Tout sur ma mère

c'est cette histoire de la gratuité qui me taraude, ça me rappelle l'ère soviétique, lorsque la plupart des bénéfices d'une nation prospère se trouvaient offerts, mais qu'il n'y avait que des patates et des choux pour la ménagère qui partait faire ses courses,

 

chaque mois aussi, je suis assez scandalisé par la somme versée aux laboratoires qui me laissent la vie sauve, c'est infiniment plus que ma pension, et je trouve qu'il y a ici quelque chose de profondément choquant, même si je tiens à préserver mes jours (et mes nuits), il m'est difficile d'admettre qu'un seul comprimé coûte plus que la somme globale que je consacre quotidiennement à ma nourriture et à mon entretien,

 

je vis donc dans une aberration économique où le pouvoir me concède une somme assez dérisoire pour vivre, mais qui consent à régler, sans trop d'états d'âme une facture hallucinante pour (paraît-il) me garder en vie,

 

et moi, que dois-je faire, que dois-je en penser ? Bristol-Myers Squibb and Gilead Sciences Limited valent-ils plus que moi, puisqu'ils me sauvent la vie ?

 

j'ai tout de même du mal à l'admettre, je ne connais pas ces gens-là, et je les soupçonne de se faire des tunes à travers la planète grâce à des gens comme moi, d'autant que je ne sais pas s'ils me sauvent réellement ou s'ils ne font que ralentir un processus morbide déjà bien engagé,

 

en attendant, l'Etat m'octroie une petite pension d'invalidité largement inférieure à ce qu'il délivre chaque mois à un conglomérat pharmaceutique qui m'évite de ramper dans ses couloirs d'hôpitaux,

 

c'était peut-être le prix à payer,

 

et tant qu'à faire, je préfère encore me morfondre dans mon gourbi dans un état de santé satisfaisant grâce à BMSquibb que de passer le reste de mes jours sous perfusion, pourtant je n'ai pas le choix, la sécu m'autorise un découvert substantiel, non remboursable, et je fais semblant d'être heureux (à défaut d'être en bonne santé, terme totalement inopérant),

 

aussi, je me demandais, notamment à propos des transports parisiens bientôt payants pour les handicapés, ce que représente ma propre contribution économique à l'état des finances : presque queue dalle, pourtant chaque jour, je vais faire mes petites emplettes (pas seulement à la pharmacie), je participe (très modestement) au redressement productif de la France, ma petite tva quotidienne qui n'êtes pas aux cieux, mon petit loyer, mes factures énergétiques, mes clopes, mon alcool, mon shit (?)...

 

au final, je rapporte plus à l'Etat en étant pauvre et malade en relative bonne santé, que décédé, car mes frais de succession seront dérisoires, même pas la peine d'en parler,

 

bon an mal an, je rapporte chaque mois quelque chose comme 150 euros à rien foutre, toujours mieux que si je devais végéter dans un hôpital où la bouffe est infecte, le matelas plastifié et le personnel soignant débordé...

 

nous sommes des victimes providentielles ! 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

Portrait de frabro

Je ne m'étais pas posé réellement jusqu'à maintenant la question de savoir si je coutais plus à l 'Etat que ce que je lui rapporte. je ne suis d'ailleurs pas sûr d'avoir tous les éléments pour faire ce calcul !

Si j'additionne mes cotisations maladie (salariale + patronale)  et mes impôts sur le revenu, ça dépasse le coût de mes traitements. Si j'ajoute ce que je paie en tva sur mes dépenses courantes, l'Etat doit être largement gagnant. Tant mieux : ça veut dire que je gagne bien ma vie et que je paie pour ceux qui n'ont pas cette chance.

 Comme tout le monde, je râle sur ce que je paie et oublie ce que j'ai en retour : il semble que ce la soit une réaction normale...

Pour ce qui concerne ma succession (ben oui, ça arrivera forcémment un jour !) j'ai fais en sorte que mon compagnon ne soit pas inquiété pour ce que nous avons en commun. Il est peu probable qu'il y ait plus, l'Etat n'y gagnera rien. Finalement, il vaut mieux que je continue à travailler (jusqu'à 67 ans, dont trente avec le vih...du moins si je ne veux pas avoir une retraite amputée !) ça lui rapporte plus.

Bref, c'est une question d'équilibre : le mien, le vôtre, le nôtre, celui de la société dans laquelle nous vivons.

Portrait de Superpoussin

 

Moi aussi la société (ou l'"Etat" pour faire simple) me paie d'un côté mes cachets pour survivre et de l'autre me verse une pension inférieure en montant à ce qu'elle donne pour moi aux labos.

