Un été 2011 (# 07)

Publié par Ferdy le 10.08.2011
1 121 lectures
Notez l'article : 
0
 
Un robot dans mon lit ? c'est déjà demain.
Robot_songeur.jpg

La série de catastrophes qui a frappé le Japon, en mars dernier, ne dérogera pas à la règle du rebond providentiel. Les Japonais ne sont pas du genre à se laisser abattre aussi facilement.

L'archipel, déjà leader mondial sur ce marché, nous promet une révolution extraordinaire, non pas dans la construction des centrales nucléaires où quelques progrès restent à faire, mais bien dans le champ de la robotique. Plus précisément, sur le segment de la robotique domestique où les applications sont appelées à un essor phénoménal.

Ainsi, a-t-on appris récemment (1) que les autorités avaient lancé un vaste programme d'accompagnement psychologique pour le moins inattendu.

Face à la détresse des survivants du tsunami, il a été décidé de confier à titre expérimental aux personnes endeuillées souffrant du trauma de l'isolement, un sympathique robot en peluche. Doté d'un système d'intelligence artificielle, celui-ci est capable de réagir au toucher (à la caresse) et à la parole. La programmation de ces créatures proposées en termes de soutien affectif n'en est encore qu'à ses débuts. Mais les résultats sont tangibles. Certains psychologues affirment constater une amélioration significative chez de nombreux patients qui perçoivent une véritable consolation à leur détresse, grâce à la relation établie avec le robot. D'autres, plus enthousiastes encore, y voient un soutien au moins égal ou supérieur à ce qu'il serait raisonnablement convenu d'espérer d'un soutien humain.

L'équipe dirigée par le Dr. Rajesh Rao (2), au Neural Systems Laboratory (Université de Washington) travaille depuis de nombreuses années déjà à la conception d'un système d'interface homme / machine, libéré des contraintes tactiles ou vocales qui permet, via l'interprétation et l'enregistrement des données provenant de l'encéphalogramme d'un patient handicapé, de lancer des commandes à un robot capable d'exécuter des tâches simples comme, par exemple, lire un mail, envoyer un twitt, consulter la presse, évoluer dans un espace donné, etc.

Prenant appui sur la construction neuronale du cerveau humain, lequel organise hiérarchiquement le niveau de difficulté requis pour toute forme d'apprentissage, dès lors que la tâche a été correctement exécutée, l'utilisateur demande au robot d'enregistrer le processus nécessaire à cette tâche afin qu'il puisse la reproduire à l'identique ultérieurement, sur simple demande. La fonction ainsi stockée dans le système d'intelligence artificielle du robot se trouve ainsi rétrogradée de niveau élevé à celui médian ou bas d'action acquise, libérant ainsi l'espace utile à l'apprentissage de nouvelles connaissances. Pour simplifier, c'est un peu ce qui se produit lorsqu'un enfant apprend à monter sur une bicyclette, tous les efforts déployés au début de l'apprentissage afin de se maintenir en équilibre s'estompent rapidement, sitôt que l'enfant a résolu et assimilé le phénomène de l'attraction universelle [Isaac Newton (1642-1727)].

Il s'agit là d'une révolution sans précédent dans le champ des algorithmes d'apprentissage, qui propulse la domotique humanoïde, jusque-là confinée à des applications restreintes, (peu susceptibles d'évolution, vouées à la répétition servile de tâches pré-programmées), vers un mimétisme progressif quasi infini.

Une machine capable de lire dans nos pensées ?

Tous les fantasmes, entrevus dans la littérature de SF depuis le début du XXème siècle, semblent désormais accessibles.

La relation homme/robot modifie profondément la caricature que l'on se fait encore en Occident du rapport au robot, perçu comme un succédané d'esclavagisme futuriste, dégagé de tout affect et de toute forme d'empathie fusionnelle.

Or, et ce que tend à démontrer l'expérience japonaise, la recherche appliquée ouvre la voie à une interaction affective, douée de sentiments complexes dont les bénéfices n'avaient jamais pu être évalués à une telle échelle.

Reste cependant à espérer que les robots de future génération n'hériteront pas aussi, dans l'euphorie de la découverte, de la plupart des tares dont souffre l'humanité depuis sa création.

(1) BBC News Anna Boyd (19/07/11)
(2) (id.) Lakchmi Sandhana

Commentaires

Portrait de Ferdy

Joindre l'utile à l'agréable :

Le robot Asimo ira nettoyer Fukushima

Du haut de son 1,30 mètre, Asimo sait transporter des plateaux et pousser un chariot. Selon le quotidien Asahi Shimbun, on l’enverra bientôt aussi en mission suicide dans la centrale nucléaire accidentée de Fukushima. Mais le dernier rejeton de la famille des robots androïdes du constructeur japonais Honda est bien plus résistant aux radiations que les «liquidateurs» humains qui s’activent pour sécuriser le site. Asimo sera capable de déblayer des déchets dans un environnement hautement radioactif sans trop en souffrir.

(Libération, Jérémy Armand, 13/08/11.)