VHC : un dépistage universel coût-efficace en France

Publié par jfl-seronet le 13.08.2018
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ThérapeutiqueVHChépatite Cdépistage universel

En France, environ 75 000 personnes seraient infectées par le virus de l’hépatite C sans en avoir connaissance, explique un communiqué de presse de l’Inserm. Les résultats d’une étude soutenue par l’ANRS et menée par Sylvie Deuffic-Burban, chargée de recherche à l’Inserm au sein de l’unité IAME (1) et son équipe, mettent en avant le coût-efficacité d’une stratégie de dépistage universel du VHC associée à un bénéfice sur l’espérance de vie des personnes infectées, par rapport à un dépistage ciblé. Ces résultats ont fait l’objet d’une publication dans la revue Journal of Hepatology le 1er juillet 2018.

Actuellement, en Europe, les recommandations concernant le dépistage du VHC ciblent les personnes présentant un haut risque d’infection par le virus. En 2014, en France, selon les données de Santé publique France, environ 75 000 personnes de 18 à 80 ans étaient infectées par le VHC sans le savoir. De plus, lorsque les personnes sont diagnostiquées, ces dernières, le sont, au moins une fois sur dix à un stade avancé de la maladie, alors qu’une mise sous traitement rapide après la contamination permet de réduire la morbidité et la mortalité de manière significative, indique l’Inserm. On dispose aujourd’hui, vis-à-vis de l’infection par le VHC, de traitements à la fois très efficaces et bien tolérés, assurant en quelques semaines la guérison de l’infection dans plus de 95 % des cas.

C’est dans ce cadre qu’au sein d’une équipe de recherche de l’Inserm dirigée par le Pr Yazdan Yazdanpanah, Sylvie Deuffic-Burban a mis au point un modèle mathématique permettant d’évaluer l’efficacité et le coût-efficacité de différentes stratégies de dépistage dont celle d’un dépistage universel. Les scientifiques se sont appuyés sur les données de l’enquête de séroprévalence menée en 2004 par l’Institut national de veille sanitaire (InVS) qu’ils ont appliquées à la population générale résidant en France, âgée de 18 à 80 ans, excluant les personnes atteintes d’une infection chronique par le VHC et déjà diagnostiquées. La combinaison de ces données de séroprévalence avec d’autres données issues d’études portant sur les caractéristiques des personnes infectées (âge, sexe, stade de la maladie lors du diagnostic, consommation d’alcool, etc.), la progression naturelle de la maladie, la qualité de vie de personnes traitées et les coûts que représente la prise en charge de cette infection a permis aux chercheuses et chercheurs l’élaboration de leur modèle d’analyse. Les différentes stratégies de dépistage évaluées ciblaient les publics suivants : uniquement la population dite à risque, tous les hommes entre 18 et 59 ans, tous les individus entre 40 et 59 ans, tous les individus entre 40 et 80 ans, et enfin tous les individus entre 18 et 80 ans (dépistage universel).

Les résultats obtenus grâce cette modélisation ont permis de démontrer qu’un dépistage universel, est associé à la meilleure espérance de vie ajustée sur la qualité de vie, comparée aux autres stratégies. De plus, ce dépistage universel se révèle coût-efficace si les personnes dépistées pour le VHC sont prises en charge et traitées rapidement après le diagnostic. Selon la chercheuse Sylvie Deuffic-Burban : "Le dépistage permet, à titre individuel, une prise en charge rapide ce qui évite le développement de complications graves. Dans une perspective collective, il contribue à l’élimination, à terme, de l’hépatite C dans une population qui aurait été dépistée sans restrictions".

Les résultats de cette étude soutenue par l’ANRS plaident en faveur d’un dépistage universel du VHC en France, suivi d’une prise en charge et d’un traitement immédiat des personnes diagnostiquées. "Notre modèle ne permet pas de le tester, mais les caractéristiques épidémiologiques qui rapprochent le VHC, le VIH et le VHB permettent de penser qu’un dépistage universel et combiné de ces trois virus pourrait être particulièrement intéressant", conclut la chercheuse dans le communiqué de l’Inserm.

(1) : Unité Infection, Antimicrobiens, Modélisation, Evolution ; Inserm – Université Paris Diderot – Université Paris 13