SIDA : des pays à surveiller

Publié par jfl-seronet le 13.02.2011
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lutte contre le VIHEnjeux
C’est à un petit exercice de prospective que s’est livré (4 février) le site IRIN/PlusNews. Le site qui traite très régulièrement des questions de VIH/sida a, en effet, dressé une liste de cinq pays dont l’évolution, dans le champ de la lutte contre le sida, pourrait "déterminer l’avenir de la pandémie en 2011." Explications.
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Dans un contexte où la "situation semble s’améliorer sur le front du VIH : le nombre de nouvelles infections est en baisse, le nombre de personnes sous traitement est en hausse et on assiste à des progrès dans la lutte contre la discrimination des personnes infectées au VIH", IRIN/PlusNews a choisi cinq pays, des cas très différents, où les enjeux en matière de lutte contre le VIH sont cruciaux. Pour chacun de ces pays, les spécialistes du site ont retenu les principaux problèmes, une façon de poser les enjeux et de tracer des pistes d’action.
Le choix de l’Afrique du Sud se passe de justifications. Comme le rappelle IRIN/PlusNews, le pays "affiche (…) le plus grand nombre de cas au monde – plus de cinq millions – et dispose du plus vaste programme de distribution d’antirétroviraux (ARV) – plus d’un million d’habitants sont sous traitement." Elément déterminant, "le gouvernement finance la majeure partie des efforts de lutte contre le sida et ne dépend pas autant que d’autres [pays] des ressources externes. Dans le budget national de la santé, le montant alloué au VIH/sida est passé de [627 millions de dollars] en 2008 à environ [774 millions de dollars] en 2010." Le pays dispose également, après des années d’inertie, d’un volontarisme politique en matière de lutte contre le sida. Les experts attendent beaucoup de deux mesures phare du gouvernement : une campagne nationale de conseil et de dépistage du VIH et une décentralisation renforcée du traitement antirétroviral pour permettre aux infirmiers des centres de santé primaires de donner le médicament. Des résultats sont attendus pour 2011, avance IRIN/PlusNews.
Autre pays, la Russie. Le problème est différent. En effet, sont majoritairement concernées les personnes consommatrices de drogues injectables. 37 % des quelque 1,8 million des personnes consommatrices seraient touchés par le VIH. Ce n’est un secret pour personne que le pays est "confronté à l’une des plus importantes épidémies de VIH d’Europe de l’Est." La cause ? La Russie se refuse à toute politique de réduction des risques. "D’après les experts, la prévalence du VIH risque de continuer à augmenter si la Russie ne revoit pas ses politiques en matière de drogues", indique le site.
En Ouganda aussi, les enjeux sont d’importance. "Autrefois considéré comme le pionnier de la lutte contre le VIH, l’Ouganda a vu son taux de prévalence chuter de 18 % en 1992 à environ 6,1 % en 2004, rappelle IRIN/PlusNews. L’ONUSIDA rapporte toutefois que le taux de prévalence actuel du VIH en Ouganda a connu une hausse et oscille entre 6,5 et 7 %. La Commission ougandaise sur le SIDA a également remarqué un renversement des tendances dans les comportements sexuels préventifs de la population en général. "Du coup, les campagnes de prévention ciblent désormais "les personnes ayant des partenaires sexuels multiples, la catégorie de population qui compte le plus grand nombre de nouvelles infections."
En Haïti, la situation reste délicate. Si la plupart des patients qui prenaient des antirétroviraux avant le tremblement de terre ont été remis sous traitement, les programmes nationaux de lutte contre le sida restent très fragiles. Pour IRIN/PlusNews, le challenge de 2011 pour ce pays est, alors que les priorités sont multiples (reconstruction, etc.), que le VIH ne soit pas oublié.
Dernier pays retenu, l’Inde. "Plus de 80 pour cent des antirétroviraux (ARV) financés par les bailleurs de fonds et distribués dans les pays en développement sont des médicaments génériques fabriqués en Inde", rappelle IRIN/PlusNews. La signature d’un accord de libre-échange avec l’Union européenne pourrait toutefois faire perdre au pays sa capacité à produire à faible coût un médicament générique essentiel pour les pays pauvres. On voit bien l’enjeu.
Plus d’infos sur www.irinnews.org/fr