Qui est vraiment Eddy Bellegueule ?

Publié par lericou06 le 19.03.2014
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Dans son premier roman, cet écrivain de 21 ans revient sur ses malheurs d'enfant homosexuel dans le lumpenprolétariat picard. Mais sa famille et son village sont ulcérés par le portrait qu'il fait d'eux.Edouard Louis, auteur d'"En finir avec Eddy Bellegueule" (Jean-Luc Bertini/Pasco/pour le Nouvel Obs)Edouard Louis, auteur d'"En finir avec Eddy Bellegueule" (Jean-Luc Bertini/Pasco/pour le Nouvel Obs)

Avant-propos. Depuis la parution de cet article dans «le Nouvel Observateur» du 6 mars, deux erreurs factuelles m'ont été reprochées, et quelques critiques m'ont été adressées. Je me suis permis de répondre dans une mise au point
D.C.

Samedi 15 février, Monique M., résidente à Hallencourt (Somme), est «descendue» à Paris pour voir son fils, qui y est «monté» trois ans plus tôt. Elle ne l'a pas prévenu. Elle s'est rendue à la Fnac Montparnasse. Le fils, récemment devenu écrivain, y participait à un «forum», dans un sous-sol plein à craquer de gens venus l'écouter, lui qui n'a que 21 ans mais fascine comme s'il avait vécu mille vies.

Monique M. s'est assise à l'avant-dernier rang, derrière une dame extrêmement chevelue, si bien que son fils ne l'a pas vue. Il présentait son premier roman, «En finir avec Eddy Bellegueule», le carton inattendu de l'année. Parti d'un tirage plus que confidentiel, il approche les 100.000 exemplaires vendus, et personne ne doute qu'il est déjà un petit classique, avec son titre impossible à oublier, sa violence, son impressionnante densité théorique et littéraire.

Eddy Bellegueule : l'auteur a longtemps porté ce blaze épique et invraisemblable, typiquement picard. Tout récemment, il a changé son état-civil. Ce n'est pas rien. Il a dû prendre un avocat, et supporter la défiance de l'administration, qui n'aime pas les identités instables. Il s'appelle désormais Edouard Louis. Le roman qu'il présentait aux chalands de la Fnac laisse peu de doutes sur sa sincérité quand il dit vouloir en finir avecEddy Bellegueule, ce nom de pauvre dont il ne veut plus mais qui le rend célèbre.

Sa mère a une nouvelle fois entendu son fils raconter son calvaire : être né homosexuel et efféminé dans le lumpenprolétariat d'Hallencourt. Sept à la maison, avec le drapeau noir qui flotte sur la marmite. Et le petit Eddy qui fait la fille. A ceux qui voient le genre comme un choix, le livre montre à quel point il n'a rien choisi:

Quand j'ai commencé à m'exprimer, à apprendre le langage, ma voix a spontanément pris des intonations féminines. [...] Chaque fois que je prenais la parole mes mains s'agitaient frénétiquement, dans tous les sens, se tordaient, brassaient l'air.

Il roule des hanches, préfère la danse au foot. Cette métamorphose kafkaïenne version gender sonne le début de la mise à l'écart. La famille moque ses «airs de folle». On n'a peut-être jamais lu une dissection aussi clinique du sentiment de honte. Au collège, l'injure est permanente. Deux brutes le persécutent chaque jour, lui crachent à la gueule, lui cognent la tête contre le mur. Le petit Bellegueule dissimule lui-même son martyre. Il donne rendez-vous à ses bourreaux dans un couloir désert, pour ne pas être vu pendant qu'on le frappe.

Peu à peu, il se met à tout haïr: la télévision constamment allumée chez lui, l'alcool omniprésent, la vulgarité triomphante, les diatribes contre les«crouilles» et les pédés, le virilisme, la méfiance vis-à-vis de l'école, de la culture, de la médecine. Son récit est quasiment dénué de cette tendresse qu'on exige des souvenirs d'enfance. «Ce n'est pas une trahison ou un reniement, dit-il. On m'a mis dehors. C'est ensuite que j'ai fui. J'ai fait de nécessité vertu.»

