Banalisation du VIH, oui mais non !

25 Octobre 2016
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Poser la question de la banalisation du VIH, c’est un peu faire du billard à trois bandes… On pense à une idée qui semble simple (on parle de moins en moins du VIH) et l’on plonge dans les paradoxes et les questions multiples. Où se situe la balance entre la visibilité d’une maladie — qui peut être décisive pour la lutte, prévenir, mobiliser des financements — et l’aspiration des personnes concernées à vivre normalement sans être montrées du doigt ? La banalisation conduit-elle à oublier les personnes disparues des suites du VIH, les personnes malades ? La banalisation est-elle l’indifférence ou un chemin vers l'invisibilité ? Réfléchir à cela, c’est aussi se demander si on n’assiste pas aujourd’hui à une perte de la spécificité du VIH, dans le sens où le VIH a été (et l’est sans doute encore) considéré comme un phénomène exceptionnel par son ampleur, sa dureté, ses victimes, les révolutions, notamment médicales, qui l’ont accompagné. Et vous, considérez-vous qu’il y a une banalisation du VIH, avec quels effets, quelles conséquences ? Le VIH, considéré comme maladie chronique, est-ce un écueil ou une suite logique qui accompagne la recherche et les avancées thérapeutiques ? Banalisation, oui ou non, c'est mardi 25 octobre sur le chat thématique à partir de 21 heures en compagnie d'Ernesto.

Commentaires

Portrait de ernesto-seronet

Quatorze personnes ont prêté l'ouie à cette discussion sur la banalisation du VIH. Toutes et tous la constatent avec les mêmes implications. Le changement radical amorcé avec l'arrivée des trithérapies il y a 20 ans, et l'évolution des traitements depuis, ont bouleversé l'approche au point que la question pourrait se poser en termes de générations : celles et ceux qui ont connu l'absence de traitement et le décès des proches, et les nouvelles générations pour lesquelles le VIH ne s'affiche plus sur le visage ou le corps et se perçoit comme une maladie chronique parmi d'autres. On parle moins aujourd'hui du VIH, et le manque de communication, d'informations en minore ou ignore les incidences possibles pour les personnes porteuses du virus, reléguant ainsi un risque potentiel de contamination loin des préoccupations premières de beaucoup. Lié à cette perception, certains observent alors autour d'eux une fréquence plus élévée des rapports non protégés, en particulier chez les gays, l'absence nouvelle de peur liée au VIH étant supposée induire une prise de risque plus importante, et une moindre volonté de prendre soin de soi pour protéger les autres. Si ces progrès ont amélioré et simplifié la prise en charge, certain-e-s craignent que la banalisation, comme la tendance semble se dessiner, fasse de plus en plus reposer le suivi sur le médecin généraliste (qui il y a peu  encore refusait de suivre des patients séropositifs), jugé souvent peu au fait, en dehors de formation complémentaires, du VIH, de ces spécificités, en cas de souhait de procréation par exemple ou de volonté d'allègement thérapeutique ou d'accès à des traitements innovations. Et en dehors de ce cadre, la capacité à parler du VIH, par exemple à son entourage, montre que le chemin  vers la banalisation se heurte encore à la méconnaissance du virus, aux préjugés, à la peur et la discrimination, voire au refus de soin de certains professionnels de santé. En témoigne le désarroi qui peut s'exprimer par des personnes nouvellement contaminées, le sentiment de solitude ou d'isolement d'autres, ou, malgré leur amélioration, la lourdeur ressentie des multithérapies. Enfin pour certains, la banalisation ne viendra qu'avec la découverte qui permettra d'éradiquer définitivement le virus.

Vous êtes invité-e-s comme d'habitude à poster sur ce thème vos commentaires et réactions à la suite de celui-ci , et à exprimer ici vos suggestions de thèmes que vous souhaiterez aborder dans les mois à venir, ou d'évolution du "format" de ces chats thématiques.

Portrait de KRIS.TOULON

Merci Ernesto , très bon résumé . A bientôt.