Samedi : en route pour ma première CROI

Publié par Renaud Persiaux le 28.02.2011
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Croi 2011
"The place to be" ! Pas de mystère, il est indispensable d’être présent à la CROI. Pour cette 18ème édition qui se déroule jusqu’au 2 mars à Boston, Emmanuel et Renaud vont nous faire vivre cette conférence de l’intérieur : données qui font la une, résultats importants, nouvelles stratégies thérapeutiques, ambiance et anecdotes… On saura tout… ou presque. Renaud participe pour la première fois à cet événement. Depuis Boston, il raconte.
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2011, 18e CROI, âge de la majorité pour la Conférence sur les rétrovirus – c'est-à-dire le VIH, essentiellement – et les infections opportunistes, ont noté nombre de cliniciens. Des vieux de la vieille. Pour moi, c’est la première. Les années précédentes, je suivais les résultats à distance, notamment sur Seronet. Cette année, c’est moi qui m’y colle, et je mesure ma chance. Dans mon sac, l’alléchant programme de poche (70 pages sans compter les 100 pages de posters, ces fameux résumés de recherches scientifiques présentées telles des affiches).
18 ans de CROI, c’est entendu. Mais 2011, mais c’est aussi les 20 ans de la mort du journaliste et écrivain Hervé Guibert. En plus de mon programme, j’ai emporté (on vient de me l’offrir) l’"Hervé" de Brigitte Ollier, qui collecte des souvenirs de ceux qui l’ont connu (lire l'article ici), "A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie", où Guibert raconte comment on lui avait fait miroiter un traitement censé lui sauver la vie, et le livre disque de Vincent Josse qui réunit des textes de Guibert sur la photo, lus par Juliette Gréco, Anouk Grimbert, Jean-Louis Trintignant et Cyrille Thévenin (vous pouvez en écouter des extraits dans l’émission "L’Atelier", sur le site de France Inter).

"The place to be"
Cette CROI 2011, c’est aussi un anniversaire ou plutôt deux : les 30 ans de l’épidémie, et les 15 ans de l’arrivée des trithérapies au Nord. Sans oublier les 11 ans de la Déclaration des Nations Unies, qui fixait pour 2010 l’objectif de l'accès universel aux traitements, aux soins et à la prévention. Il est des chiffres dont il faut se rappeler en allant dans une conférence sur les progrès thérapeutiques : en juillet dernier, on apprenait que seuls 5,2 millions des 33,3 millions de personnes vivant avec le VIH avaient accès aux traitements. Moins d’un tiers des personnes qui en ont pourtant un besoin urgent !
Départ de Paris à 7h30, ce qui signifie, lever 4h30. 5h18 : arrivée dans un Orly désert. Moment de calme avant l’effervescence. 7h30 : décollage pour Heathrow, l'aéroport de Londres, avant de prendre le vol pour Boston. 11h30 de voyage. Sorte de 10 000 m qui annonce le marathon des prochains jours. Dimanche, ce seront les retrouvailles avec Emmanuel de la Coalition PLUS qui, loin d’être un bleu comme moi, est un habitué : 15e CROI pour lui.
Car la CROI, c’est "the place to be" en février-mars, LE rendez vous annuel de tous les chercheurs et cliniciens-chercheurs, quatre jours où les grands résultats de médecine et de recherche sont annoncés et où les changements de stratégies peuvent s’entériner.

Conférence de médecins et de chercheurs
Alors, on ne va pas jouer réellement au docteur, mais plutôt se rappeler notre rôle de média associatif...et garder en tête que les associations ont gagné de haute lutte de pouvoir assister à ces conférences scientifiques dont les portes, à l’origine, ne leur étaient pas si ouvertes que ça. Mon objectif : en plus des données qui feront la une, traiter les infos intéressantes du point de vue des personnes, en partant des besoins et des envies, sans oublier des études plus confidentielles qui ne sont pas forcément de celles qui passionnent la majorité des médecins.

Demandez le programme
La CROI 2010 avait été marquée par les données sur le traitement comme prévention, qui annonçaient l’addition franche et massive de cette option dans la boite à outils préventifs à l’occasion de la Conférence internationale de Vienne, en août. Et pour 2011 : en milieu de semaine, dans la "e-lettre de l’infectiologie", destinée aux cliniciens, le Pr Gilles Pialoux (Hôpital Tenon) indiquait les grandes tendances. Ce sera une CROI sans véritable scoop, mais très copieuse. Au menu : prévention, dépistage et PrEP (prophylaixe pré-exposition), inflammation notamment dans le cerveau, résultats au-delà d’un an de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Quelques points forts ? Mardi matin, les résultats des études détaillées d’Iprex, un essai visant à donner des antirétroviraux à des gays séronégatifs pour leur éviter de se contaminer (prophylaxie pré-exposition, ou PrEP) dont les premiers résultats avaient étés publiés en novembre.Et mercredi, les premiers résultats des nouvelles molécules anti-VHC chez les personnes co-infectées n’ayant jamais tenté le traitement par bithérapie (interféron + ribarivine). Des recherches plus précoces aussi. Concernant l’"éradication" (l'idée de supprimer tout le virus de notre organisme, ce qui permettrait la guérison), des virologues me prévenaient hier : "Vous risquez d’être déçu". De fait, la session s’intitule "Obstacles à un remède". Au programme aussi, des données sur la translocation microbienne (le passage de fragments bactériens dans notre organisme, rendu possible par la destruction des défenses immunitaires de l’intestin, au tout début de l’infection par le VIH), qui est ue cause importante de suractivation immunitaire et... de mort des CD4. Les vaccins thérapeutiques passent eux, encore une fois, plutôt inaperçus.

Pendant ce temps à Paris…
Mais comment oublier que pendant que nos cliniciens – la recherche française VIH est en 3e position internationale, aime à rappeler le directeur de l’ANRS, Jean-Francois Delfraissy – travaillent à améliorer encore et encore la qualité des traitements et de la prise en charge, nos députés s’apprêtent à restreindre le droits au séjour pour soins des étrangers malades. Et à rendre possible leur expulsion dans leur pays d’origine si les médicaments antirétroviraux y sont "disponibles". Une disponibilité bien théorique quand leur accessibilité est souvent très relative, et que les standards de soins au Sud sont loin d’avoir, pour l’heure, rejoint ceux du Nord.

Commentaires

Portrait de Vincent

Salut Renaud, Merci je lirai avec attention vos récits même si aucune grande découverte ne semble attendue ! Vincent