Le Collège des Cygnes, à Longpré-les-Corps-Saints, où le petit Eddy a subi son martyre. «J'en voulais aux individus. J'en voulais à ces deux garçons. La sociologie m'a permis de réaliser que la violence est produite par des structures sociales. Cette violence est invisible. Les enfants pauvres qui sèchent l'école croient faire un choix, sans voir qu'ils subissent des mécanismes violents.» (Eric Flogny/Picture Tank)

Sa mère assure qu'elle ne comprend pas la sévérité de son fils. «Il a reçu de l'amour. On n'a jamais été homophobes.» Elle se sent insultée. On la traite publiquement de mère indigne. Elle a acheté le livre début janvier, le jour de sa parution, dans une gare parisienne, en remontant vers la Somme après avoir rendu visite à son fils, qui étudie la sociologie à Normale-Sup. C'est la dernière fois qu'ils se sont parlé tendrement. Elle a ouvert le livre dans le train. Deux mois plus tard, elle est toujours en colère: «C'est pas bien ce qu'il a fait. Il nous présente comme des arriérés.»

On est assis à la table de son salon, dans un pavillon HLM d'Hallencourt, posé à la sortie de la ville, au bord des champs. On lui demande si le calvaire que son fils raconte avoir subi au collège l'a ébranlée. Elle répond: «Mais bien sûr !», comme si on lui avait remis en mémoire un pan entier du livre qu'elle avait oublié. Puis elle revient aux «mensonges» du livre. Un passage la décrit faisant une fausse couche aux toilettes, puis riant des années plus tard au souvenir de ce fœtus «tombé dans les chiottes». Elle jure que la scène est inventée, comme d'autres, qu'elle énumère, mortifiée à l'idée que la France rit sous cape.

Dans le village, les mêmes mots reviennent. Le livre est un «torchon» ; le petit Bellegueule «s'est fait manipuler par son éditeur», «est tombé dans une secte». La Maison de la Presse refuse de mettre le roman en rayon, mais quelques exemplaires circulent. Les gens se le prêtent, avides de le parcourir, pressés de le détester. Comme les comtesses parisiennes qui se faisaient lire la «Recherche» de Proust en tremblant, ils craignent de s'y reconnaître. Tentent de deviner qui participait aux partouzes homosexuelles miséreuses entre adolescents improvisées dans les jardins du bourg. L'un des quatre sodomites est surnommé Merguez dans le livre. Or il y a bien un Merguez à Hallencourt, dont le père, fébrile et humilié, raconte à qui veut l'entendre qu'il va porter plainte, mais ne le fait jamais.

La tante d'Edouard Louis, côté paternel, est furieuse de l'image déplorable donnée de la lignée Bellegueule, cette dynastie locale de durs à cuire qui fait le bonheur des commères et des pinardiers du Vimeu depuis des générations. Sur la place centrale, elle menace aussi d'attaquer son neveu en justice. Au collège des Cygnes, à Longpré-les-Corps-Saints, de l'autre côté des champs, là-même où Edouard Louis subissait les crachats, le petit frère est à son tour la cible des moqueries. La principale ne sait pas quoi faire.

C'est très dur pour lui. Les gamins répercutent sur lui la colère des adultes. Ils lui disent que son frère est un intello, ce qui est loin d'être un compliment. Ou, bien sûr, un pédé.

La mère est allée voir le sénateur-maire du village, Pierre Martin, vieux gaulliste patelin installé depuis trente ans à l'hôtel de ville. Ils ont décidé de réagir dans «le Courrier picard», dont les journalistes rôdaient dans le coin. L'article prend ouvertement le parti hallencourtois. Mais les Parisiens ne lisent pas «le Courrier picard». C'est leur plus gros défaut. A la Fnac, Monique M. vient donc défendre les siens en territoire ennemi. Alors que son fils, insouciant sur son estrade, raconte la genèse du livre, elle se lève, et prend la parole. Edouard Louis la voit surgir du fond de la salle. Il blêmit.

Lui aussi sort d'une période épuisante. Chaque semaine, il reçoit une centaine de mails et une cinquantaine de lettres. Le public se presse aux lectures. Ses admirateurs lui apportent des cadeaux, lui racontent leur histoire.

