Une vie de zèbre (1) : La santé… pour votre plus grand bien !

Publié par jfl-seronet le 06.03.2016
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Culturelivresocialaccident de la vie quotidienne

Un rendez-vous autour de la culture ! C’est ce que vous propose désormais l'équipe de Seronet. Evidemment, les Séronautes ne nous ont pas attendus pour publier textes et avis sur des événements culturels, pour échanger des conseils et c’est tant mieux. Notre idée est celle d’un feuilleton qui brasse découvertes et arts, curiosités et livres, idées et trouvailles culturelles. Disons que nous faisons nôtre ce proverbe africain : "Un homme sans culture ressemble à un zèbre sans rayures".

Je vis dangereusement. Je force toujours un peu en essuyant les verres, même les tout-fins, ceux pour déguster le vin. Je mets toujours les couteaux la pointe en l’air dans le lave-vaisselle. Il m’arrive de m’asseoir sur la table en verre de la salle à manger et de me pencher beaucoup trop par la fenêtre pour voir le ciel. Je fume au lit et rédige des SMS en descendant les escaliers. Je courre sur les bords des piscines. J’ouvre les huitres avec un couteau à beurre. Je marche toujours pieds nus chez moi et sur les plages et n’hésite pas à mettre les doigts quand les pales du mixeur pour faire la soupe sont coincées par les poireaux. Il m’arrive de remonter ma braguette un peu trop vite même lorsque je ne porte pas de slip. Je fais du ski sans lunettes. Je cours toujours comme un dératé pour ne pas louper le bus ou le train. Il m’arrive de rester assis huit heures d’affilée dans un avion sans bouger. Je double toujours mes rations de vitamines. En cas de saignement de nez, je me penche toujours vers l’arrière... et j’en passe.

Je vis dangereusement. Très dangereusement ! Trop même, si j’en crois la lecture des "101 conseils pour ne pas atterrir aux urgences" du docteur Gérald Kierzek (1). A la réflexion, je me demande si ma vie n’est pas l’antithèse des préconisations de bon sens recensées dans l’ouvrage. Mon insouciance, mes mauvais réflexes, mes erreurs d’appréciation… cela confine au vertige tant je suis à côté de la plaque dans bien des domaines de la vie quotidienne. En voulant faire vite, en n’étant pas assez vigilant, je m’expose à des risques d’accidents plus ou moins importants. Et ma baraka (jusqu’ici, pas de gros pépins) pourrait très bien ne pas durer éternellement. Je ne suis pas le seul à vivre dangereusement… à la maison, au jardin ou en ville et c’est cela qui semble avoir motivé l’auteur à passer en revue en courts chapitres toutes les situations de la vie de tous les jours qui exposent soi-même ou ses proches à des accidents souvent stupides.

Médecin urgentiste à l’Hôtel-Dieu, anesthésiste, Gérald Kierzek en a vu passer des personnes accidentées, plus ou moins gravement… et même de celles qui ne se sont jamais remises. Je dramatise ? Pas du tout si j’en crois cet ouvrage. Chaque année, les accidents de la vie courante (cela s’appelle des AcVC dans les statistiques officielles) font 4,5 millions de blessés. Ils sont responsables de 500 000 hospitalisations et causent près de 20 000 décès en France. C’est, nous rappelle le bon docteur, cinq fois plus de morts que les accidents de la route et vingt fois plus que ceux du travail. 85 % de ces accidents surviennent à la maison ; 17 % sur un terrain de sport ou de jeux et 22  % dans un lieu public ou une zone de transport. Ce n’est pas rien. Le principal tour de force de l’ouvrage de Gérald Kierzek est de faire simple, instructif, de bon conseil. Ici pas de dramatisation à outrance, mais l’évocation de situations qu’on connaît tous. Chaque conseil explore en quelques lignes le problème et ses éventuelles conséquences (parfois, ça craint vraiment). Il se conclut par les conseils du médecin résumés en quatre à cinq idées clefs. L’ouvrage va à l’essentiel, ose parfois la carte de l’humour et s’appuie sur une longue expérience professionnelle. Un ouvrage efficace dont l’éditeur aime à rappeler qu’il peut nous "sauver la vie !" Evidemment dit comme ça… ça fait réfléchir !

