A méditer .....

Publié par jl06 le 13.11.2018
435 lectures

Ces cicatrices mal fermées des deux Guerres qui pourraient se rouvrir en Europe

Les guerres redeviennent possibles entre grandes puissances, d’où l’intérêt d’affirmer au plus vite une Europe politique dotée d’une Défense commune. Mais un président français impopulaire et une chancelière allemande affaiblie peuvent-ils relever ce défi ?

Emmanuel Macron et Angela Merkel

Bien des cicatrices mal fermées des deux Guerres pourraient se rouvrir en Europe où le nationalisme renaît. 

On le sait peu. Les chancelleries le savent mais elles-mêmes ont tant de difficultés à y croire que l’effroi le leur fait oublier et c’est pourtant vrai. Alors qu’il s’entretenait avec l’actuel président du Conseil européen, Donald Tusk, à l’époque Premier ministre polonais, Vladimir Poutine lui avait laissé comprendre que, si la Russie annexait l’Ukraine orientale, elle serait disposée à laisser la Pologne annexer l’Ukraine occidentale qui fut polonaise et dont l’Eglise est uniate, c’est-à-dire unie à Rome.

Donald Tusk en avait été si saisi qu’il n’avait rien répondu. Il pensait, à juste titre, que des micros pouvaient enregistrer. Même pour repousser cette offre, il ne voulait pas qu’il y ait une seule trace de discussion sur l’éventualité d’un partage de l’Ukraine. Après un long blanc interdisant tout montage de l’enregistrement il était passé au temps qu’il faisait et autres banalités mais, sortant de l’entretien, plutôt pâle, il avait tout raconté à ses plus proches collaborateurs afin qu’il y ait des témoins de son émotion, au cas où.

L’affaire en est restée là mais ce moment est particulièrement bien connu de l’entourage de Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, qui cultive des liens étroits avec les diasporas hongroises que le Traité de Trianon a dispersées dans les pays voisins en retirant à la Hongrie les deux tiers de son territoire à la fin de la Première guerre mondiale. Si l’Ukraine se trouvait partagée entre la Pologne et la Fédération de Russie, la Hongrie pourrait réclamer sa part et cette éventualité est aujourd’hui envisagée à Budapest, non pas dans une connivence avec la Russie de Vladimir Poutine mais comme une possible évolution à laquelle il faut naturellement se préparer.

C’est un exemple. Après l’annexion de la Crimée, première annexion territoriale que le continent Europe ait connue depuis la Deuxième guerre mondiale, bien des cicatrices mal fermées des deux Guerres pourraient se rouvrir en Europe où le nationalisme renaît. L’un et l’autre nationalistes et incluant des partis d’extrême droite, les gouvernements italien et autrichien sont supposés proches mais la question du Sud-Tyrol les divise. La Roumanie serait absolument fondée à faire valoir ses droits sur la Moldavie. Il n’est pas du tout prouvé, bien au contraire, que l’Europe occidentale laisserait sans réagir la Russie se réinstaller en Ukraine et, moins encore, dans les pays baltes, membres de l’Otan et de l’Union européenne.