Troubles sexuels : la tête plus que les traitements ?

Publié par tofo le 11.08.2008
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sexualitétroubles de la sexualitédysfonction sexuelle
Un tiers des personnes vivant avec le VIH rencontrent des difficultés dans leur vie sexuelle : telle est la conclusion de l’étude Vespa qui s’est attachée à décrypter les facteurs psychologiques associés à ces difficultés. Un nouveau regard sur des troubles que certaines hypothèses attribuaient jusqu'alors aux traitements, en particulier lorsqu’ils comprennent des inhibiteurs de protéase.
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1 812 personnes au total ont accepté de répondre à un questionnaire portant sur différents aspects de leur vie quotidienne et leurs conditions socio économiques. L’âge moyen des répondants (24,4% de femmes) était de 42 ans. En tiers (33,3%) des participants ont déclaré avoir rencontré des difficultés sexuelles au cours des 4 semaines précédant l’enquête, en particulier les homosexuels, les femmes usagères de drogues par voie intraveineuse et les migrants hétérosexuels. Des difficultés également plus courantes chez les personnes ayant peu de rapports sexuels, et chez celles qui prennent des antidépresseurs ou des anxiolytiques. Les personnes ayant à la fois déclaré une relation stable et des partenaires occasionnels au cours des 12 derniers mois étaient, à l’inverse, moins souvent victimes de ces difficultés.

Mais d’autres facteurs apparaissent également fortement associés aux dysfonctionnements évoqués : avoir eu un partenaire sexuel mort du VIH, avoir connu plus de 4 personnes mortes des suites de la maladie et/ou connaître plus de 4 personnes atteintes, ou encore avoir été victime de discrimination en raison de son statut sérologique. Le taux de CD4, la charge virale, le stade de la maladie ou le fait d’être sous traitement n’auraient, en revanche, aucun lien avec ces difficultés. Mais les personnes diagnostiquées depuis plus longtemps semblent plus à même de les rencontrer.Enfin, les personnes estimant que les traitements sont très efficaces déclarent moins de troubles de la sexualité, alors que celles qui souffrent d’effets secondaires très handicapants ou de lipodystrophie sont plus souvent victimes de difficultés.

Pour les auteurs de l’étude, 3 facteurs essentiels semblent ainsi associés aux difficultés sexuelles rencontrées par les personnes interrogées : connaître plus de 4 personnes vivant avec le VIH, souffrir de lipodystrophie ou d’effets secondaires handicapants, et avoir été victime de discrimination au cours des 12 derniers mois. Trois domaines mériteraient donc, selon eux, de faire l'objet d'investigations supplémentaires :
– Les relations entre estime de soi, lipodystrophie et qualité de vie sexuelle, les difficultés rencontrées par les personnes victimes d’effets secondaires importants ou de lipodystrophies pouvant s'expliquer par le fait qu'elles se sentent moins attractives ;
– L'influence sur le ressenti de ces difficultés d'un réseau social dont plusieurs membres sont atteints par le VIH. S'il a évidemment un rôle positif de soutien, ce réseau pourrait également avoir un effet psychologique négatif par le seul fait de savoir que la maladie peut entraîner de telles difficultés ;
– et enfin l’impact sur la vie sexuelle de discriminations liées au VIH, en particulier lorsqu’elles proviennent de partenaires sexuels.
Un rôle prédominant des facteurs psychologiques qu’il importe de s’attacher à comprendre pour prévenir et gérer des difficultés qui pourraient, paradoxalement, accroître la prise de risques sexuels.

 

Source :" Sexual Difficulties in People Living with HIV in France—Results from a Large Representative Sample of Outpatients Attending French Hospitals (ANRS-EN12-VESPA)", Bouhnik AD, Préau M, Schiltz MA, Obadia Y, Spire B; VESPA study group, AIDS Behav (2008) 12:670–676 


(Crédit photo : The unmade bed, Richard Pluck)

 

Commentaires

Portrait de Zauberberg

Ce qui m'étonne dans cet article, c'est qu'à aucun moment n'est évoqué l'intérêt que représente, pour les personnes vivant avec le vih, la prise de médicaments tels que Viagra, Cialis, Lévitra... J'ai d'ailleurs consacré sur mon blog une contribution sur ce thème. Je te rappelle en outre qu'il est toujours possible très officiellement de se procurer les déclarations de Kouchner quand il était ministre de la santé et sur ses promesses de prise en charge de ces molécules par la Sécu, en ce qui concerne notamment les pvvih. Tu te fais donc l'écho d'un article qui dit qu'en gros, un séropositif ne bande plus parce que ça se passe dans sa tête. Est-ce bien sérieux ? Es-tu sérieux ?