Santé des migrants et des réfugiés : Mdm dénonce et propose

Publié par jfl-seronet le 29.12.2016
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Droit et socialmigrantsréfugiés

En Europe, l’accès aux soins devient de plus en plus difficile pour les personnes en grande vulnérabilité, explique un récent rapport de Médecins du Monde (MdM), sorti mi novembre. En voici quelques infos clefs.

Les personnes migrantes et réfugiées, en particulier, se trouvent toujours plus éloignées des systèmes de santé nationaux. Médecins du Monde a recueilli des données dans douze pays européens qui figurent dans son rapport. Parmi ces chiffres, on trouve les données médicales et sociales collectées en 2015 dans les centres gérés par Médecins du Monde et ses partenaires dans 31 villes de douze pays. Ce rapport  "témoigne d’une augmentation de l’exclusion et de l’inégalité des systèmes de santé de droit commun". Ainsi parmi la population migrante, seules 3,1 % des personnes citent la santé comme une des raisons de leur migration, et les trois quarts des personnes porteuses de pathologies chroniques ont découvert leur maladie seulement une fois arrivés en Europe. Pourtant, le mythe du migrant qui vient en Europe pour se faire soigner continue d’être répandu, dénonce l’organisation non gouvernementale.

Les femmes et enfants particulièrement vulnérables

Les chiffres de MdM "témoignent d’une réalité particulièrement inquiétante". Ainsi, "68 % des personnes rencontrées dans nos centres d’accueil et de soins n’ont pas de couverture santé (y compris les femmes enceintes). Parmi les femmes enceintes, 60 % sont en situation administrative précaire et limitent leurs mouvements de peur d’être arrêtées. De même, plus de 40 % des femmes enceintes n'ont pas eu accès à des soins prénataux, et près de 60 % n’ont pas été testées (VIH, VHB, VHC) et ne savent pas où se rendre pour être dépistées", détaille le rapport 2016.

Pour l’accès de tous à la santé en Europe

"2015 restera pour nous tous l’année où la solidarité internationale avec les migrants et les réfugiés a révélé sa force et ses faiblesses. Cet élan s’est illustré au travers de la solidarité des citoyens de toutes les nationalités : ils se sont organisés pour aider les migrants et répondre à leurs besoins et leurs espoirs. Notre déception est cependant immense face à  l’incapacité des gouvernements européens de s'accorder sur des règles communes. En violation complète des obligations d’accueil et de protection liées aux conventions internationales, ils ne réussissent pas à fournir une réponse respectueuse des besoins des personnes fuyant des guerres, des conflits et des situations menaçant leur vie", explique le docteur Françoise Sivignon, présidente de Médecins du Monde France, dans le communiqué qui accompagne la sortie du rapport 2016.

Les revendications de MdM

"Plus que jamais, nous interpellons les Etats européens pour permettre l’accès de tous aux systèmes de soins nationaux. Les multiples actes de violence vécus par les patients devraient attirer l’attention des autorités sanitaires sur les besoins des migrants et réfugiés. Dans chaque pays, des conditions d’accueil et des soins adaptés doivent être mis en place", indique l’ONG. Cette dernière exige des Etats membres et des institutions de l’Union européenne :

● L’accès de tous aux systèmes de santé nationaux, fondés sur la solidarité, l’égalité et l’équité
● Des conditions d’accueil appropriées (abris, installations sanitaires et d’hygiène, soins, accès à l’information, etc.), en accord avec les standards minimums de santé publique ;
● La mise en place de voies d’accès légales et sécurisées, avec la possibilité de demander l’asile dans le pays de son choix
● Des conditions d'accueil et de protection juridique satisfaisantes, spécifiquement pour les femmes et les enfants, qui représentent désormais la majorité des migrants/réfugiés.
Pour MdM, cela signifie que les "Etats membres et les institutions de l’Union européenne doivent arrêter immédiatement la détention des mineurs et mettre en place des structures adaptées aux enfants isolés", que "chaque femme doit avoir accès aux soins périnataux, à un accouchement sécurisé et à l’avortement si elles le veulent", que "chaque enfant doit avoir accès aux programmes de vaccination nationaux et aux soins pédiatriques".