 

Si c'est ainsi c'est lié au fait qu'aujourd'hui notre société considère encore que la vie "n'a pas de prix". J'ai des ancètres qui n'ont pas connu ceci et qui avaient du vendre une bonne partie de leurs terres suite à des soucis de santé particulièrement onéreux.

 

Certes je préfèrerais que l'on inverse la somme versée aux labos pour moi avec celle de ma pension mais je trouve déjà bien que notre système me paie la facture des pilules.

 

 

Pour ce qui est des transports en commun parisiens à ma connaissance Paris n'envisage que de demander une contribution plutôt symbolique pour ceux-ci à l'image de ce qui se fait déjà depuis des lustres dans les autres départements franciliens (n'ayant pas la chance d'habiter Paris j'ai toujours du payer une somme raisonnable mais non nulle pour ma carte Améthyste)

 

 

Maintenant qu'en est-il du bilan global de Superpoussin pour l'économie et la société française?

 

Sur les presque 900€/mois de traitement payés pour moi je suppose que l'essentiel va partir dans les poches des laboratoires, ces derniers étant tous étrangers c'est donc l'essentiel de cette somme qui va contribuer au déficit commercial de la France.

 

 

Je touche environ 800€/mois de pension, que deviennent-ils?

 

Je ne paie ni impôt sur le revenu,  ni impôts locaux, ni redevance audiovisuelle, ni contributions sociales,...

Bref au niveau taxation seule la TVA me concerne.

 

Difficile d'évaluer avec grande précision mon taux moyen de TVA (4 taux existent allant de 2,10% (pour les médocs par exemple) à 19,60%).

Si je retiens un taux moyen de 10% cela ferait donc environ 80€/mois qui reviendrait à l'Etat via la TVA que je paie. 

 

L'impact de mes dépenses sur l'économie française?

 

Tout dépend du type de dépenses bien sur.

 

Pour ce qui est du gaz et de l'électricité nous n'avons pas trop le choix et une bonne partie correspondra de toute façon à un accroissement du déficit commercial français.

 

Question alimentation par contre je privilégie les produits bio (quand ils ne sont pas trop chers) et/ou produits pas trop loin. Sur ce poste l'essentiel de ce que je dépense est directement réinjecté dans l'économie nationale (en achetant de préférence bio on limite aussi l'importation d'intrants agricoles).

 

Question habillement je privilégie une marque fabriquant en France (pas même plus chère que celles faisant fabriquer en Asie) mais le tissu est certainement importé ce qui implique quand même un impact négatif sur la balance commerciale.

 

Pour les produits électro-ménager, high-tech... je fais ce que je peux et c'est rarement français : impact négatif sur la balance commerciale.

 

 

En gros j'ai un impact très négatif sur la balance commerciale française et un impact positif modéré sur l'économie du pays en donnant du travail aux métiers de la santé, aux vendeurs de trucs divers et aussi parfois (alimentaire, habillement,...) à des postes de production (primaires ou secondaires).

 

Certes je contribue à ma façon au PIB de mon pays mais pas toujours de façon très heureuse, un peu comme le gars qui casse des bagnoles (lui aussi augmente par cet acte le PIB du pays).

 

Pour ce qui est du budget de l'"Etat" (en y incluant en particuliers celui de la SS) mon impact direct est très nettement négatif, un véritable petit gouffre, à peine modéré par l'impact indirect positif (ceux qui en France auront reçu de mon argent le dépenseront en partie en France et pour certains paieront taxes et impôts également en France).

 

Si je devais chercher un impact positif, pour la société, de mon maintien en vie il se situerait plutôt dans le domaine scientifique : un survivant de plus sur lequel recueillir des données, des informations médicales.

 

Je préférais l'époque très lointaine où je payais des impôts...

Portrait de Gregoire

Pour moi qui perçoit 2 pensions, une française, une d'allemagne mais si peu que je n'atteind pas les 700€, mon apport matériel au richese du PIB est nul. Je vis de l'Etat solidaire. Je n'utilise pas le terme de "d'Etat providence" qui a une connotation à mes yeux négative comme l'assistanat.

Le seul moyen que j'ai pour donner un peu de moi à la société est le bénévolat. Pour l'instant, je suis à la recherche d'un poste mais ce sera en septembre au plus tôt.

Je suis très reconnaissant à ceux qui participent à mon confort existence car sans eux, je ne pourrais pas vivre. Sans culpabilisation non plus.

Portrait de Groum

S'investir en tant que bénévole au sein d'une structure associative permet de maintenir un lien social indispensable à son équilibre personnel , mais aussi de faire ce que l'on aime au travers de ce bénévolat . A toi maintenant de savoir vers quelle association tu souhaites offrir de ton temps libre et te sentir utile. 

Cordialement. Jérome. 

