Santé, social : les inégalités augmentent

Publié par jfl-seronet le 24.02.2014
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Chiffresprotection socialeinégalité sociale

Chaque année, la DREES (1) publie son Baromètre d’opinion (2) réalisé par l’institut BVA. Dans l’édition 2013, les Français s’inquiètent des inégalités, mais réaffirment leur soutien au système public de protection sociale. Voici quelques unes des tendances.

Premier point fort de ce Baromètre 2013, les Français perçoivent de plus en plus la montée des inégalités sociales. Pas trop le choix… beaucoup les subissent. Fort logiquement, dans ce contexte, ils restent très attachés au système public de protection sociale et d’assurance maladie. "En 2013, marqués par la crise, les Français sont critiques. Neuf sur dix estiment que les inégalités ont plutôt augmenté au cours des cinq dernières années. Seuls sept Français sur dix partageaient ce constat dans les années 2000. S’ils considèrent, à 42 %, les inégalités de revenus comme les plus répandues, ils jugent les inégalités d’accès aux soins comme les moins acceptables (22 % des réponses), devant les inégalités de revenus (19 %) et de logement (16 %)", indique la DREES. Les Français se disent satisfaits de leur situation personnelle, mais près de la moitié d’entre eux craignent une situation de chômage dans les mois à venir, pour eux ou leurs proches. Ils sont aussi plus pessimistes pour les générations futures.

La santé se dégrade

S’estimant en bonne santé, une perception stable depuis 2007, ils sont, pour la première fois, plus nombreux à penser que la santé de leurs compatriotes se dégrade. Si 68 % d’entre eux s’estiment satisfaits de la qualité des soins à l’hôpital, une part croissante pense que celle-ci s’y est détériorée ces dernières années. Par ailleurs, pour six Français sur dix, la qualité des soins diffère selon les revenus et le lieu où l’on habite. La satisfaction quant à l’accès aux dentistes et aux médecins a baissé entre 2007 et 2013 (82 % à 68 % pour les médecins, 81 % à 70 % pour les dentistes).

Soutien de l’Etat

Face à ces constats, les Français continuent d’en appeler au soutien de l’Etat et au monopole de la Sécurité sociale. Une large majorité (64 %) juge normal que la France consacre un tiers du revenu national au financement de la protection sociale. Néanmoins, les Français sont plus nombreux qu’en 2000 à considérer cette part comme excessive. Mais pour 61 % d’entre eux, l’État reste l’acteur majeur de la solidarité contre une minorité à penser que ce rôle doit revenir aux familles (8 %), aux associations (5 %) ou aux compagnies d’assurances (2 %). Une évolution notable : en 2013, 60 % des Français jugent que les entreprises ne doivent cotiser ni plus ni moins qu’actuellement pour la protection sociale, contre 48 % en 2010. Et ils ne sont plus que 32 % à penser qu’elles doivent cotiser davantage contre 45 % en 2010.

Quel seuil de ressources pour vivre ?

Entrée intéressante, le Baromètre a demandé aux Français quel était, selon eux, le seuil de ressources mensuel minimum pour vivre. Résultat ? 1 490 euros par mois pour vivre. "Ce montant augmente davantage que les prix : il est supérieur de 75 euros par rapport à 2008, inflation déduite. Il varie en fonction des revenus, les cadres et professions libérales citant 1 560 euros en moyenne, contre 1 410 euros pour les ménages les moins riches", note la DREES. A titre de comparaison, selon l'Insee, le niveau de vie médian après impôts s'élevait en 2011 à 1 630 euros par mois, c'est-à-dire que la moitié des Français gagne moins, l'autre moitié plus. La même année, 8,7 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 977 euros par mois.

(1) Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques
(2) Outil de référence depuis 2000, le Baromètre d’opinion de la DREES analyse l’opinion des Français sur la santé, la protection sociale (assurance-maladie, retraite, famille, handicap-dépendance, pauvreté-exclusion) ainsi que sur les inégalités sociales. Les données de la vague 2013 ont été collectées du 14 octobre au 26 novembre par l’institut BVA, auprès d’un échantillon de 4 000 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans ou plus en France métropolitaine.