Trans : plus une maladie ? Pas si simple

Publié par jfl-seronet le 16.02.2010
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Un récent décret indique que le transsexualisme n'est plus considéré comme une maladie mentale en France. Il n'en reste pas moins que cette déclassification est loin de tout résoudre puisque le transsexualisme reste psychiatrisé en France. Pour l'association OUTrans si "le ministère de la Santé semble soucieux du bien-être des trans : il a encore tout à prouver"

Le transsexualisme n'est plus considéré comme une maladie mentale en France, indique l'AFP citant la publication d'un décret (10 février) au Journal officiel. Ce décret du ministère de la Santé supprime "les troubles précoces de l'identité de genre" d'un article du code de la Sécurité sociale relatif aux "affections psychiatriques de longue durée". "La France est le premier pays au monde à ne plus considérer le transsexualisme comme pathologie mentale", s'est félicité (12 février) Joël Bedos, responsable français au Comité IDAHO (International Day Against Homophobia and transphobia) auprès de l'AFP. Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, avait annoncé le 16 mai 2009, que le transsexualisme ne serait plus considéré comme une affection psychiatrique en France. Pour l'association OUTrans, ce n'est pas si simple. L'association estime même que "la France n'a pas dépsychiatrisé la transidentité".

OUTrans rappelle ainsi que le "ministère de la Santé vient bien de publier le décret qui reclasse la transidentité des ALD 23 (affections psychiatriques longue durée) à l’ALD 31" mais que ce décret "ne va pas dans le sens d'une dépsychiatrisation de la transidentité", puisqu'en pratique, rien ne change pour les personnes trans qui restent considérées comme des malades devant être soumises à un suivi psychiatrique.

L'association OUTrans regrette que ce décret ne soit pas accompagné d'autres mesures qui, elles, auraient un impact réel sur la vie des personnes trans comme la "dépsychiatrisation effective de la transidentité", "la reconnaissance de la transphobie comme discrimination au même titre que le racisme ou l'homophobie" et une "facilitation d'accès au changement d'état civil" . C'est-à-dire "la suppression des obligations de traitement hormonal, de suivi psychiatrique, d'opérations chirurgicales", avance l'association. Pour OUTrans, une autre avancée notable aurait été "la suppression du recours aux expertises médicales, humiliantes et souvent vécues comme des viols, et ce y compris pour les personnes ayant été opérées à l'étranger." L'association OUTrans indique que pour les personnes qui sont en ALD, il ne devrait pas y avoir de rupture de la prise en charge. Si vous avez un problème avec l’ALD, n'hésitez pas à prendre contact avec l'association.

"Les associations trans veilleront à ce que les transsexuels français continuent d’être pris en charge par la Sécurité sociale, le transsexualisme pourrait être alors classé comme affection longue durée hors liste", précise le Centre LGBT Paris Ile-de-France qui considère que ce décret est "une avancée, qu’il faut saluer, mais les revendications trans sont loin d’être satisfaites et le chemin à parcourir pour ne plus être stigmatisés et discriminés, bien long."
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