VHC : SOS hépatites fait pression pour le traitement universel

Publié par jfl-seronet le 16.04.2016
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ThérapeutiqueAADantiviraux à action directeVHChépatite C

Le 12 avril dernier, SOS hépatites a adressé une lettre ouverte à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, concernant la lutte contre le VHC. Il s’agissait de mettre la pression sur le gouvernement concernant l’accès aux nouveaux traitements contre le VHC, aujourd’hui restreint. Pour étayer sa demande, l’association a publié des témoignages de personnes qui, atteintes du VHC, ne veulent plus attendre pour être soignées… et guéries et fait référence à l’achat sur des sites internet de versions génériques d’antiviraux à action directe (AAD).

"J'en ai assez de cette hépatite C révélée en septembre 2015 avec maintenant 40 % de fibrose qui n'autorise pas le traitement. C'est injuste. DE PLUS JE SOUFFRE de plus en plus d'insomnies, de douleurs hépatiques, suis déminéralisée, ai des douleurs aux tendons aux muscles. Je ne supporte plus le bruit, les gens qui crient comme mes petits-enfants… Je n'ai rien fait de mal pour avoir ça… Merci de m'aider car en plus mon mari a fait une alerte à AVC, est sous antidépresseurs et il m'épuise !" explique Françoise. "J'ai un avenir, aidez moi ! Je dois me débarrasser de ce VIRUS. La pire violence que je subis, c'est le refus de droit aux soins ! Aujourd'hui, une indemnité de 380 € par mois. C’est une insulte pour quelqu’un qui a déjà 40 ans de cotisation. Mariée, je n'ai droit qu'à cette somme rien de plus ; me voici en dessous d'un  RSA et je suis invalide" témoigne Yvette. "On me dit, en France, dans un hôpital, d’aller en Egypte pour des médicaments alors que je peine tous les jours pour survivre", avance Audrey.

Ces trois extraits de témoignages, SOS hépatite les a envoyés à la ministre de la Santé. Ils font partie de la lettre ouverte que l’association a adressée à la ministre le 12 avril. Pascal Mélin, hépatologue et président de SOS hépatites y rappelle que le "gouvernement a fait le choix de rationner l’accès aux soins, réservant ces traitements aux malades à un stade avancé de la maladie, en violation directe avec notre constitution et nos principes d’accès à la santé". L’association conteste d’autant plus ce choix que l’Etat "possède pourtant des outils légaux pour s’opposer aux laboratoires pharmaceutiques qui pillent notre système de santé solidaire". Par exemple, la licence d’office. Conséquence de cette politique de rationnement. "Depuis deux ans, de nombreux malades attendent d’avoir accès à ce droit fondamental. Depuis deux ans, les associations de malades et de lutte contre les inégalités se mobilisent pour permettre l'accès aux traitements pour toutes et tous". Même si des discussions entre tous les acteurs ont lieu pour un élargissement des critères actuels voire un accès à toutes les personnes vivant avec le VHC, SOS hépatites voulait faire passer le message qu’aujourd’hui "les malades ne peuvent plus attendre". C’est ce qu’ils expriment dans des témoignages que publie le site de l’association.

Chaque jour, jusqu’au 25 mai 2016, date de la journée nationale de lutte contre les hépatites virales, le site publiera de nouveaux témoignages sur les conséquences de l’accès limité aux traitements actuellement en vigueur.

Cette attente qui pèse à de plus en plus de personnes a une autre conséquence : une demande accrue de se procurer des versions génériques des antiviraux à action directe. "Aujourd’hui de nombreux acteurs proposent sur des sites internet des médicaments génériques produits en Inde, en Egypte, au Bangladesh. Le coût d’un traitement de douze semaines contre l’hépatite C est ainsi accessible pour un premier prix de 500 € (prix facial de 46 000 € en France, remboursé par l’Assurance maladie). Les médecins limités dans leurs prescriptions, les malades en mal d’attendre en sont particulièrement avertis. Notre association fait aujourd’hui face à des demandes de conseils pour se procurer ces traitements à bas prix", indique SOS hépatites. Elle a d’ailleurs réalisé des tests d’achats de médicaments génériques, sans difficultés. L’importation à titre individuel est donc possible, constate l’association dans son courrier à la ministre. "Nous sommes bien conscients que l’import de médicaments est encadré par la législation, nous sommes également bien avertis des problématiques de contrefaçon potentielle", indique SOS hépatites. Mais pour l’association, si des personnes envisagent aujourd’hui en France sérieusement d’y avoir recours, c’est bien la responsabilité de la ministre qui est en cause. "Nous n’avons actuellement aucune réponse à apporter à ces malades injustement privés d’accès aux soins", note Pascal Mélin. Pour l’association, la seule solution possible pour mettre fin à cette "situation insupportable" est d’annoncer un accès universel à ces traitements.

L’association a sorti sa nouvelle plateforme Hépatante.