Le livre permet aux gens de reconnaître la violence qu'ils ont subie. Ce ne sont pas que des gays. On me dit: «J'étais le petit youpin, le petit bougnoule, le fils de l'instit, la fille que tout le monde détestait...»

On l'a suivi dans une librairie parisienne: il y avait tant de monde que certains se suspendaient au plafond comme des koalas. Il essuie aussi quelques accusations de voyeurisme, de misérabilisme, de racisme de classe. Il les balaie tranquillement, les jugeant «réactionnaires». Les médias lui courent après. Il en refuse beaucoup. Son éditeur, René de Ceccatty:

Il a décliné Ardisson, «le Grand Journal», Ruquier, le JT de France 2. Tous les journaux de droite. Il a la rigidité des gens de 20 ans, et c'est une bonne chose. Il ne veut pas d'ambiguïté: c'est un travail littéraire, pas un témoignage sociétal.

Une amie confie qu'«il a très peur qu'on abîme son livre». Avec nous, il refuse d'aborder le détail de sa biographie. Il craint d'atteindre sa famille et son village. Il a refusé les invitations des librairies picardes, «par peur de se f aire alpaguer», dit-on chez Ternisien, à Abbeville. Sans doute à raison. Le maire d'Hallencourt, d'un ton fataliste, confirme: «Ah ça, vu l'ambiance, je lui conseille de ne pas revenir ici !»

On dit que le père, qui vit à Abbeville depuis la séparation du couple parental, l'a renié. Son grand frère est hors de lui. Edouard Louis a reçu des menaces. Une semaine avant de voir sa mère à la Fnac, il se trouvait chez lui avec une amie, quand sa cousine l'a appelé pour lui dire de ne pas sortir de chez lui: son grand frère, descendu à Paris, l'attendait en bas de l'immeuble avec une batte pour lui péter les dents. Sa mère dément. «Il a peut-être dit comme ça qu'il allait le faire, et [la cousine] a flippé pour rien.»

Le village d'Hallencourt, où le livre fait parler. On n'y a pas connu pareil scandale depuis que Thomas Menant, l'éleveur de chevaux, est passé dans «l'Amour est dans le pré» en 2013, avant de devenir la cible des jalousies et des délations anonymes. (Eric Flogny/Picture Tank)

Quoi qu'il en soit, en voyant sa mère se dresser dans l'assistance,Edouard prend peur. Il avait fait courir le bruit qu'il était en Espagne, pour qu'on le laisse en paix. Il quitte le plateau. Très nerveuse, Monique se met à parler, depuis son fond de salle. Les têtes se tournent. Un personnage a pris vie, et charge violemment le livre que tous ont adoré. Les employés de la Fnac lui demandent de quitter les lieux, ou au moins de se taire. Devant sa résistance, on lui propose de discuter avec son fils en privé, après les dédicaces.

On les installe dans un salon adjacent à la cafétéria. Et là, l'écrivain se fait engueuler par sa maman. Il les a ridiculisés, désignés à la France entière comme des racistes, des homophobes, des miséreux incultes. Il répond que le livre est un roman, qu'il ne faut pas le prendre comme un témoignage, que les journalistes en ont fait une autobiographie. La mère lui rappelle les interviews qu'il a données, la conférence tout juste achevée, où sa position est beaucoup plus ambiguë.

Quand il nous parle, effectivement, la confusion entre lui et son narrateur est absolue. Son texte repose autant sur le travail de la fiction que sur la promesse du témoignage autobiographique. Le jeune écrivain s'est-il rendu compte de la violence de son livre ? Il évite la question, ou la retourne avec une habileté de dialecticien aguerri.

