Un été 2011 (# 08)

Publié par Ferdy le 17.08.2011
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Le complot, une théorie controversée
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Ce n'est sans doute pas le sujet le plus en vogue actuellement sur les plages, pourtant chacun a sa petite idée sur la question et n'est pas prêt d'en démordre : "On nous cache kékchôse !"

Bien que l'expression soit entrée dans le langage courant, la théorie du complot est si bien parvenue à conserver son secret de fabrication qu'aucune définition ne semble pouvoir faire l'unanimité. Chacun s'en saisit sans sourciller, comme si elle allait de soi et sans trop se préoccuper des fantasmes qu'elle englobe, ni des contrevérités qui s'y agrègent.

Il n'est pas nécessaire d'aller chercher bien loin. Ici même, sur Seronet, la propagande s'invite parfois dans les débats. Mais n'est-ce pas aussi la vocation d'un lieu d'échange et de partage que d'offrir aux intervenants l'occasion de confronter leurs opinions, aussi marginales ou équivoques soient-elles ? La dissidence (un terme qui nous renvoie aux opposants à l'idéologie dominante en URSS, au milieu du XXe s.) y a récemment trouvé un comptoir inespéré pour déposer ses prospectus. Internet étant un formidable outil supplémentaire mis à la disposition de tous les prédicateurs de salon. Le problème qui se pose consiste en la dangereuse porosité qui s'établit entre l'information et le prosélytisme de ces démarcheurs à domicile, habiles utilisateurs de copiés/collés ésotériques et doctrinaires. On ne saurait pour autant les évacuer d'un simple clic, en condamnant ses adeptes au prétexte d'un délire paranoïaque dont le sentiment de persécution se trouve  régulièrement entretenu par le buzz des rumeurs.

Les laboratoires pharmaceutiques, les médias en général et les associations en particulier, ne sont pas épargnés par cette bulle irrationnelle qui prospère au sein même d'une communauté bigarrée et inquiète.

À l'origine, tout repose sur l'idée qu'il se trame quelque chose de caché et d'invérifiable qui nuit à la manifestation de la vérité. Les conspirateurs auraient ainsi en leur pouvoir de manipuler l'opinion publique, afin d'en tirer soit une adhésion aveugle par un mensonge qui accrédite et perpétue leur domination, soit en vue d'en tirer un profit financier significatif duquel certains individus se sentent spoliés.

Pour s'en tenir à la suspicion qui concerne la déontologie des laboratoires pharmaceutiques, elle paraît tout à fait légitime à considérer pêle-mêle : l'indécence de leurs bénéfices ; le cynisme cupide dans leur exploitation du malheur ; l'opacité et la complexité de la recherche ; la législation inique, voire criminelle, portant sur les brevets ; la toute puissance et la morgue de leur actionnariat ; l'indifférence ressentie par les patients quant aux effets secondaires des ARV ; la standardisation du discours scientifique international ; l'incertitude enfin qui plane sur le devenir des patients à moyen et long terme, etc., tous les ingrédients se trouvent ainsi réunis pour que le porteur d'un virus redoutable, promu au sort peu enviable de cobaye très rentable, exprime en retour son hostilité exacerbée, propice à toute forme de divagations spéculatives autour du complot mondialisé.

Cependant, l'exposition virale ne saurait être assimilée à une croyance en un dogme ou à une quelconque idéologie politique. En réfuter l'évidence revient à en nier la réalité ("Le ciel est une vérité : en douter serait évidemment une folie, puisqu'il suffit d'ouvrir les yeux pour le voir" J.-A. Grégoire, 1842)

Mais alors, par quelle étrange et mystérieuse autorité certains négationnistes et autres révisionnistes de tous poils, parviennent-ils à persuader des individus, par ailleurs "normaux", à souscrire aux rouages d'une machination aussi délirante que morbide ?