Portrait de Ferdy

Juste pour rebondir mollement sur ce sujet, quelques extraits tirés d'un article récent (Le Monde - Paulo A. Paranagua) :

"En août 2099, la présidente argentine Cristina Kirchner procédait à une "nationalisation" originale : celle des transmissions de football. (...) [jusqu'alors réservées aux chaînes câblées]

Le nouveau programme est baptisé "football pour tous", il passe sur une chaîne publique. Pour les Argentins, passionnés du ballon rond, c'est tout bénéfice. L'Etat comptait retrouver sa mise grâce à la publicité. Seulement voilà, à une exception près, le bas de l'écran et les spots sont monopolisés par la communication gouvernementale. Et le foot est réduit à servir d'appât au principal programme politique de la chaîne gouvernementale.

Le quotidien d'opposition La Nacion a relancé la polémique en publiant le coût de l'opération depuis trois ans : 4 milliards de pesos (720 millions d'euros).

Cette dépense de l'Etat est-elle justifiée, dans un pays où un tiers de la population vit dans la pauvreté, où la santé et l'éducation ne sont plus ce qu'ils étaient ? "

                                                             *** 

C'est ce genre de problématique qui peut nous interroger.

La gratuité sent bon la démagogie, avec son petit relent de populisme, mais qui finit (fatalement ? parfois ?) par se retourner contre ses bénéficiares les plus pauvres. Aussi, faut-il le souligner, les premiers à s'en féliciter, lorsque c'est un choix économique/politique pour le moins contestable.

                                                             *** 

En revanche, le sujet du bénévolat évoqué par Grégoire et Groum fait apparaître une direction tout à fait pertinente.

Il serait intéressant de poursuivre cette discussion, chaque commentaire ayant apporté une fructueuse contribution (toujours courtoise...),

à plus ? 

amitiés, F. 

Portrait de Ferdy

2099 étant encore assez loin... il fallait lire (et surtout écrire) : 2009.

je ne sais pas si je dois le révéler ici, dans ce blog, mais le terme de "coquille" s'est imposé dans les métiers du livre, lorsque les correcteurs, dans leur jargon de l'imprimerie avaient fini par se faire des ennemis en exprimant trop librement leur colère, et c'est ainsi qu'en ajoutant un q à couille, qu'ils tombèrent d'accord sur "coquille"... 

Portrait de Groum

Merci pour ton com' . Bises. Clin d'oeil
Portrait de nadouk

Bonsoir,

Idem que Groum : merci Ferdy pour ton message que j'entends bien.

"2099 étant encore assez loin... il fallait lire (et surtout écrire) : 2009."

Juste une faute de frappe sur le clavier chiffres : un 9 à la place d'un 0... et c'est la coquille ! (fille d'employé des NMPP -Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne-)Clin d'oeil  

Plus globalement, bravo pour tous tes écrits, 

bien à toi François

Portrait de Ferdy

L'analyse et le témoignage personnel de Superpoussin donnent un éclairage assez précis sur l'ambiguïté que je tentais de souligner en introduction à ce forum.

 

Les labos vs nos allocations, notre apport direct ou indirect aux finances de l'Etat, l'utilisation ou la destination de nos ressources, l'intérêt économique lié aux traitements qui soulagent nos hôpitaux et nos existences... je dois aussi avouer que le sujet me dépasse. 

 

Mais ce n'est pas une raison pour ne pas se faire sa propre opinion. J'ose dire encore que je suis heureux de vivre en France, même dans cette période de son histoire plutôt inquiète, comme dans toute la Communauté européenne.

 

Cette inquiétude est le privilège d'une puissance économique (la 5ème mondiale) qui voit son confort menacé par le chômage, la crise, la désindustrialisation, les délocalisations, l'inflation, la récession... et la tragédie grecque qui contamine l'europe n'est pas là pour nous rassurer.

En attendant (le pire), il est encore facile de se faire soigner et de percevoir une allocation en raison du/des handicaps associé(s).

 

A l'origine, j'avais réagi à une brève annonçant la fin de la gratuité dans les transports parisiens pour les handicapés et les personnes âgées. Une contribution symbolique (20 €/an, soit 1.66 €/mois) qui ne me paraît pas déplacée, même si j'aimerais aussi la voir assortie de certains aménagements afin que ceux-ci soient enfin accessibles à tous. C'est une question de volonté politique susceptible de générer des emplois et surtout d'améliorer la condition des voyageurs en général.

 

Maintenant, sans vouloir faire dériver ce forum (phénomène si tentant sur ce site comme ailleurs), la question du bénévolat s'inscrit dans la continuité de cette problématique.

 

En tant que simple volontaire sévissant sur Seronet depuis un an et demi environ, je profite de mes congés turbulents pour tenter d'apporter ici mon témoignage, qui va tout à fait dans le sens exprimé par Groum. 