Il a pourtant eu peur, une fois son manuscrit accepté par le Seuil. Le nom de sa famille était sur la couverture. Il craignait de l'exposer. Il a proposé un autre titre, «Insurrections», que tout le monde, dans la maison, a trouvé chiant comme la pluie picarde. Il fallait que ça soit «radical». Son éditeur, l'écrivain René de Ceccatty a déjà renoncé à publier un roman par crainte d'un scandale familial. «La question des proches est toujours délicate. Je lui ai demandé s'il était prêt à assumer.» Annie Ernaux, auteur inaugural du roman socio-biographique:

Le livre est un coup dans l'estomac. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux parents, aux frères et aux sœurs. Quand j'ai publié «les Armoires vides», je détestais qu'on parle de la violence du livre. Avec le recul, je me rends compte que c'était très dur pour les miens. J'ai ensuite essayé de ne plus blesser. Il y a une ivresse des mots quand on écrit, qui fait qu'on laisserait le monde brûler s'il fallait, surtout quand on règle les comptes de toute une vie.

Dans les vraies tragédies, tout le monde a raison. Les Bellegueule souffrent, mais Eddy a trop souffert pour les épargner. Hallencourt n'est pas le quart-monde infernal que le livre dépeint, mais quelqu'un devait dire ce qui s'y passe. Dans la région, l'illettrisme grave et moyen touche un homme sur cinq. Deux personnes sur trois n'ont presque pas fait d'études, alors que les usines n'embauchent plus comme avant. Les filles deviennent mères beaucoup plus tôt qu'ailleurs en France. A Condé-Folie, Longpré-les-Corps-Saints, Pont-Rémy, Marine Le Pen a largement dépassé les 30% au premier tour de l'élection présidentielle.

Quand on demande au sénateur-maire si Hallencourt est homophobe, il jure que non et, sans soupçonner la violence de ce qu'il assène, renchérit:

On n'a rien contre les homosexuels. Ils font ce qu'ils veulent chez eux. Du moment qu'ils ne pervertissent pas les autres. 

Dans les collèges, on ne sait plus trop comment réagir face au racisme et à l'homophobie. Martine Cocquet, principale du collège de Longpré quandEddy Bellegueule y était élève, raconte que «des gamins portaient des blousons White Power, des signes de reconnaissance de l'extrême droite comme des lacets bicolores, qui veulent dire "on va casser de l'Arabe", alors qu'il n'y en a pas par ici.»

Le livre l'a remuée : 

Comment ai-je pu ne rien voir de ce qu'il subissait ? Il était si proche de l'équipe éducative. Où est la faille ? En a-t-on raté d'autres?

Elle raconte aussi ce qu'Edouard Louis a dû laisser de côté pour faire d'EddyBellegueule le héros d'une fable universelle sur la honte et la violence: « Il raconte qu'il ne lisait jamais de livres. Ca je peux vous certifier que c'est faux. Il était toujours fourré à la bibliothèque. »

Le livre montre un enfant solitaire, muet, haï ou ignoré, inconscient de l'injustice de son sort. Mais Eddy Bellegueule était aussi un garçon populaire. Il levait les foules lors des représentations théâtrales de fin d'année, entrant sur scène à vélo dans des dérapages magnifiques, sous les applaudissements hystériques du public. Il était délégué de classe. Politisé. Il se mobilisait, faisait le tour des salles avec des pétitions. Tout le monde admirait son intelligence.

Interne au lycée Michelis d'Amiens, il milite. Il est reçu par Xavier Darcos au ministère de l'Education nationale pour protester contre une réforme déjà oubliée. Il passe plusieurs fois sur France 3 Picardie. De Longpré à Hallencourt, tout le monde se masse devant la télé, commente ses prestations. Sa mère : «La lecture, les échecs... On a très vite compris qu'il était plus doué que les autres. Quand on le lit, on a l'impression qu'il est devenu intelligent à 20 ans.»

La Picardie était trop petite pour lui. A la fac d'Amiens, étudiant brillant, il rencontre Didier Eribon. C'est son chemin de Damas. Le sociologue, lui aussi homosexuel né dans le monde prolétaire, vient de publier «Retour à Reims», où il raconte sa famille, son enfance, la violence et la honte.

Il y avait ce tout jeune homme qui avait déjà lu mon livre, se souvient-il, et paraissait même en connaître par cœur des passages entiers. Il m'a demandé s'il pouvait m'écrire. Ce fut le début d'une complicité intellectuelle qui allait s'intensifier. 

A ce moment, le jeune homme se fait appeler Edouard Bellegueule.

