyable dans ce domaine depuis l’arrivée en France des antiviraux contre l’hépatite C début 2014. Les nouveaux traitements pour cette maladie coûtent en effet une fortune. Le prix va de 41.000 euros pour le premier d’entre eux, le Sovaldi, à 66.000 euros. Le gouvernement a certes négocié des rabais, mais en deux ans, l’assurance maladie a dépensé près d’un milliard pour 30.000 patients. Si l’on voulait soigner tout le monde au prix actuel, il faudrait encore dépenser quelque 8 milliards, un quart du budget annuel du médicament, c’est insoutenable ! C’est tellement cher que pour la première fois depuis la création de notre système d’assurance maladie en 1945, le gouvernement a décidé de réserver les soins aux cas les plus graves. Résultat : près de la moitié des 200.000 personnes atteintes aujourd’hui ne peuvent pas y avoir accès. Or tout malade non traité présente un risque élevé de développer un cancer du foie qu’il faudra bien soigner. Ce qui, à terme, pèsera forcément sur l’Assurance maladie. Nous sommes face à un véritable scandale sanitaire, comme si nous étions le Mozambique ou la Zambie ! Et tout cela n’est qu’un début, car les traitements contre le cancer coûtent eux aussi très cher. Or chaque année, le pays compte 400.000 cas supplémentaires… 

Capital : Les laboratoires pharmaceutiques, regroupés au sein du Leem, dénoncent une « campagne de propagande mensongère ». Ils affirment que le prix des médicaments est lié aux coûts de recherche et au service médical rendu. Que répondez-vous ? 

Olivier Maguet : On ne nie pas l’innovation thérapeutique des nouveaux traitements contre l’hépatite C. Contrairement aux trois quarts des médicaments qui arrivent sur le marché aujourd’hui, ceux-là sont révolutionnaires car ils permettent de guérir de la maladie dans plus de 90% des cas avec globalement peu d’effets secondaires . Mais il faut arrêter de se laisser enfumer par les arguments de l’industrie pharmaceutique. Les profits que certains laboratoires réalisent aujourd’hui sur le dos de l’Assurance maladie, et donc des assurés qui payent des cotisations, sont indécents. Les cas du Sovaldi et du Harvoni sont emblématiques, et nous ne sommes pas les seuls à le dire. Aux Etats-Unis, des sénateurs ont décidé d’ouvrir une commission d’enquête en 2013 parce que les dépenses de santé de la population carcérale, que l’Etat a obligation de prendre en charge, s’envolaient. Eh bien ils se sont aperçus que c’était le prix des traitements contre l’hépatite C qui faisait exploser le budget du fait de la forte propension d’usagers de drogues en prison. Ils ont conclu dans leur rapport rendu en juillet 2014 à une seule logique : celle de la maximisation du profit. Là-bas, un traitement au Sovaldi coûte 84.000 dollars ! 

Capital : L’industrie pharmaceutique affirme qu’elle fait payer cher aux pays riches pour vendre moins cher dans les pays pauvres… 

Olivier Maguet : C’est totalement faux ! Pharmasset, la société américaine qui a découvert la nouvelle molécule contre l’hépatite C, assure avoir dépensé 62 millions en recherche et développement. Gilead, le laboratoire américain qui l’a rachetée pour 11 milliards de dollars en 2011, a ensuite déboursé 400 millions maximum pour le développement clinique du Sovaldi et du Harvoni, ce qui fait un total de 500 millions en R&D. Mais son chiffre d’affaires a triplé entre 2013 et 2015 (à 33 milliards de dollars) et son bénéfice net après impôts atteint 12,1 milliards en 2014 pour 25 milliards de chiffre d’affaires. Son taux de marge est donc supérieur à 50% ! C’est absolument incroyable quand on sait que les profits du secteur pharmaceutique oscillent habituellement entre 10 et 40%, ce qui est déjà énorme par rapport à l’industrie en général. Moi qui ai travaillé en Afghanistan pour Médecins du monde, je peux vous assurer qu’il n’y a que le commerce illégal de l’opium qui permette d’avoir de telles marges ! Non seulement les coûts de R&D sont largement remboursés, mais Gilead a amorti le rachat de Pharmasset en une année seulement, c’est inespéré ! Ce n’est d’ailleurs pas étonnant quand on sait que le coût de fabrication d’un traitement ne dépasse pas 100 dollars. 

Capital : Si les prix sont si élevés, c’est aussi la responsabilité du gouvernement qui négocie les prix… 

Olivier Maguet : Bien sûr ! Avec cette campagne, nous n’attaquons pas l’industrie pharmaceutique, mais l’opacité du système de fixation des prix en France qui sont négociés avec l’Etat. La ministre de la Santé Marisol Touraine affirme avoir obtenu les prix les plus faibles d’Europe, mais un traitement contre l’hépatite C coûte 15.000 euros en Espagne, deux fois moins ! Quant à François Hollande, il a affirmé en mars avant le G7 que le prix des médicaments innovants devait être « maîtrisé », alors que le gouvernement n’a clairement pas fait son job de régulation dans ce domaine. Résultat : la santé publique n’est plus assurée aujourd’hui en France. 

Capital : Pour résoudre le problème, vous demandez au gouvernement d’exercer son droit de « licence d’office ». Qu’est-ce que cela permettrait ? 

Olivier Maguet : Cette disposition prévue à l’article L613-16 du code de la propriété intellectuelle et qui existe depuis 1945 donne à tout gouvernement la possibilité légale d’autoriser la fabrication de médicaments génériques quand il y a un danger pour la santé publique, soit parce que la production est insuffisante, soit parce que les prix sont trop élevés. Or c’est le cas aujourd’hui. Cet outil juridique n’a jamais été utilisé en France, mais il est très efficace. C’est grâce à lui que les pays africains ont pu sauver leurs populations atteintes du sida (NDLR : voté en 1997 par l’Afrique du Sud, cela a abouti au fameux procès de Pretoria, mais les laboratoires ont fini par abandonner toute poursuite en 2001). Après le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, la simple menace de l’activer a aussi poussé le laboratoire qui vendait les antidotes contre l’antrax à baisser ses prix. Nous demandons au gouvernement français de faire pareil avec les traitements contre l’hépatite C. Mais Marisol Touraine refuse en prétextant que cet outil juridique aurait une valeur faible. C’est incompréhensible compte tenu de la situation actuelle. 

http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/hepatite-c-les-traitements-son...

Portrait de IMIM

les laboratoires ont la même mentalité que les plus gros dealers du monde !!!!! Donc ils s'octroient les mm marges de bénef !!!?

Avec l'aval de l'Etat français, qui devait "s'attaquer au monde de la finance " dans lequel les labos briguent les 1ère places!!MDR

Nous sommes en droit, nous citoyens qui finançons l'assurance maladie,  de savoir POURQUOI les prix ne sont pas re négociés avec les outils juridiques dont nous disposons  ????

Quels accords tacites sont passés entre les 2 parties?  Quels "chantages" sont excercés ?

Quels motifs à ce recul ??

Portrait de ballif

mon travail à la Commission européenne était dans le service des fusions d'entreprises  elles se font suivant des règles qui sont surtout les aventages pécuniers par ceux qui veulent êtres ensemble

les consomateurs sont des pigeons qu'ils doivent plumer