Addictions en tout genre : j'en suis où ?

11 Juillet 2017
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Nourriture, alcool, cigarette, drogues illicites, télé, réseaux sociaux, jeux : les addictions semblent être partout et on ne manque pas de nous le rappeler ! Ces besoins irrépressibles, qu'on gère plus ou moins bien, nous coûtent parfois en terme de santé. Sans parler du poids de la loi ou de la morale, qui en sanctionne certains bien plus que d'autres. Qu'elle soit cause ou conséquence du VIH et/ou d'une hépatite, échappatoire, réaction à un parcours personnel ou issue de la curiosité, chacun vit l'addiction à sa façon. Elle accompagne, parfois dirige et il ne suffit pas toujours de dire "stop" pour arrêter. Faire le point sur ses consommations, problématiques ou non, c'est déjà faire un grand pas. Admettre son addiction en est un autre, qui demande souvent de l'accompagnement. Quand prend-on conscience qu’une habitude devient addictive ? Comment gérer une ou plusieurs addictions quand on vit avec le VIH et/ou une hépatite ? Les addictions seront au coeur de nos préoccupations, mardi 11 juillet pendant le chat thématique, de 21h à 22h, animé par Diane-Seronet.


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Portrait de Diane-seronet

Mardi 11 juillet, plusieurs séronautes étaient rassemblés pour discuter des addictions en tous genres.

 

Ça veut dire quoi être addict ? pour un des séronautes on peut parler d’addiction « quand c’est une gêne dans ta vie, quelque chose d’incontrôlable qui nuit à ta vie ou ton rythme de vie ». Et contrairement aux idées reçues, ça ne veut pas (forcément) dire qu’on consomme tous les jours comme le dit un des participants au chat « il y a les addicts du week-end qui font des marathons ». Pour la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), les addictions sont des « pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences délétères ».

 

À quelle(s) substances et./ou comportement(s) peut-on être addict

Au premier abord les séronautes pensent à la lecture, à l’ordinateur, au chocolat, au sexe, au sucre…  Deux d’entre eux suggèrent même la trithérapie mais un participant n’est pas d’accord « si tu avais le choix demain (guérison du VIH), tu ne prendrais plus de tri, ça ne te manquerait pas… Donc c’est pas une addiction, c’est une nécessité dont tu pourrais bien te passer ». Puis on passe aux choses sérieuses : cocaïne, alcool, tabac, cannabis, héroïne, acides…

 

Un des participants raconte «  je suis passé par quelques addictions pas cool, dont je me suis débarrassé, reste le tabac que je ne gère pas encore. Pour le reste, ça a pris quelques années avant de chasser toute envie. C’est un combat permanent et j’ai été aidé au quotidien par ma femme, sinon je ne suis pas certain que j’aurais tout le temps pu résister à mes pulsions. Etrangement c’est l’alcool qui a été le plus difficile, plus que l’héro ou la fumette. C’est insidieux, il y en a partout, tu te dis que c’est la convivialité, al norme… Et puis en quelques années tu peux plonger dans le fossé, sans t’en apercevoir. Le plus difficile, c’est quand ma femme a bu et qu’on n’est que tous les deux… Mais elle a si souvent vécu l’inverse que je me dois d’être patient ! »

 

Un autre témoigne « Personnellement, quand je sors dans le milieu gay il faut que je sois bourré sinon je ne me sens pas bien, et pourtant j’ai un foie qui ne permet pas ce genre d’écart. Ce n’est même pas une question de désinhibition, ça fait tomber la peur, l’angoisse et le sentiment d’être jugé sur l’apparence comme une proie. L’alcool me protège du regard des autres/ Mais c’est pas une addiction, en dehors des sorties je ne bois pas…En fait maintenant que je viens de décrire mon rapport à l’alcool je me rends compte que les addictions ou les consommations abusives c’est de l’angoisse. Dans mon cas ça gère l’angoisse mais pas du VIH, une angoisse plus profonde ? Je vois une psy pour ça, ça avance. L’alcool c’est redoutable parce qu’il y a un degré convivial et le degré où ça t’isole et la frontière est vite franchie ».

 

Qu’est-ce que le « craving » ? C’est par exemple ce qu’évoque ce séronaute« J’ai été un très gros fumeur, 2 à 3 paquets par jour mais un jour j’ai dit stop patch + cigarette électronique mais l’envie est toujours là par moments, ça dure pas longtemps mais c’est intense ». Aussi appelé manque ou envie, le « craving » c’est l'envie irrépressible de consommer la substance comme l’explique très bien ce site, destiné à accompagner les personnes qui arrêtent de fumer et qui donne quelques astuces pour le combattre.

 

Dans la discussion, un des séronautes demande « Est-ce que l’état moral dans lequel on est quand on consomme conditionne les effet que l’on ressent ? », « Pour sur » lui répond brièvement un autre. Et en effet, c’est ce que décrit le triangle d’Olievenstein (du nom d’un des pontes de l’addictologie en France qui l’a formalisé). Les effets d’une consommation dépendent de 3 facteurs

 

1/ Le produit : quelle substance est consommée ? En quelle quantité ? Et quelle qualité (degré de concentration du principe actif, nature et quantité des éventuels produits de coupe..) ?

 

2/ l’individu-e qui consomme : poids, âge et sexe mais surtout état de santé général (physique et psychologique)

 

3/ le contexte : avec qui on consomme, à quel endroit, pour quelle(s) raisons(s), qu’est-ce qu’on recherche comme effet, est-ce que nos ami-e-s consomment aussi ?

Conclusion : ce n’est pas la substance seule qui fait l’addiction, d’autant que les produits licites ne sont pas nécessairement plus dangereux « en soi » que ceux que la loi interdit. Cela dépend aussi beaucoup de qui consomme, comment, pourquoi et dans quel cadre.