et nos familles...

Publié par parisien-breton_en_ligne le 09.11.2008
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En traversant Chatelet tout à l'heure, jai croisé deux mecs (un couple, oui, oui ça se sent plus que ça ne se reconnait...) et un des deux gars donnait le bras à une dame d'un certain âge (certainement sa mère).

Et moi, ça m'a renvoyé vers ma famille... comment ils vivent ma vie, ma santé...

Pour ma part, j'ai une soeur qui est au courant de tout y compris l'évolution de mes réssultats médicaux. A l'opposé, j'ai un frère à qui je n'ai jamais dit officiellement que je suis gay (on se voit en moyenne deux fois par an, dont à Noël ; je sais qu'il sait mais famille catho, bretonne oblige et je crois que cette situation ne me gêne pas).

Et il y a mes parents : couple uni (je le crois), soixante dix huit ans chacun et une plutôt bonne santé. Ils profitent pleinement de leur retraite méritée, à leur manière... pour exemple, ma mère est bénévole pour les dons du sang dans son patelin ou trois fois par an, elle aide au service du repas servi à environ 350 personnes à chaque fois et ce depuis trente ans...

En 1994, les choses de la vie ont fait qu'ils ont appris que j'étais gai (voir autre billet dans blog)... Je leur cache ma séropositivité même si depuis un an, ce n'est pas toujours aisé...

Et puis, je veux quand même qu'ils ne tombent pas des nues si, un jour, il m'arrivait...

Alors, je leur lance quelques billes : souci de défenses immunitaires, traitement que j'ai pour longtemps... J'ai de la chance, je me porte très bien...

En juillet, il y a un an, hospitalisé pour une pneumocistose, je n'ai pas eu le temps d'avoir peur pour moi (et pourtant, vus les résultats du moment, étais très proche du funérarium), j'avais un objectif : à la fin du mois, mes parents organisaient une fête pour leurs noces d'or (50ans de mariage) et il fallait à tout prix que j'y sois. Je me suis "engueulé" avec le toubib qui ne voulait pas me laisser sortir... et puis on a négocié. Ai pu y aller et assurer (péniblement) ce qui était prévu (sauf que je n'ai pu faire aucun effort physique, style porter des tables, chaises et autres caisses de bouteilles) et participer à la fête...

Le principal était là: moi aussi j'étais là...

Alors que je venais de passer plus d'un mois à l'hotel Dieu, je me suis rendu compte que mes parents ne l'avaient dit à presque personne : de la pudeur, de la naiveté sur mon état ? je ne sais pas. En tout cas,il est clair qu'ils n'ont pas imaginé deux secondes qu'au lieu de leurs noces d'or, ils auraient pu avoir les obsèques de leur fils.

Mais est ce grave ou n'est pas plutôt mieux : les parents meurent avant leurs enfants, c'est une loi de la nature humaine...

Et une de mes motivations (loin d'être la seule), il faut que je tienne apprès eux ; je crois qu'ils ne s'en remettraient pas... et ça, ça m'effraie...

Même si je me bats pour moi en premier, si j'ai décidé de profiter de tout ce que je peux et maintenant et demain..., ce sentiment m'aiguillonne tous les matins en me rasant (moi, je ne souhaite pas être président...mdr)

Et ce matin, le regard de fierté que j'ai vu chez cette dame, au bras de SON fils, m'a donné une bouffée de tendresse vers mes parents...

Bien à vous... et à vos parents (on les perd toujours trop tôt)...