A l'enterrement d 'une feuille morte
Deux escargots s 'en vont
Ils ont la coquille noire
Du crepe autour des cornes
Ils s 'en vont dans le soir
Un très beau soir d'automne
Hélas quand ils arrivent
C'est déja le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes ressucitées
Et les deux escargots sont très désappointés.
Mais voila le soleil, le soleil qui leur dit
Prenez, prenez la peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière, si le coeur vous en dit
Prenez si ça vous plait, l 'autocar pour Paris
Il partira ce soir, vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil, c 'est moi qui vous le dit
Ca noircit le blanc de l 'oeil, et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils, c 'est triste et pas joli
Reprenez vos couleurs, les couleurs de la vie
Alors toutes les betes, les arbres et les plantes
Se mettent a chanter, a chanter a tue-tete
La vraie chanson vivante, la chanson de l'été
Et tout le monde de boire, tout le monde de trinquer
C'est un très joli soir, un joli soir d'été
Et les deux escargots s 'en retournent chez eux
Ils s'en vont très émus, ils s'en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu, ils titubent un petit peu
Mais la haut dans le ciel, la lune veille sur eux.
Jacques Prévert
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Commentaires
L’Etranger
- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
- Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J’ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L’or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… les merveilleux nuages !
Charles Baudelaire