Enipse : le dépistage du VIH… fait salon !

14 Janvier 2016
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Le 1er décembre 2015, le laboratoire Janssen et deux associations, Aius (Association interdisciplinaire post-universitaire de sexologie) et l’Enipse (Equipe nationale d’intervention en prévention et santé pour les entreprises), ont organisé une rencontre sur le thème "VIH et pratiques à risque, et si tout le monde était concerné ?" A cette occasion, ils ont présenté les résultats d’une campagne de dépistage du VIH sur plusieurs salons de l’érotisme. Pour les initiateurs, il s’agissait de répondre "de manière innovante à la nécessité de développer le dépistage et l’information en direction des populations difficiles à toucher, mais constituant la plus grande partie de la population ignorant sa séropositivité".
Parmi les 150 000 personnes qui seraient infectées par le VIH en France, environ 30 000 ne seraient pas diagnostiquées (1). Cette population de personnes ignorant sa séro­positivité se répartirait entre un tiers d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (9 200), un tiers d’hétérosexuels n’étant pas nés en France (9 300) et un tiers d’hétérosexuels nés en France (10 000). Comme l’expliquent Janssen, Aius et l’Enipse dans un communiqué : "La situation française est paradoxale : c’est un des pays où sont réalisés le plus de tests : cinq millions par an en moyenne. Pourtant, il reste un nombre important de personnes qui ignorent leur séropositivité et les per­sonnes sont souvent diagnostiquées à un stade tardif de l’infection. Ignorer sa séropositivité n’est pas seulement préjudiciable pour soi-même, en retardant un traitement d’autant plus efficace qu’il est pris tôt dans l’évolution de la maladie, il l’est aussi pour ses partenaires sexuels. Or les populations gays et hétérosexuelles sont bien moins cloisonnées qu’autrefois et les pratiques sexuelles se sont diversifiées, mais beaucoup de personnes n’utilisent plus le préservatif : confiance, naïveté, déni sont des attitudes désormais répandues qui exposent (…) au VIH", expliquent-ils. L’Enipse, soutenue par Janssen, a installé en 2014 des stands d’information et de dépistage par Trod (tests de dépistage rapide d’orientation diagnostique) dans quatre salons régionaux de l’érotisme, fréquentés par une population très diversifiée. Cette action de dépistage a été complétée par celle de l’association l’Aius qui a mené une enquête auprès des personnes fréquentant les stands. Les premiers résultats au salon du Bourget et à Rouen montrent que l’initiative a été bien accueillie par les participants puisque 520 personnes ont accepté de répondre aux questions (408 pour le salon du Bourget et 112 pour le salon de Rouen). 64 % des répondants au Bourget et 78 % à Rouen n’avaient pas utilisé de préservatif, au moins une fois, avec un-e par­tenaire occasionnel-le et plus d’un tiers (37 % au Bourget, 35 % à Rouen) n’avait jamais réalisé de test de dépistage. Trois séropositivités pour le VIH ont été découvertes dans ce cadre. "Deux ignoraient leur séropositivité. De plus, si le test ne leur avait pas été proposé, ils n’auraient jamais eu l’idée de se faire dépister", indique le docteur Mireille Bonierbale, présidente de l’Aius, citée dans le communiqué. "Le public touché est très varié. Les gens n’effectuent pas toujours des tests de dépistage, mais ils sont très intéressés et posent beaucoup de questions, notamment sur les traitements précoces après prise de risque. De plus, les salons favorisent les rencontres avec des associations médico-sociales locales. J’espère que nous pourrons développer des actions régionales en partenariat avec elles" déclare Antonio Alexandre, directeur de l’Enipse, dans le dossier de presse de la rencontre.

(1) : Virginie Supervie et al. The undiagnosed HIV epidemic in France and its implications for HIV screening strategies. Aids. 2014. July 31 ; 28 (12) : 1797-1804.