VHC : le refus du traitement universel très critiqué en Suisse

Publié par jfl-seronet le 15.11.2016
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ThérapeutiqueVHCantiviraux à action directeAADhépatite C

En Suisse aussi, l’accès aux nouveaux traitements contre le VHC pose des questions et des problèmes. Fin octobre, l’Office fédéral de la santé publique suisse (OFSP) a annoncé vouloir "étendre davantage" le remboursement de ces médicaments et vouloir négocier à la baisse les prix avec les labos. La communication de l’Office a suscité une vive réaction du Conseil positif suisse, un comité de défense des intérêts des personnes atteintes du VIH.

Le 31 octobre dernier, l’Office fédéral de la santé publique suisse (OFSP) a expliqué être "parvenu à la conclusion que les nouveaux médicaments contre l’hépatite C doivent être remboursés à d’autres groupes de patients [que ceux actuellement traités, ndlr]. Cette mesure concerne les personnes dont la maladie évolue rapidement". Aujourd’hui, en Suisse, l’assurance obligatoire soins (AOS, assurance de base) rembourse les antiviraux à action directe (AAD) pour les personnes ayant une fibrose de stade 2 ou des manifestations extra-hépatiques. Dans son communiqué, l’OFSP reconnaît volontiers que cette "limitation" se justifie pour des raisons médicales et économiques. Elle correspond aux recommandations médicales figurant dans des directives internationales et à la pratique de remboursement de la plupart des pays européens". Ces derniers mois, des échanges ont été conduits entre experts à l’initiative de l’OFSP. L’Office est parvenu à la conclusion que le remboursement devait être garanti à d’autres groupes de personnes souffrant du VHC. "Il s’agit notamment des personnes infectées par le VIH et/ou le virus de l’hépatite B ainsi que des consommateurs de drogues par injection", explique l’OFSP. "Les patients dont le traitement contre l’hépatite C a échoué et qui nécessitent une nouvelle thérapie devraient également avoir plus facilement accès aux nouveaux médicaments", explique encore l’Office. Reste, comme ailleurs, un problème de coûts des traitements. "Les prix des médicaments contre le VHC demeurent très élevés", note l’OFSP qui indique s’engager à "prendre contact avec les entreprises pharmaceutiques concernées afin qu’elles baissent le prix des médicaments".

Le Conseil positif suisse critique

Si l’association prend bien note de la volonté de l’OFSP d’examiner la"possibilité d’étendre davantage le remboursement des médicaments contre l’hépatite C", elle n’en tacle pas moins les "restrictions d’accès existantes — et trèscritiquées" aux traitements actuels. En effet, au contraire de la France, les personnes co-infectées VIH et VHC ne sont pas actuellement prioritaires alors que c’est le cas un peu partout ailleurs. "Nous saluons bien sûr le principe d’élargissement à d’autres groupes de patients. Mais nous ne pouvons pas imaginer que le groupe d’experts ait pu conseiller l’OFSP sur les règlementations figurant dans le communiqué de presse. Nous sommes en contact avec les plus grands spécialistes et savons qu’est promue l’idée d’un accès universel au traitement pour toutes les personnes souffrant d’hépatite C". Très clairement, le Conseil positif suisse estime que l’OFSP ne va pas assez loin en ne recommandant pas le traitement pour tous. Et le Conseil Positif Suisse d’enfoncer le clou : "La proposition de l’Office fédéral n’est à l’évidence pas réfléchie dans les détails. Les consommateurs de drogue par voie intraveineuse devraient avoir droit à un traitement immédiat, mais pas ceux qui ne consomment pas de drogue ? Il s’agit là d’une option absurde, douteuse du point de vue éthique et impossible à mettre en œuvre dans la pratique. Le communiqué de presse de l’OFSP est de plus tendancieux : il suggère qu’aujourd’hui, les patients bénéficient d’un traitement dès que la maladie s’étend en dehors du foie [manifestations extra-hépatiques, ndlr]. Nous savons que cela n’est souvent pas le cas en Suisse à ce jour et que le traitement est refusé à des patients symptomatiques". Et puis pour faire bonne mesure, le Conseil positif suisse estime qu’il serait bien que des "représentants des patients soient invités à la table des discussions lors des consultations de l’OFSP. Il est déplaisant de constater que le sort de notre santé se décide au niveau administratif. Nous ne devrions aujourd’hui plus avoir à demander à l’administration la participation active des personnes concernées". Difficile d’être plus clair !