Chronique des joies de la jeunesse - Phase 2, "Faux départ"

Une fois notre contribution à la réhydratation des nappes phréatiques effectuée, plusieurs solutions s'offrent à nous: Continuer, ou pas. Se faire aider, ou pas. En parler, ou pas. (Liste non exhaustive)

- Bien entendu, je conseille à quiconque vient ici de ne pas entendre cette fabuleuse nouvelle en plein mois d'aout, avec son meilleur ami en Espagne, sa meilleure amie à Paris, tous ses potes en vacances, (bonus pour les plus chanceux, un mec négatif, se retrouver dans une petite ville dans la creuse, et j'en passe)...

- Sinon, à l'attention de ceux qui nous rejoignent, un conseil: attendre.
Le parcours qui nous attend n'est vraiment pas balisé, mais avec un peu de patience, la voie se distingue un peu... A nos âges, souvent, la seule chose qu'on sait vraiment faire, c'est flipper :-) Et surfer, également.

A ce niveau, tout est fait pour nous aider avant, après, mais par contre, pendant, y'a plus personne.
Notre nouvel ami Google nous distille des nouvelles qui coulent aussi vite que les cachets de Xanax/Lexomil dans notre gosier (cocher l'anxiolytique utilisé le jour même - oui, même si vous n'en avez jamais pris, c'est LE JOUR IDEAL pour tester, je confirme) et toutes encourageantes : "Taux de suicide supérieur chez les jeunes séropos", "Arrêt de la recherche par les laboratoires Roche", "Inexorable progression du sida", "Risque de cancer anal accru"...
Les témoignages sur les divers forums sont parfois encourageants, mais nous ramènent souvent à une réalité qui n'est pas encore la notre "Ma nouvelle Tri est trooop bien", "Moi, ma chimio et mon hépatite" et toutes sortes de réjouissances. Bien évidemment, il y a les autres aussi "Le moral est au top", "20ans de sida et toujours la forme", qui nous permettent de nous poser les bonnes questions. Heureusement pour nous, nouveaux venus, on ne parle pas sur les forums de nos T4&CV comme d'un appareil électroménager: sinon, il y aurais beaucoup de plaintes, et peu de témoignages d'affection, comme souvent sur le net.  ;-)

Une fois la torpeur des premiers jours passés, et notre courage pris à deux mains, ben...rien. Plus de nouvelles du médecin, qui nous a donné une ordonnance histoire de "confirmer", à peine un petit ricanement quand l'infirmière à qui l'on vient juste de dire qu'on avait appris qu'on avait le sida il y a deux heures, nous souhaite une "bonne journée!!!" lol
- Ici, spéciale dédicace à l'infirmière qui s'est occupée de mes premiers prélèvements, elle a vraiment respecté la confidentialité en dirigeant instantanément les autres patients en salle d'attente pour éviter les fuites, et m'a expliqué que, non, la mention HIV+ sur son écran d'ordinateur n'avais pas pour but de nous ficher, juste de les protéger.

J+2h, 1er rappel immédiat à la réalité. Okay....Le programme a l’air chouette !