Grindr pourrait changer de proprio

25 Mai 2019
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Le propriétaire chinois de Grindr, l'application de rencontres pour les LGBTQI+, a indiqué (13 mai) son intention de revendre l'application de rencontres, après des pressions des États-Unis qui invoquent des raisons de sécurité nationale, indique l’AFP. Dans un communiqué transmis à la Bourse de Shenzhen, le spécialiste des jeux en ligne Kunlun Tech a fait savoir qu'il avait signé un accord avec les autorités américaines concernant la vente de l'application d'ici juin 2020. Kunlun Tech avait payé 93 millions de dollars en 2016 pour prendre 60 % de Grindr, largement utilisé par la communauté gay à travers le monde. L'entreprise était montée à 100 % du capital en 2018 et prévoyait d'introduire l'application à la bourse de Shenzhen en 2020. Or, selon des informations du Wall Street Journal publiées en mars dernier, l’administration américaine ordonnait à Kunlun Tech de céder Grindr, en raison de craintes de sécurité. L’application comporte des données sensibles sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre et la santé (puisqu’on peut, si on le souhaite, indiquer sa séropositivité). Comme l’explique l’AFP, le Comité pour l'investissement étranger (Cfius, un organisme américain) craignait que des utilisateurs américains utilisant l'application ne soient victimes de chantage si le gouvernement chinois exigeait des données à l’entreprise Kunlun Tech. L'organe chargé d'examiner les conséquences sécuritaires des acquisitions de groupes étrangers aux États-Unis s'inquiétait d'une loi chinoise de 2017 qui impose aux entreprises du pays de coopérer avec les services de renseignements. Et on sait que les autorités chinoises se sont peu regardantes sur la protection des données personnelles. L’article du Wall Street Journal, avance d’ailleurs que la société détentrice de Grindr « n'aurait pas d'autre choix que de partager des renseignements sur les utilisateurs de Grindr si le gouvernement chinois l'exigeait, pensent les responsables américains ». Le journal américain évoque même l'idée d'un « chantage » par la Chine, qui menacerait des utilisateurs de révéler leur homosexualité et demanderait des informations sensibles. Il imagine aussi « des scénarios plus élaborés » où des utilisateurs seraient repérés, grâce à leur géolocalisation, comme travaillant pour telle ou telle agence ou administration. Le Wall Street Journal a précisé que Grindr, la société détentrice Beijing Kunlun Tech, le Trésor américain et l'ambassade de Chine à Washington avaient refusé tout commentaire. Grindr, fondé en 2009, revendique des « millions d'utilisateurs quotidiens » gays, lesbiens, bisexuels, transexuels et queer (LGBTQ).