RDR et drogues : Le gouvernement répond à un député UMP

Publié par jfl-seronet le 15.08.2013
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On le sait d’évidence depuis les débats sur le mariage pour tous, le député UMP Marc Le Fur a des idées très arrêtées et pas très progressistes (pour faire simple). Mais le mariage pour les couples de même sexe n’est pas l’unique sujet sur lequel le parlementaire a une nette tendance à regarder dans le rétro. Il en va ainsi de la RDR en matière des drogues. Marc Le Fur n’apprécie guère Asud et Techno+, il a même écrit à Marisol Touraine, ministre de la Santé pour s’en plaindre. La ministre a répondu.

Le 19 mars 2013, Marc Le Fur adresse donc une question écrite au gouvernement. Le député UMP "attire l'attention (…) sur le financement des associations Asud (auto-support des usagers de drogue) et Techno +. Ces deux structures reçoivent respectivement des financements de 230 000 et 220 000 euros chaque année. Or ces associations propagent [sic !] des messages qui vont à l'encontre des objectifs poursuivis en matière de lutte contre la toxicomanie". Et le député de développer : "L'association Asud a ainsi pour logo une seringue et évoque dans son journal, "Le plaisir que chacun retire d'une prise de drogue" (…) Dans son n° 50, cette association, bénéficiaire de subventions publiques, a même publié un test comparatif de 50 produits stupéfiants ! Techno+ (…) vante également sur son site internet l'usage des produits stupéfiants". Marc Le Fur demande : "Qu’on lui indique le montant des subventions prévues pour ces associations au titre de l'année 2013". Bref, haro sur la RDR !

Le 16 juillet 2013, est parue la réponse du gouvernement. On la doit à Marisol Touraine, ministre de la Santé. "La politique de réduction des risques en direction des usagers de drogue a pour objectif de prévenir les risques immédiats liés à la consommation de drogues illicites, notamment les contaminations par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) et le virus de l'hépatite C. Cette politique a porté ses fruits, puisque le nombre d'infections par le VIH chez les usagers de drogues a été divisé par quatre depuis le milieu des années 1990 grâce à l'essor des traitements de substitution aux opiacés et la mise à disposition de matériel d'injection stérile", rappelle la réponse ministérielle. Elle indique que : "Le nombre de décès par overdose a lui aussi diminué au cours des mêmes années". Concernant la mise en cause de structures de réduction des risques, elle précise que : "Le cadre d'exercice des intervenants en réduction des risques s'inscrit dans le référentiel national de réduction des risques en direction des usagers de drrogues, fixé par le décret du 14 avril 2005 et codifié. L'association auto-support des usagers de drogue (ASUD) joue un rôle notable dans le dispositif de réduction des risques en direction des usagers de drogues, et, plus largement, quant à l'amélioration des conditions sanitaires et sociales de cette population, en menant une action de santé communautaire auprès d'usagers, actifs ou anciens, dans le cadre d'une démarche de prévention par les pairs. Par ailleurs, cette association participe à la démocratie sanitaire, en représentant les usagers dans différentes instances, ainsi que dans des projets de recherche. ASUD joue également un rôle de relais de premier plan dans la diffusion des alertes sanitaires auprès des usagers de drogues". Ainsi explique, très pédagogiquement le ministère : "Les actions d'ASUD n'ont pas vocation à encourager l'usage de drogues, mais à alerter sur les risques liés à la consommation des drogues. A cette fin, elle utilise une forme de communication adaptée à cette population à risques".

Côté budget, le gouvernement explique : "En 2012, la subvention annuelle versée par le ministère en charge de la santé a été d'un montant de 130 000 €. Elle contribue à financer, en plus de la publication "ASUD journal", la fonction de représentation et de mobilisation d'une population particulièrement exposée à des risques sanitaires majeurs. Le gouvernement n'entend pas remettre en cause cette subvention dans la mesure où elle concourt à la politique de réduction des risques infectieux pour une population particulièrement vulnérable. La même analyse prévaut pour l'association Techno+, qui, de plus, a fait l'objet d'un audit par un cabinet indépendant en 2011. Cette association est un interlocuteur important dans le milieu de la réduction des risques grâce à sa connaissance du milieu festif".

Là encore, la ministre défend l’action de l’association : "L’association (...) ne délivre aucun message incitatif à la consommation de substances illicites, mais informe les usagers potentiels sur les risques sanitaires encourus. Là encore, le ministère en charge de la santé n'entend pas remettre en cause la subvention versée à Techno+, d'un montant de 100 000 euros".