De nombreux historiens et sociologues ont, non sans mal, mis en évidence les périodes les plus favorables à l'essor des thèses conspirationnistes. Sans surprise, au moins depuis Machiavel (1469-1527), elles se développent opportunément à chaque période d'instabilité politique (défiance à l'égard des institutions, mutation ou effondrement des modèles économiques antérieurs, crises sociales, épidémies, etc.) Autant dire qu'en ce début du XXIe siècle, le village mondialisé est servi ! Il ne nous manque plus que l'invasion simultanée des grenouilles et des sauterelles, la mort des troupeaux ou les ravages de la grêle...

La subtile composition de la théorie du complot relève aussi d'une très savante alchimie. Dans un même discours universellement admis, se dissimule – à l'instar du fameux cheval de Troie – un élément erroné lequel, conforté par le caractère indéniable ou logique de la démonstration, aboutit à une conclusion fallacieuse. C'est ainsi que, par exemple, la juxtaposition d'informations récentes, bien que n'ayant aucun rapport direct ni indirect entre elles, suffit à élaborer un argumentaire certes aberrant (un sophisme), mais qui pourra être perçu comme étant cohérent et de bonne foi par des individus sains d'esprit mais seulement distraits. L'amalgame, s'il fait recette, sera d'autant plus efficace que ses détracteurs se trouveront dans l'obligation de démontrer toute la supercherie qui a tenu lieu de raisonnement. Or, la propagande, elle, se substitue à toute forme de réflexion en imposant des slogans prêts à l'emploi qui savent flatter la crédulité des plus faibles.

La sphère politique – populiste – distille paisiblement ce poison redoutable en toute impunité, sans jamais avoir à se fendre d'un rectificatif, même et surtout lorsque les preuves de la manipulation sont tangibles. Pour ne citer que cet influent ministre de la République, M. Claude Guéant, doué pour le jeu de bonneteau, ne se prive pas de bricoler les statistiques à sa convenance (récemment, le taux intentionnellement traficoté de l'échec scolaire parmi les enfants issus de l'immigration, a durablement plongé les responsables de l'INSEE dans un embarras à peine voilé).

Selon les époques, le génie du complot s'en est pris successivement aux révolutionnaires (une conspiration antichrétienne, selon l'abbé Augustin Barruel, 1798), aux francs-maçons, aux juifs, aux arabes, aux médias, aux élites, aux pédés, aux étrangers, à l'Islam... (liste non-exhaustive), sans que les philosophes, les sociologues, les historiens, ni les psychiatres de toute obédience ne soient encore parvenus à s'entendre collectivement sur ce qui en fait sa force de persuasion quasi imparable.

Il se trouvera toujours un bouc émissaire, une victime expiatoire, pour incarner l'origine d'un fléau qui menace la cohérence d'une société si prompte à la barbarie.

Commentaires

Portrait de jir

apres lecture des ses differents sujets de l'ete 2011, en ayant discuté avec un ami dissident, mais n'ayant pas developpé de sida, je comprend qu'il refuse la medication lourde des arv. il entend egalement tres bien mes arguments sur mes arv, qui sans eux, ne me permettrait pas de vous ecrire. donc dilemme, se laissera t il mourrir lors de la venue de l'etat de sida, ou acceptera til les arv? En ce moment il consulte un specialiste sur Canne qui soit disant le soignerait avec l'aromatherapie, dont le cout est equivalent a un traitement par arv, mais non pris en chage par la secu.Ayant vu les resultats de cette medecine sur un ami vhc, dont le virus est tjs la malgre des potions a 80e le flacon pendant un an, je reste septique. Apres avoir visionné le fameux film ou mr montagné semble promouvoir ce genre d'idées, j'ai ensuite vu les reportages complet de chaque intervenant. Il me semble que les phrases sont sorties de leur contexte. pour ma part je ccontinue ma 9eme ann"e d'arv et m'en porte pas plus mal. jean-rené
Portrait de drive

Le conplot, pas dans le vent ? Mais y'a que ça : conplot contre DSK, contre les banques françaises, ...

Et la "dissidence" sur Séronet : MDR ! A chaque article sur le sujet, je me bidone, avec ces textes scientifico-philosofico-provocateur