Chez Didier, j'ai eu l'impression de trouver mon histoire. Un jeune gay qui découvre le monde intellectuel parisien, se lie à Foucault, finit à Yale. Mais c'était du fantasme total. Je n'étais pas à Paris, je ne lisais jamais, je ne fréquentais personne. C'est la force de ce livre, et j'espère du mien, que de produire des aspirations, de permettre de fantasmer sa vie. Puisque je m'y reconnais, il faut que je devienne ce que je suis. Et j'ai découvert Bourdieu, dans la foulée, qui m'a transformé.

Après la reproduction bourdieusienne, la reproduction des bourdieusiens. Arrivé à Paris en 2011, il devient rapidement une coqueluche du monde universitaire. Edouard Louis, Rastignac express. Il se lie à Annie Ernaux. Il organise en mai 2012 un colloque Pierre Bourdieu au Théâtre de l'Odéon : il attire des sommités et remplit la grande salle du théâtre. L'historienne Arlette Farge, devenue proche de lui, en rigole : «Il n'avait pas 20 ans, mais il m'intimidait. Il a une énergie incroyable.»

Le sociologue Didier Eribon, auteur du «Retour à Reims» qui a inspiré les ambitions littéraires d'Edouard Louis. De son protégé, il dit: «Le choc de son livre vient du fait qu'on ne parle presque jamais du monde qui a été le sien. Et quand on le fait, c'est pour individualiser les trajectoires. Lui, au contraire, les politise.» (Opale)

Le «Retour à Reims» en tête, il commence la rédaction de son roman, pierre de touche de sa réinvention en écrivain bourdieusien. «En finir avecEddy Bellegueule», c'est l'illustration littéraire du déterminisme le plus radical. Mais si Bourdieu ensorcelle les grimpeurs sociaux, il piétine aux portes des villages. On demande au maire ce qu'il pense du sociologue: il nous regarde, interdit, comme si on parlait d'un champion de curling québécois.

Edouard Louis entendait dédouaner Hallencourt. «J'essaie de montrer que ce sont les structures qui parlent, qui agissent, qui insultent. Les individus, eux, ne sont que traversés par ces situations.» Mais le charme de ces raisonnements abstraits n'apaise pas les Hallencourtois. Au contraire. Ils croyaient avoir souhaité leur vie et un ancien semblable leur explique dans la langue de l'ennemi qu'ils sont les marionnettes de puissances invisibles.

«Adolescent, pour gommer ce que j'avais d'efféminé, je me suis acharné à travailler sur mon corps, conclut Edouard Louis. Je m'entraînais à parler, à rire. Puis c'est devenu naturel.» A Normale-Sup, on lui a fait des remarques sur sa dentition négligée, dont il a honte comme d'un héritage de ses années misère: il s'est fait poser un appareil. «De même, je me réinvente en auteur. C'est la grande absurdité de la condition humaine: nos vies n'ont pas d'essence propre. Nous trouvons des rôles à endosser. C'est la seule chose à faire.»


Commentaires

Portrait de zak

Au delà d un roman auto briographique qui s appuie sur des événements ayant réellement existés, agrémentés d une part d imagination, a la lecture du livre j etais un peu troublé.

des souvenirs de mon enfance (années 60/70) , de mon education, de mon rapport aux autres sont remontés a la surface.

mais au dela de ceux ci c est le rapport entre la realite des faits et le ressenti qui fait la distorsion enttre la realité " historique", factuelle et la façon dont tel ou tel la vit.

Peut etre pas si simple quand on a plus que l impression de sortir de son milieu de chercher a s integrer dans un autre cercle de garder une reconnaissance, une tendresse pour ceux qui ont donné ce qu ils pouvaient même s il paraissent bien médiocres a certains égards. cela demande une forme d humilité a defaut de respect que l on a pas necessairement a 20 ans.

cela ne retire rien a la violence ressentie par des personnes issues des minorités pour les discriminations quotidiennes, insidieuses, banalisées  dont elles sont victimes. je pense notamment aux gays : chez les moins de 20 ans le suicide est 10 fois superieur aux autres jeunes.

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