 

A partir du moment où le minimum requis pour mes frais sont en quelque sorte couverts par une allocation, certes modeste mais encore substantielle, vivant seul et dans une paix relative, mon implication sur le site ne vise pas tant à restituer quoi que ce soit à l'Etat providence qu'à tenter de contribuer à un projet collectif.

 

Comme Groum l'a souligné, très justement, il y a dans cette implication un effet structurant. Ou selon l'adage communément admis, si je donne, c'est que reçois. Et ne cherchez pas une manifestation narcissique à mon plaisir... Ce que je veux dire par là, c'est que mon intervention régulière m'offre l'occasion de développer des intentions qui sommeillaient en moi. Parce que côté militant, je suis assez tiède, il faut bien le reconnaître.

 

Or la liberté totale qui m'est offerte se trouve infiniment plus gratifiante que la plupart des boulots que je faisais autrefois sans déplaisir et en contrepartie de salaires très confortables. Donc mon investissement personnel, assorti d'aucune compensation pécunière je peux l'assurer, se trouve ici doublement valorisé. 

 

Je reviendrai peut-être une autre fois sur l'idée que je me fais de la cause commune, de la chance aussi d'être passé depuis 24 ans sans trop d'encombres à travers cette contamination, de mon athéisme forcené, de mes convictions politiques, et tout le reste.

 

La seule chose qui compte à mes yeux, c'est de participer à ce projet qui se construit, qui évolue chaque jour et qui est censé rassembler des personnes venant de tous les horizons, non pas pour y fédérer quelque idée dominante que ce soit, mais dans une perspective d'échanges.

 

L'invention du travail (le pieu de la torture), le salaire (somme donnée aux soldats pour acheter leur sel), nous fait parfois oublier nos profondes aspirations au motif qu'il nous rétribue en conséquence.

 

Se trouver dégager de cette allégeance, de toute espèce de hiérarchie, pour enfin concevoir une activité régulière, en conformité avec son idéal (en l'occurrence pour moi dans la communication parfois décalée...) pourrait trouver son résumé dans la cohérence, le partage. 

 

Bref, tout ce que cette société tente d'occulter à ses fins mercantiles. 

 

Je ne dis pas non plus que je renoncerai à une rétribution si elle m'était offerte, un jour (clin d'oeil espiègle à Sophie-seronet !), mais en attendant c'est le gage de ma liberté et aussi, pourquoi pas d'un certain épanouissement.

 

Enfin, je ne tiens pas non plus à devenir, grâce à l'AAH, un fonctionnaire de la maladie qui consacrerait son temps libre à ses hobbies.

 

Mais dans ce sens du partage et de la gratuité, nous verrons peut-être progressivement surgir, grâce ou à cause de cette fameuse crise, une société moins vile, moins soumise, moins vénale, plus solidaire... 

 

bien à vous,

F. 

 

 

Portrait de romainparis

Le monstre (la finance mondialisée) est loin d'être mort.  Bien au contraire  il se porte à merveille et c'est logique puisqu'il n'a pas été abattu, notamment par ceux/celles qui prétendent nous en protéger aujourd'hui. Il va donc continuer à nous digérer. C'est un glouton, il ne s'arrêtera pas de lui-même, quitte à génocider l'ensemble des peuples pour nourrir le 0.01 % de ses bouches cupides. Mais, surprise, au-delà des vautours religieux de tout bords qui tenteront de profiter de la situation pour prêcher le rachat des âmes, à leurs conditions, je pense que pourra se développer une entraide solidaire de proximité, exempte de profit et de profiteurs. Bien que par obligation au départ, ce système montrera les vertus de la force des liens humains.

Le monde de demain sera noir et se levera sur un Soleil vert*, mais il y aura des îlots de résistance humaine. Aucune civilisation n'est pérenne, regardez l'Histoire des empires.

Un jour, le monstre agonisera, lui aussi.

Portrait de jean-rene

"Le monstre agonisera, lui aussi".
J'aimerais que tu aies raison, Romain, mais, d'après toi, qu'est-ce qui le tuera ?
Portrait de romainparis

Demain est fait de possibilités infinies...

Qu'est-ce qui pourrait le tuer ?

Sa cupidité sans limites peut l'amener à s'autodigérer.

Les peuples peut l'abattre (il a une arme : le boycott). Je ne crois pas aux "révolutions", pas dans notre système actuel de pénuries (la consommation se fait au détriment de la planète)

La guerre civile ou encore la naissance d'une nouvelle forme de terrorisme : le terrorisme humain ou le terrorisme écologique. 

Au vue de la géopolitique actuelle, je ne vois pas comment une, ou des, solutions pacifiques pourraient apparaître.