Côté marketing, on est nettement plus sobre chez les auteurs et éditeurs de "La protection sociale en 500 mots" (2). Et autant le dire, au risque de décevoir, celui-ci ne vous sauvera pas la vie ! "Dictionnaire passionné", ce que revendiquent les auteurs, l’ouvrage affiche une couverture très sobre voire terne au regard de ce que propose le livre et de son intérêt. En sept chapitres thématiques (du financement à la santé, du vieillissement au handicap, de l’emploi à la politique familiale, etc.), l’ouvrage passe en revue le lexique des termes rattachés à la protection sociale, domaine par domaine, proposant à la fois des articles de fond avec des partis pris et des définitions ou notices biographiques un peu plus classiques. Dans le domaine de la santé (chapitre 3), on passe ainsi d’un article un peu développé sur la loi de 1995 à quelques lignes sur la réforme de 2004, d’un article sur les ALD (affections de longue durée) à un sur les agences régionales de santé (ARS), etc. Pas moins de soixante-deux termes sont traités comme la CMU, l’ETP, les restes à charge, le médecin traitant, etc. Alerte et précis dans le style, l’ouvrage très homogène (on ne dirait pas qu’il y a pas moins de trente-cinq auteurs) est une mine d’infos. Mais le plus intéressant est sans doute que derrière les allures d’un dictionnaire (amoncellement par ordre alphabétique de mots et de leurs définitions) se profile une réflexion sur le système de protection sociale que nous connaissons. L’ouvrage ne tait rien des lacunes et des problèmes, mais ne constitue pas non plus une charge grossière contre celui-ci, appelant à renverser la table. C’est plutôt une invitation à réfléchir aux solutions, à avoir une réflexion citoyenne… et c’est déjà beaucoup.

Le chapitre d’ouverture revient sur les grandes figures, les grands événements et les grands concepts de la protection sociale, façon de montrer que l’héritage est ancien dans ce domaine (le Conseil national de la résistance, après la seconde Guerre mondiale), que les grands acteurs sont nombreux (de Jean-Louis Borloo à Hippocrate… oui, ça fait bizarre) et que la protection sociale, made in France, a connu bien des étapes depuis son idée originelle… presque une utopie. Ce n’est évidemment pas un hasard si une des citations de l’ouvrage est celle de marcel Aymé : "Tout le monde disait que c’était impossible, un "imbécile" qui ne le savait pas l’a fait".

(1) : "101 Conseils pour ne pas atterrir aux urgences", par le docteur Gérald Kierzek. Editions Seuil, collection Points. 2015. 280 pages. 7,30 euros.
(2) : "La protection sociale en 500 mots", ouvrage collectif du Club de réflexion sur l’avenir de la protection sociale (Craps). Editions Docis. 2015. 296 pages. 22 euros.

Commentaires

Portrait de la-vie-en-rose

C'est une bonne idée. Mais pourquoi seulement mensuel ?

On retrouvera comment ce fil de discussion ?

Ça pourrait être l'un des forums généraux. 

Portrait de Sophie-seronet

Hello,

Mensuel, parce que c'est Jean-François Laforgerie (Jfl-seronet) qui a eu envie d'initier cette nouvelle chronique et qu'il est déjà très pris par l'écriture de l'actualité du site et par Remaides. Mais, je vais quand même lui transmettre ton envie de plus souvent Wink

Pour retrouver la chronique, le plus simple est d'utiliser le tag Culture en le sélectionnant en bas de page du site.

Bonne soirée. Sophie

Portrait de gys

Bsr à tous,

Quelle bonne initiative.....j'attend la suite de la mise en route ! 

Merci JFL