Contrôleur du VIH : des résultats encourageants

17 Juillet 2018
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Le VIH, non traité, attaque, abîme et détruit progressivement le système immunitaire et laisse la porte ouverte à d’autres infections. Dans de très rares cas, ce processus n’a pas lieu. Ces personnes séropositives, autour de 2 pour 1 000, sont appelées "contrôleur". Vivant avec le VIH, elles contrôlent spontanément la multiplication du virus, même en l’absence de thérapie antirétrovirale, et ne développent pas de sida. Elles réussissent à limiter fortement la réplication du VIH par une réponse immunitaire très efficace. Des chercheurs-euses de l’Institut Pasteur et de l’Inserm, en collaboration avec des universitaires australiens, ont découvert que les cellules immunitaires CD4 de ces personnes "contrôleur" avaient la capacité de reconnaître des quantités minimes de virus et donc de les éliminer plus vite. Ces découvertes, publiées dans la revue Science Immunology, "apportent des arguments nouveaux dans le développement de thérapie cellulaire de lutte contre le VIH", affirme l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites française (ANRS). Cette détection particulièrement sensible dépend de récepteurs T (TCR) très spécifiques, situés à la surface de ces CD4. Les chercheurs ont déterminé la structure des TCR des personnes "contrôleur" afin de comprendre la façon dont leur organisme détecte et détruit les cellules infectées par le VIH chez des personnes pourtant génétiquement différentes. Et les scientifiques ont découvert qu’en présence de ce récepteur T particulier aux personnes "contrôleur", les cellules CD4, qui d’ordinaire soutiennent d’autres types de cellules immunitaires, mais ne tuent pas, peuvent le faire. Mieux, en injectant ce récepteur chez des personnes qui ne sont pas "contrôleur", les cellules CD4 peuvent devenir tueuses, même si elles ne l’étaient pas jusque-là. Ces propriétés destructives apportées par ce récepteur TCR donnent beaucoup d’espoir à de futures recherches en immunothérapie et la piste d’un moyen de contrôle du VIH par la thérapie génique, sans traitement médicamenteux, s’éclaircit un peu. "L’objectif serait de transférer à ces patients des cellules T modifiées génétiquement au niveau de leurs récepteurs TCR afin d’aider leur organisme à recréer des réponses anti-VIH efficaces et ainsi interrompre éventuellement un traitement antirétroviral à vie", conclut Lisa Chakrabarti, principale auteure de l’étude.